A cause de la pandémie, Bandai Namco a été contraint de repousser les festivités des 25 ans de la série en les étalant sur 2 ans. Cela fait de Tales of Arise l'épisode du quart de siècle, disponible dans la 26ème année d'existence de la saga Tales of dans le monde impitoyable du jeu-vidéo. Un opus sur lequel l'éditeur japonais semble beaucoup compter : Arise est un épisode-pivot, mû par la volonté du renouveau et que l'on a évidemment accueilli sur notre PS5 avec grand plaisir. C'est l'heure du verdict, il est temps de savoir si toA parvient à hisser la série Tales of vers de nouveaux sommets.
- Genre : A-RPG
- Date de sortie : 10/09/2021
- Plateforme : PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series, PC
- Développeur : Bandai Namco
- Éditeur : Bandai Namco
- Prix : 69,99€
- Testé sur : PS5
Le meilleur des deux mondes
Scénario et narration
Dans le monde de Dahna, 5 seigneurs de la planète d'en face réduisent les autochtones à l'état d'esclave depuis des générations. En jeu, le titre de souverain, pour celui qui récoltera le plus d'énergie astrale en tuant les locaux à la tâche. Dans tout ce fatras, vous êtes Alphen, un jeune Dahnien amnésique (JRPG n'oubliez pas), affublé d'un étrange masque de fer, et qui va très vite avoir des envies de révolte. Sa rencontre avec Shionne, habitante de Rena, va précipiter les choses et conduire le duo à renverser l'ordre établi en prenant pour cible les 5 seigneurs, tout en se faisant quelques potes au passage. Un synopsis finalement peu habituel, pour une construction scénaristique qui, elle, n'a pas bougée d'un iota. L'histoire est portée par un groupe de 6 personnages (3 hommes et 3 femmes) somme toute correcte, même si l'armure sur pattes Kisara est un peu en retrait niveau background et personnalité. Par contre, impossible de ne pas mentionner Dolahim, qui crève l'écran à chacune de ses interventions quitte à chiper la vedette au duo de tête dans certaines situations.
Pour étayer les relations entre les personnages, on retrouve bien évidemment les saynètes, élément commun à tous les épisodes de la série et qui ont eu le droit à un petit lifting pour ce fameux "renouveau"' : exit les artworks animés, ce sont désormais les modèles 3D qui sont utilisés pendant les skits. Si c'est un peu déstabilisant au départ on s'y fait très vite : elles dynamisent efficacement de simples séquences de dialogue et c'est bien là tout ce qu'on leur demande. A cela vont s'ajouter les discussions au coin du feu, en prenant les membres du groupe en tête à tête chaque fois que vous pioncez à la belle-étoile. Enfin, côté rythme, Tales of Arise a chassé ses vieux démons et ne s'éternise plus dans chaque village pour dérouler son scénario au ralenti, tout file à bon train.... jusqu'à la seconde partie du jeu. Passé un certain point de l'aventure, le jeu lâche complètement prise et repart dans les pires travers de la saga entre couloirs narratifs interminables, donjons copiés-collés et color swap abusif. Tout cet arc final baisse drastiquement l'intérêt d'un titre qui était pourtant d'excellente qualité jusqu'alors, une véritable déception qui laisse un goût amer en bouche une fois les crédits sous les yeux après une bonne soixantaine d'heures de jeu.
Batailles et fontaines
Exploration et progression
Cela fait déjà plusieurs épisodes que la série a décidé de laisser les overworld de côté pour une progression bien plus linéaire dans des zones couloir façon FFXIII. Une direction qui épouse assez bien le récit du jeu et cette quête de révolte des Dahniens. Toutefois malgré la présence d'un saut, tout reste bien trop balisé, et pour chaque nouvelle portion de la planète découverte, vous vous heurterez à moult murs invisibles. En fait le saut n'est réservé qu'à quelques situations très rares, pour récupérer certains coffres ou pour vous créer un raccourci depuis un point en hauteur. L'exploration est donc réduite à sa plus simple expression, avec des terrains de jeu cloisonnés, mais aussi bourrés de secrets et de ressources. En effet, Tales of Arise a beau avoir plusieurs problèmes de navigation dans l'environnement, la chasse aux trésors reste tout de même très appréciable, et vous n'allez de toute façon pas pouvoir y couper. Parce qu'il n'y a pas de vendeur d'armes à proprement parlé dans le jeu, vous devrez forcément mettre les mains dans le cambouis et partir en quête des matériaux nécessaires à la confection des différents instruments de mort pour votre petite troupe. Pareil pour les puissants accessoires qui vont vite devenir indispensables, a fortiori si vous jouez en difficile, avec de gros effets bonus et même de la fusion de compétence lorsque vous serez proche de la fin de l'aventure.
Là-dessus, Arise joue les gentils en faisant réapparaitre tous les points de récolte à chaque feu de camp utilisé ou à chaque changement de zone, permettant un farm très rapide. Hormis votre recherche de composants. La cuisine et ses bienfaits ont été revus et on quitte les plats cuisinés sur le pouce en fin de combat, pour des repas communs autour du feu, au moment des pauses. Au programme : des bonus temporaires plus ou moins importants en fonction de qui se colle au fourneau, du très basique finalement. Pareil pour le ranch et la pêche, loin d'être des activités passionnantes, mais un autre passage obligé si vous comptez débloquer tous les titres qui sont au cœur de la progression de vos personnages. Concrètement, toutes les actions marquantes vont agir comme des succès qui vont se matérialiser en petits arbres de compétences, à remplir avec les PC que vous gagnerez au combat. Il s'agit d'un excellent système, qui pousse là encore à tout fouiller de fond en comble afin de déclencher saynètes et autres événements mineurs capables de vous déverrouiller de nouveaux axes de progression. Attention : avec ses DLC cosmétiques, Bandai Namco inclut des titres uniques contenant des artes inédits pour votre groupe, et des bons en plus.
