Après le succès commercial rencontré par The Surge, à défaut d'avoir été aussi bien salué par la critique, il est tout naturel qu'une suite voie aujourd'hui le jour. Avec The Surge 2, Deck13 (Lords of Fallen) a en effet décidé de reprendre la formule de son aîné et de l'améliorer, tout en l'emmenant dans un environnement plus ouvert avec Jericho City et en se rapprochant encore plus des productions From Software. Le titre édité par Focus Home Interactive reste donc un Souls-like SF exigeant où les combats hardcore et les démembrements avec système de ciblage sont au cœur du gameplay, mais parvient-il vraiment à magnifier la formule ? C'est ce que nous nous proposons de voir dans les lignes qui suivent.
- Genre : action-RPG
- Date de sortie : 24 septembre 2019
- Plateforme : PC, PS4, Xbox One
- Développeur : Deck13 Interactive
- Éditeur : Focus Home Interactive
- Prix : 49,99€ sur PC, 59,99€ sur PS4 et Xbox One, disponible sur Amazon
- Testé sur : PC
Bienvenue à Jericho City
The Surge 2 reprend là où s'achevait The Surge, après que le vote inachevé de CREO pour le lancement d'Utopia se soit soldé par 4 voix contre 3, suite au décès des membres du conseil d’administration après l'événement dénommé The Surge, à l'exception de son directeur général Jonah Guttenberg, l'inventeur des nanites, absent de la salle à ce moment là. Si le projet Utopia était d’arrêter le réchauffement climatique en utilisant des nanites au lieu de produits chimiques, il faisait aussi encourir un risque mortel à l'humanité. C'est pourquoi Warren tenta de l'interrompre, mais malgré tous ses efforts, la fusée fut tout de même lancée.
Après l'explosion de celle-ci et la libération des nanites, un de ses débris s'abat sur l'avion dans lequel vous vous trouvez et celui-ci s'écrase sur Jericho City. Les nanites provoquent alors la propagation du nanovirus Defrag dans la ville qui se retrouve rapidement mise en quarantaine par le général Major Ezra Shields au nom du gouvernement afin d'enrayer la contamination. Seul survivant du crash du vol 221, vous vous réveillez deux mois plus tard en sursaut après avoir été assailli de réminiscences du vol 221 où des visions d'étranges anomalies se mêlent à celles d'une petite fille prénommée Athena qui vous indique que ce n'est pas terminé.
Vous découvrez alors que vous vous trouvez dans l'antenne médicale d'un centre de détention de haute sécurité d'où vous allez devoir vous échapper, évasion facilitée par des nano-machines devenues folles et ayant en partie détruit le centre. Si plusieurs cadavres jonchent le sol, tout le monde n'est pas mort et il vous faut vous frayer un chemin à travers les prisonniers libérés et les gardiens bien décidés à ne pas vous laisser sortir. La première chose à faire est de récupérer un exo-rig qui prendra le contrôle de votre système nerveux afin de gagner en puissance et pouvoir ensuite greffer pièces d'armures, implants et drones. Et si au passage vous pouvez aussi récupérer une arme un peu plus efficace que les défibrillateurs de la salle de soin, ce ne sera pas superflu.
Une fois dehors, vous découvrez une ville où règne la violence et la drogue Blue Sparkle. Plusieurs factions se disputent le contrôle des différents districts malgré la présence d'une tempête nano menaçant la cité, et le dernier havre de paix pourrait bien être Seaside Court, dirigé par Frère Eli à la tête des très pieux Children of Spark. Ce dernier vous charge de vous occuper de son frère Little Johnny, devenu le baron de la drogue. Mais si les motivations de frère Eli, soutenu par sa mère la Matriache Celeste, semblent louables, Little Johnny ne l'entend pas de cette oreille. Une histoire de famille dans laquelle vous vous retrouvez embarqué alors que vous cherchez à retrouver vos souvenirs et à découvrir la vérité sur le virus dont Athena Guttenberg, qui s'avère être la petite-fille de Jonah Guttenberg, semble être la clé.
