Directement tiré du jeu de cartes physique à succès, Le Seigneur des Anneaux : Living Card Game arrive enfin sur des plateformes digitales en version définitive. Asmodee Digital et Fantasy Flight Interactive ont travaillé ensemble pour donner vie sur ces nouveaux supports à cette licence que l'on ne présente même plus. Le résultat, le voici, ainsi que ce que nous en avons pensé après quelques heures de jeu.
- Genre : Jeu de cartes de stratégie / Jeu de plateau
- Date de sortie : 29 août 2019
- Plateforme : PC - Mac OS X (PS4, Switch et Xbox One en automne 2019)
- Développeur : Fantasy Flight Interactive
- Éditeur : Asmodee Digital
- Prix : 19,99 € pour le jeu de base, 9,99 € pour l'extension La Chute de l'Ombre → disponible sur Steam
- Testé sur : PC
Trailer du jeu
Enfin la release officielle !
Nous vous avions déjà présenté une preview plutôt complète de la version early access du Seigneur des Anneaux : Living Card Game il y a de cela quelques mois et l'avis était positif. Depuis ce 29 août, le jeu est enfin sorti en version officielle, et sa première extension, La Chute de l'Ombre, est d'ores et déjà disponible. S'il ne devrait pas y avoir un réel besoin de présenter la franchise dont le jeu provient, on peut tout de même rappeler sa puissance et sa renommée internationale. Les films ont été les plus récompensés dans l'histoire du cinéma (475 fois exactement), le jeu de cartes sur table a été vendu à plus d'un million d'exemplaires, les jeux vidéo sont légion avec 30 titres depuis 1982 et 250 millions d'ouvrages ont été vendus si l'on considère Le Seigneur des Anneaux mais aussi Le Hobbit. Ajoutez à tout cela une série qui devrait sortir en 2021 et vous avez un univers qui pèse clairement sur les scènes audiovisuelle et vidéoludique de manière générale.
Le jeu de cartes était certes connu d'une certaine communauté assez spécifique, mais le portage en version digitale devrait bien faire croître celle-ci. Dans les deux cas, le thème général est le même, puisque la mission principale sera de contrecarrer les plans de Sauron en incarnant une petite équipe de héros prêts à tout pour réussir. Fantasy Flight Interactive, Asmodee Digital et Virtuos ont donc œuvré pour faire de ce jeu de cartes sur table un jeu digital assez cohérent.
Une aventure pour les gouverner tous...
Quel que soit le mode de jeu que vous comptez tester sur LOTR : Living Card Game, vous aurez affaire à Sauron et à ses légions malfaisantes. Vous passerez des forêts de Mirkwood aux terres brûlées du Mordor, en passant par les mines de la Moria par exemple. Tout l'univers et tous les paysages connus de toute une génération, ainsi que tous les arcs scénaristiques y passent. Et pour vaincre toutes les forces de Sauron, vous pourrez aussi choisir de jouer en coopération avec un ami. Une fois votre camarade enrôlé, vous aurez bien sûr deux fois plus de héros sur le terrain, et chacun vos cartes à jouer. Sauron, lui, possédera alors des créatures survitaminées qui représenteront un vrai défi pour vos armées. Que vous soyez seul ou à deux, le jeu sera un réel défi, et ce même dans le mode de difficulté le plus bas.
Mais l'on parle de difficulté, et il faut forcément évoquer la prise en main du jeu en lui-même. Ici, pas d'APM, pas de visée, mais une réflexion qu'il va falloir mener pour optimiser vos tours de manière à ce que vos personnages soient le moins touchés possible pour la suite de l'aventure. Pour apprendre à gérer tout cela, le tutoriel sera indispensable sous peine de vous retrouver très vite sous l'eau lors des premières quêtes. Terminé en une heure à peine, celui-ci vous familiarisera avec tous les mots-clés inhérents au jeu (et il y en a vraiment beaucoup), et surtout à quelques subtilités de gameplay. Vous apprendrez aussi à gérer le regard que Sauron a sur votre équipée (barre de Menace), ainsi que les pouvoirs spéciaux de vos acolytes (barre de Destin). Les éventuels joueurs habitués aux jeux de cartes comme Magic, Hearthstone pour les plus populaires ne devraient pas faire exception à la règle et auront besoin du tutoriel pour maîtriser les bases.
...et dans les ténèbres les lier
L'extension La Chute de l'Ombre est sortie il y a maintenant quelques jours et a amené quelques nouveautés. Les nouveaux héros comme le nain Daïn, le hobbit Fredegar Bolger, le rôdeur Idraen ou encore l'elfe Glorfindel arrivent par conséquent dans la collection, et chacun amène quelques nouvelles cartes avec lui. La nouvelle campagne est aussi disponible (elle porte le même nom que l'extension) et fera passer les aventuriers dans la fosse de Nibin-dûm puis dans la Tour du Nécromancien pour enfin s'évader de Dol Guldur. Tout un programme, que vous devrez réaliser grâce une collection qui sera alors composée au maximum de 100 cartes distinctes, et qui viendra surtout compléter la première campagne L'Atteinte de l'Ombre. Une autre extension, L'étreinte du Roi-sorcier, est en cours de confection et devrait être disponible dans les mois à venir.
