Disponible dès demain sur à peu près tous les supports de l'univers à l'exception de la Nintendo Switch et de la PlayStation 5 qui débarque dans une petite dizaine de jours, Assassin's Creed Valhalla est le premier gros jeu qui sort avec une machine de nouvelle génération, en attendant d'autres pointures comme Demon's Souls. On vous donne notre avis sur le dernier épisode réalisé par Ubisoft Montréal, testé sur Xbox Series X avec le patch d'optimisation.
- Genre : Action/Aventure
- Date de sortie : 10/11/2020
- Plateforme : PC, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series, Stadia
- Développeur : Ubisoft Montréal
- Éditeur : Ubisoft
- Prix : 59,99€ disponible sur Amazon
- Testé sur : Xbox Series X
Au service de l'arène
Qui dit nouvel épisode canonique de la saga Assassin's Creed dit nouveau contexte historique, avec l'Angleterre du IXème siècle en plein cœur des invasions vikings. Le joueur y incarne Eivor, l'ami(e)-des-loups, un personnage bourru mais toujours prêt à aider son prochain et promis à un grand avenir. Une destinée qui s'écrira d'abord en Norvège aux côtés des siens, puis sur les terres d'Angleterre, à la conquête du royaume en compagnie de son frère de sang. Sur ces nouvelles terres, les envahisseurs établiront alors un camp qu'il tiendra à Eivor de faire évoluer au gré de ses victoires, mais nous aurons l'occasion d'y revenir lorsque nous évoquerons le gameplay du jeu. Bien loin de la simple activité annexe, l'expansion de la colonie est complètement intégrée à la narration et des révélations très importantes seront faites au fur et à mesure de l'agrandissement du camp ; il s'agit en outre d'une étape obligatoire de la trame principale de cet épisode.
Le reste de cette saga viking est conté sur le champ de bataille, avec plus d'une quinzaine de territoires à conquérir et de vassaux à convaincre. Dans l'ombre, la ligue des assassins vient se greffer à tout ce bazar pour relier tout ça au scénario global de la licence. Si le contexte guerrier est fort appréciable et que les différents duchés assurent la diversité des arcs scénaristiques grâce aux personnages qui les gouvernent, le scénario de Valhalla ne laisse malheureusement pas un souvenir impérissable. La faute revient en partie au pan mythologique souvent inintéressant, qui, de plus, se heurte aux soucis de mise en scène du jeu : le scénario en lui-même n'est pas mauvais, mais la façon dont il est raconté et montré l'empêchent de véritablement décoller. De plus, la version française du jeu ne convainc pas forcément, ce qui, couplé à une synchro labiale erratique, n'aide pas forcément à s'immerger. On retiendra tout de même quelques territoires sympas à conquérir et des têtes couronnées attachantes, mais rien de suffisant pour rendre l'ensemble de l'histoire marquant.
Vague à lame
Odyssey avait reçu un bel accueil lors de la sortie en 2018 : complet, beau et perfectionnant la recette du renouveau de la série initié par Origins, ACO était malgré tout bien trop généreux, en loot, en contenu... Ce qui le rendait particulièrement indigeste après quelques dizaines d'heures de plaisir grec. Les développeurs d'Ubisoft Montréal en ont tenu compte dans Valhalla, et même si l'on garde ce socle de A-RPG light, les développeurs se sont débarrassés de quelques lourdeurs et l'exploration a été rééquilibrée afin, tout simplement, d'être plus agréable à appréhender. Vous pouvez dire au revoir au level cap, celui-ci a été supprimé au profit d'un niveau de puissance unique, et un arbre de compétences gigantesque à trois branches pour le soutenir : une pour le corps à corps, une autre pour la distance et une dernière pour la discussion.
Seuls ces fameux points de compétence dispensés à chaque barrière d'expérience atteinte sont le moyen de débloquer de nouveaux coups, à dissocier cependant des compétences actives classiques, qui elles, sont à trouver en explorant. Le loot a également été revu et corrigé en étant bien plus rare que chez ses ancêtres : fini les drops de ouf sur des soldats lambda, si vous voulez le meilleur du meilleur, il va falloir battre la campagne et c'est pas plus mal. Tout est toujours indiqué sur la carte comme dans les mondes ouverts Ubisoft habituels, mais cette fois c'est relativement moins envahissant, avec des marqueurs plus ou moins épais sur la map en fonction de leur importance : par exemple, un trésor contenant quelques ressources sera un petit point jaune, alors que ceux qui désignent les pièces d'équipement à trouver sont bien plus conséquents. Dans le même ordre d'idée, les quêtes secondaires classiques ont été totalement supprimées pour laisser place aux mystères, de petits événements très courts, parfois absurdes, et une fois de plus fort utile pour améliorer Eivor.