Il est temps que l'on s'insurge
Contrairement à son prédécesseur, The Surge 2 nous donne la possibilité de créer notre propre personnage (sexe, couleur, âge, coiffure, visage...), y compris notre emploi précédent dont découlera uniquement notre tenue vestimentaire. Un petit plus appréciable bien qu'anecdotique puisque nous disparaîtrons bien rapidement derrière notre armure. Graphiquement, le titre s'en sort bien, c'est plutôt joli avec des environnements qui cherchent à se diversifier. La gestion des lumières vient cependant parfois gâcher l'expérience en nuisant au rendu, sans parler des bugs observés où l'on se retrouve soudainement dans le noir ou encore lorsque notre arme se met à dégager un faisceau lumineux plutôt handicapant. Sur le plan sonore, nous avons droit à une efficace musique de circonstance et à des dialogues au doublage satisfaisant, en Anglais avec sous-titres possibles en Français.
Le titre propose une carte dont la taille a été accrue par rapport au premier opus avec 9 secteurs interconnectés et une multitude de raccourcis à débloquer pour se créer des chemins alternatifs. Évoluant ici en environnement urbain, le level design, tout en verticalité, est moins linéaire et plus ouvert, mais l'impossibilité de prendre certains passages tant que l'on ne les a pas débloqué (porte verrouillée, crochet manquant, ascenseur hors service...) limite tout de même quelque peu cette liberté. Notons ici que l'absence de carte, en dehors de celle, très générale, que l'on peut observer sur les panneaux indicateurs, est regrettable et nous amène parfois à nous égarer, même si cela se justifie peut-être par la volonté de nous obliger à découvrir par nous-mêmes les raccourcis existants.
Si The Surge nous limitait aux armes et armures industrielles, nous pouvons ici mettre la main sur du matériel scientifique ou militaire et la sensation de puissance que certains équipements peuvent donner est tout bonnement jouissive. De plus, les animations sont devenues bien plus fluides et les combats gagnent ainsi en dynamisme, même si l'usage d'une arme lourde ralentira bien entendu le rythme. La chorégraphie des combats est aux petits oignons, chaque type d'arme ayant son propre style et une efficacité adaptée à différents types d'ennemis. Mieux vaut par exemple utiliser une arme lourde face à des boucliers ou une armure renforcée plutôt qu'une arme rapide qui manquera de puissance pour en venir à bout. Et nous accordons une mention spéciale aux finish moves toujours très classes avec un ralenti du plus bel effet avant de démembrer notre adversaire.
Mais attention, si notre personnage gagne en rapidité, les ennemis ne sont pas en reste, d'autant plus que selon Jan Klose, le directeur créatif, l'IA a été améliorée et rendue adaptative, même si aucune réaction n'aura lieu tant que l'on reste hors de leur périmètre, quoi que l'on fasse. Le challenge est donc bien toujours là et il faudra se méfier du moindre petit adversaire qui pourrait nous surprendre, surtout que la caméra va parfois bien les aider si elle décide de se placer derrière un mur ou tout autre obstacle, réduisant voire annihilant totalement notre vision du combat, tout particulièrement dans les lieux exigus où il est déjà bien difficile d'esquiver et où l'on a vite tendance à se retrouver coincé par des éléments du décor. Les ennemis nous en feront donc bien voir de toutes les couleurs, notamment les boss bien sûr, mais on a un peu trop la sensation de croiser toujours les mêmes, un petit manque d'individualisation qui est regrettable.
Un jeu qui tranche dans le vif
La trame principale de l'histoire nous guide à travers le jeu, mais un certain nombre de PNJ nous donnent également des quêtes secondaires. Nous croisons en effet nombre de PNJ dans les zones sécurisées, certains juste là pour le décor, d'autres avec un rôle à jouer. Mais quels qu'ils soient, leur comportement est enfermé dans une boucle, comme leurs propos qui se répètent sans cesse, n'aident pas à les rendre crédibles. Une fois dehors, tous ceux, ou presque, que nous croisons sont des ennemis à combattre et susceptibles de nous rapporter des Pièces Détachées, la monnaie du jeu, des armes ou des schémas permettant de fabriquer des pièces d'armures. Notons également une certaine dimension multijoueur à travers les tags laissés par les autres joueurs, ou encore la possibilité de laisser une bannière nous représentant afin de bénéficier de bonus tant qu'elle n'est pas découverte par un autre joueur.