Système de combat
Allez on y vient enfin, à ces fameuses bastons, mais avant un petit rappel si c'est la première fois que vous vous intéressez à la série Tales of : vous prenez un JRPG lambda dans lequel un contact avec un ennemi va vous téléporter dans une arène de combat, sauf qu'au lieu de choisir vos actions au tour par tour, vous allez pouvoir enchainer les combos à plusieurs dizaines de coups dans un système résolument tourné vers l'action. Cette manière d'aborder l'A-RPG est la spécialité de la team Tales of et ils nous le prouvent une fois de plus avec Arise. En plus des combos basiques de 4 coups (au début), le joueur pourra balancer des compétences nommées artes qui viennent s'intégrer parfaitement dans un combo. Toutefois, utiliser des artes puisent dans la jauge d'action.Il est donc impossible d'enchainer un ennemi en solo et, pour viser les scores les plus hauts, il faudra se synchroniser avec les actions de l'IA alliée afin qu'elle continue d'agresser la cible pendant que votre JA se restaure. Plus votre combo sur un ennemi est grand, plus vous augmenterez la jauge permettant de déclencher un assaut fatal en duo. Il faudra parfois s'acharner, voire exploiter des points faibles pour faire grimper convenablement cette métrique, s'adapter aux types de monstres rencontrés va donc devenir crucial pour farmer le plus efficacement possible.
En jouant correctement avec le talon d'Achille de vos opposants, vous les ferez aussi entrer dans l'état de rupture, signifiant dans la grande majorité des cas que vous pourrez les envoyer en l'air avec un arte launcher (indiqué par une flèche pointant vers le haut dans l'interface) et continuer vos combos en juggle. La jauge bonus ou JB est également un paramètre à prendre en compte si vous souhaitez éliminer une menace le plus rapidement possible : grâce à la croix multidirectionnelle, vous pouvez faire appel à n'importe quel autre membre du groupe pour une attaque sous cooldown, qui peut se révéler salvateur dans certaines situations. Par exemple, les poings de Law peuvent briser les barrières, alors que le fusil de Shionne est parfait pour les cibles aériennes. En plaçant bien les assauts de la JB vous ferez chuter vos ennemis, les assommant pendant quelques secondes. Et s'il est possible de prendre le contrôle de n'importe quel protagoniste très simplement, vous risquez fortement de rester collé à Alphen, puisqu'il dispose tout de même du gameplay le plus profond grâce à sa lame ardente. A la fin de certains artes, le héros peut dégainer son épée de feu et puiser dans ses HP pour sortir un coup supplémentaire surpuissant. Un aspect risque/récompense très réussi, qu'il va falloir tempérer en gardant un œil aux PS. Oui, encore un acronyme, cette fois pour évoquer les points de soin, qui viennent palier à l'absence totale de points de magie. Il s'agit de la ressource la plus importante pour votre survie en donjon et il va falloir bien jouer pour que les soigneurs ne puisent pas trop dedans. Il y a des objets pour la restaurer et des objectifs spéciaux pour l'agrandir, toutefois dans les couloirs de fin, sa gestion va se révéler être très compliquée, quitte à ce que vous fuyiez afin d'économiser.
Voilà, on devrait avoir fait le tour de ce qui se passe en combat, ça fait beaucoup, mais ça donne un gameplay d'une richesse très satisfaisante, on enchaine les rencontres par dizaines sans aucune lassitude et même les quêtes annexes lambdas à base d'élimination de monstres ne sont plus complétées en trainant des pieds grâce à lui. Tales of oblige, ceux qui auront maitrisé le système de combat pourront tenter leur chance contre certaines bestioles élites qui trainent dans les zones, qui une fois vaincues, feront grimper vos points de soin de 10 points. Il s'agit donc de cibles à ne pas négliger. On va tout de même émettre quelques réserves sur le bestiaire maigrelet, décliné en différentes couleurs jusqu'à la nausée, et sur la construction de certains boss, qui ont leurs points faibles qui posent leurs points faibles hors zone de combat, les rendant inatteignables, mais là c'est vraiment pour chipoter. Vraiment, le jeu vaut le coup rien que pour ce système très complet, soutenant out le plaisir de jeu à bout de bras, un vrai don du ciel.
Comedia dell'Arte
Technique et direction artistique
Testé sur PS5, Tales of Arise n'a pas forcément la prétention de vouloir mettre à genoux la dernière console de Sony. Titre crossgen, le jeu n'exploite pas franchement les fonctionnalités de la nouvelle génération : on aurait par exemple apprécié des chargements bien plus rapides, a fortiori avec la fragmentation du monde en zones, mais non rien à faire, c'est toujours un peu longuet à chaque téléportation ou chaque porte passée. Heureusement, Arise assure l'essentiel en proposant des transitions en combat très rapides, avec du 60 images par seconde très propre sur lui en mode performances. Allez, on a du subir un ou deux ralentissements lors de combats particulièrement acharnés, mais c'était tellement situationnel qu'il est impossible de lui en tenir rigueur. Pour l'aspect graphique, cet espèce d'effet pastel, couplé aux filtres utilisés, pouvait laisser craindre un gros bazar artistique, mais il n'en est finalement rien. Il suffit de se balader dans la région de Pelegion où traverser la Menancia pour s'en convaincre, c'est vraiment joli et bien habillé par les compositions de Motoi Sakuraba. On n'est pas face au meilleur taf du compositeur phare de la saga, mais il convient tout de même de saluer les quelques thèmes adaptatifs appliqués aux donjons et ce thème de combat particulièrement entrainant, ajoutant à la patate de chaque affrontement.