Un rééquilibrage franchement bienvenu mais qui ne bouscule pas fondamentalement les choses : on finit, finalement, par vider des zones de point d'intérêt en point d'intérêt machinalement comme dans les autres épisodes en recherche de davantage de puissance. Le fait que le contenu soit moins dense et plus court respecte davantage le temps du joueur, même si l'on pourra toujours pester sur toutes les petites animations contextuelles buggées. C'est une autre tradition dont l'on aimerait que les AC se passent : Valhalla est bourré de petits bugs, pour la plupart pas méchants, mais qui, à force de répétition et de régularité, finissent par agacer.
Fort heureusement, le jeu peut compter sur un système de combat plus direct et satisfaisant pour rééquilibrer les choses : fini les combats de 2 heures face à un élite et les soins "magiques" complètement fumés par compétence. Jeu viking oblige, tout est ici bien plus brut de décoffrage. Merci le contre (au timing trop généreux), qui permet de grignoter une jauge d'équilibre façon Sekiro qui, une fois vidée, laisse l'ennemi disponible pour une exécution brutale avec sa propre arme. Le jeu tente également un retour aux racines, avec des options d'infiltration plus nombreuses : le port de la capuche rend Eivor moins reconnaissable et il lui est possible de se mêler à la "foule" : les guillemets c'est parce qu'à l'exception de quelques places fortes, les zones à haute densité démographique ne sont pas courantes dans Valhalla. Le retour de la lame secrète est bien plus concret, redevenue létale comme au temps d'Altaïr : il faudra cependant aller l'activer dans les options.
Après cela, il ne tiendra qu'à vous d'aller vous balader en zone de puissance surélevée, pour une bonne dose de défi supplémentaire. Si à aucun moment ACV ne vient chambouler les acquis d'une formule déjà vue et revue, l'exécution est quant à elle suffisamment léchée pour que l'on prenne du plaisir à parcourir ces terres à cheval, ou en drakkar, aux commandes d'une bande de barbares capable de mettre un village à sac en quelques tournoiements de hache. Le fruit de ces "raids" sera ensuite utilisé dans l'expansion de votre colonie, offrant de nouvelle opportunités de se faire des sous et de nouvelles quêtes. Même cas ici : l'exécution est bonne, mais concrètement il n'y a franchement rien de véritablement nouveau là-dedans, on aurait aimé une plus grosse prise de risques de la part de Ubisoft Montréal, mais rien à faire, tout reste "lisse".
Galion d'essai
L'objectif sur Xbox Series X était d'atteindre une résolution de 4K tout en maintenant 60 images par seconde et ce pari est tenu, du moins la grande majorité du temps : le jeu a parfois quelques chutes de framerate, mais rien de véritablement gênant, c'est un phénomène extrêmement rare. Couplé à cette Angleterre flamboyante, offrant une distance d'affichage immense et un nombre de détails hallucinant, Valhalla est vraiment impressionnant d'un point de vue purement technique. Comme vous le savez sûrement, il s'agit d'un jeu "cross-gen", ce qui n'est pas forcément le meilleur moyen d'entrevoir les capacités des nouvelles machines — et ne vous attendez pas à un gap "monstrueux" avec ce qui se fait sur la génération précédente sur le plan visuel. Mais tout de même, quel travail formidable de la part des développeurs : de nombreux décors sont d'une beauté saisissante, soutenus par une direction artistique qui l'est tout autant, ce nouveau monde ouvert made in Ubi est une pure réussite sur Xbox Series X.
Alors attention, tout n'est pas parfait : les cutscenes subissent un gros effet de tearing, de nombreux bugs sortent de l'immersion et quelques "coupes" sur certains détails ont été faites. On pense notamment aux effets pyrotechniques, désastreux, et à la physique de "petits objets" comme les fanions au vent ou les nuées d'oiseaux, dont les animations sont systématiquement saccadées. Rien qui ne vient gâcher le plaisir des yeux de manière significative cela dit, la version XSX de Assassin's Creed Valhalla est une vraie réussite et il nous tarde encore davantage de voir ce qu'il sera possible de faire en exploitant à fond son hardware.