Comme on aurait pu s'en douter, The Surge 2 reprend le système de démembrement ainsi que celui de craft et de personnalisation qui ont fait le succès de son aîné. Il est en effet toujours indispensable de faire évoluer ses armes et les différentes parties de son exosquelette pour espérer survivre. Pour cela, il faut se rendre dans les MedBays afin de construire les pièces à partir des schémas récupérés sur les membres tranchés de nos ennemis et ensuite les améliorer. Attention aussi à accroître le niveau du cœur de l'exo-rig pour disposer de la puissance suffisante pour accueillir les nouvelles pièces ou autres implants. Ces derniers permettent de bénéficier de bonus à adapter en fonction de notre style de jeu. Il en est de même pour les paramètres de santé, d’endurance et d’énergie de l'exosquelette, ou les boosts apportés par les sets d’armures, ainsi que le choix des drones de combat (mitrailleur, lance-flammes, grenade magnétique...).
Les MedBays sont aussi les points de sauvegarde où l'on recommence la partie suite à un décès avant de repartir en direction du lieu où nous avions trépassé afin de récupérer les Pièces Détachées perdues sur place, à condition de ne pas décéder à nouveau et d'y arriver avant la fin du compte à rebours, sachant que chaque ennemi vaincu en cours de route fera gagner 20 secondes. De plus, notre santé se régénère lorsque l'on est proche de ce point et elle est entièrement rétablie lors de la récupération des Pièces Détachées perdues. Ce que l'on peut reprocher aux MedBays est leur rareté, ce qui oblige, en cas de difficulté, à refaire encore et encore le même parcours en affrontant les mêmes ennemis qui sont réapparus jusqu'à y arriver, ce qui peut vite devenir lassant et décourageant, surtout lorsque la difficulté se trouve au bout du chemin.
Pour ce qui est des combats en eux-mêmes, pour lesquels le titre propose 80 armes différentes, on peut soit cibler un point faible pour l'emporter plus rapidement soit opter pour une partie protégée afin de l'amputer une fois suffisamment affaiblie et récupérer ainsi le schéma permettant de la construire. Outre les attaques horizontales, verticales, glissées ou sautées, nous pouvons aussi recourir aux attaques chargées, notamment pour détruire les boucliers ou obtenir plus d'énergie, indispensable pour se soigner ou découper les adversaires. Il faut aussi savoir utiliser la toute nouvelle parade directionnelle et les esquives afin de bénéficier de puissantes contre-attaques dévastatrices. Il est aussi nécessaire de savoir reculer pour laisser le temps à l'endurance de se recharger, car celle-ci est indispensable pour toute action. Hors de question donc de foncer tête baissée en frappant à tout-va, il ne faut pas être trop gourmand si l'on veut s'en sortir.
Le premier boss que l'on croise, Nitro, sert surtout d'initiation au ciblage et ne pose pas particulièrement de problème. Le second, en revanche, le directeur Garcia, commence déjà à relever le niveau après les sous-fifres croisés jusque-là, surtout que l'on n'est pas encore vraiment équipé et que lui dispose d'un drone de combat que l'on récupérera après l'avoir vaincu. Mais le premier véritable boss que l'on devra affronter est Little Johnny avec son engin arachnoïde, suivi ensuite de son frère Eli. Et si The Surge ne comportait que 5 boss, The Surge 2, lui, en aligne 11. Et pour chacun d'entre eux, il faut prendre le temps de trouver le point faible et la manière de s'y prendre pour en venir à bout, car la première confrontation est en générale expéditive. Mais quel plaisir d'y parvenir après avoir encaissé une série d'échecs.
Cette suite reprend donc sans vergogne les ficelles tissées par le premier épisode en leur apportant un petit plus bien appréciable, sans pour autant révolutionner le concept. Les fans de la série seront donc très certainement sous le charme. Pour les autres, vous savez maintenant où vous mettez les pieds. Il faudra vous accrocher et faire avec les imperfections du jeu, mais il y a clairement moyen de s'amuser tant les combats peuvent s'avérer tout aussi jouissifs en cas de réussite que frustrants en cas d'échecs à répétition.
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