Un gameplay intéressant
Passé les menus aux graphismes austères voire carrément sommaires, la partie deckbuilding n'est pas non plus très avenante. Parcourir la collection de cartes peut s'avérer laborieux tant les filtres sont peu intuitifs, et finaliser un deck efficace de 30 cartes s'avérera compliqué lors de vos débuts (ou en tout cas pour avoir de bonnes synergies à l'intérieur). Autant dire que le tutoriel de deckbuilding sera indispensable.
Enfin, et c'est la partie qui normalement intéresse le plus les joueurs de jeux de cartes, nous arrivons au gameplay. Pour vous la faire courte, celui-ci est très intéressant tant les mécaniques sont nombreuses et les possibilités multiples. Mais pour un tout nouveau joueur de jeux de cartes, il sera d'autant plus lourd à assimiler, et les niveaux de difficulté au delà du "normal" ne lui seront pas accessibles dans les premières heures.
Enormément de mots-clés sont à prendre en compte (Garde, Préparé, Epuisé, Menace, Destin et bien d'autres), un mauvais ordering lors d'un tour est très punitif selon le mode de difficulté dans lequel vous jouez puisque le total de points de vie d'un héros sera conservé pour la suite de l'aventure. Les barres de Menace et de Destin sont des entités à prendre en considération quoi que vous fassiez, et Sauron ne fera pas de cadeau au fur et à mesure de votre avancée vers lui. Encore une fois, il vous faudra mesurer les effets de la moindre action pour vous assurer qu'elle ne vous fera pas basculer dans un nouvel état de colère du Nécromancien.
En ce qui concerne les objectifs de quête, ils sont très divers : tuer toutes les créatures de Sauron, détruire un objectif, sauver un allié... Vous aurez souvent plusieurs façons de réaliser votre quête et d'avancer dans l'aventure : à vous de trouver la plus rapide et la moins coûteuse en ressources vitales. Pour les habitués des jeux de cartes en digital, vous n'aurez pas de phase de mulligan et votre "mana" augmentera tour après tour, vous permettant de contrecarrer ou non les actions du Seigneur des ténèbres. En effet, chaque protagoniste joue l'un après l'autre, le joueur avec ses armées alliées et Sauron avec ses créatures malfaisantes.
Des partis pris discutables
Fini le gameplay ou presque, parlons de ce qui l'englobe et de ce qui charme (ou non) le joueur : la bande son et le lore de manière générale. Les fans de la licence retrouveront aisément les éléments de l'univers de la saga : les héros comme Arwen, Gimli, Legolas ou encore Gandalf sont bien sûr présents, comme tout les personnages importants. Les quêtes et les aventures qui sont à compléter seront en accord avec des événements que l'on peut retrouver dans les livres ou dans les films, ce qui permettra au plus grand nombre de s'identifier aux héros. Ce qui risque de moins produire cet effet, du moins pour la communauté française non anglophone, c'est le fait que même lorsque le jeu est en version française, il ne l'est qu'à l'écrit.
Toutes les voix sans exception, que ce soit lors des briefings de missions, de lore sur les écrans de chargement, ou encore les voix des cartes : tout cela sera en anglais. On peut le regretter, tout comme le fait que le choix de la direction artistique soit "discutable". Nous n'avons pas d'informations précises sur le pourquoi, mais certains héros comme Arwen ou Aragorn (pour ne citer que les plus emblématiques) auront bien du mal à "parler" aux joueurs et aux fans de la trilogie au cinéma. Aragorn manque sévèrement de sa célèbre barbe de trois jours et Arwen n'a aucune ressemblance de près ou de loin avec Liv Tyler, et ce malgré les plusieurs apparences disponibles pour chaque carte.
Et pourtant, on peut imaginer que les moyens ont dû être conséquents pour cette partie graphique puisque Magali Villeneuve, plus connue pour ses artworks de cartes Magic pour Wizards of the Coast, fait partie du roster des dessinateurs. Encore une fois, c'est un parti pris qui est discutable mais qui n'enlève pas grand chose à l'expérience de jeu à proprement parler.
Pour finir sur la partie ambiance, la bande son est apaisante et s'adaptera aux endroits que vous parcourrez (forêt, montagne, landes désolées). Une réussite de ce côté, même s'il n'y avait pas trop de doutes à ce sujet.
Le craft et le modèle économique
Le modèle économique est simple : une fois le jeu acheté, il suffit de "farmer" pour acquérir toutes les cartes et leurs différentes apparences. Accomplir des objectifs spéciaux lors de vos aventures (comme garder un nombre précis de héros en vie par exemple) augmente la somme d'argent remportée, tout comme le nombre de créatures de Sauron éliminées. Il faudra parfois choisir entre tuer davantage de ses serviteurs et risquer d'y passer, ou assurer une rentrée d'argent à la fin de l'aventure. Une fois cet argent accumulé, le craft s'effectuera dans la partie deckbuilder et vous choisirez le nombre d'exemplaires de la carte que vous désirez (deux au maximum). Pour acheter une apparence de carte alternative d'un héros, il faudra cliquer sur la carte correspondante et utiliser les flèches sur les côtés pour visualiser la convoitée, ainsi que découvrir les citations cultes issues des films.
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