Si certaines légendes du MOBA de Riot Games impressionnent grâce à leur régularité, d'autres n'ont parfois besoin que d'une saison pour laisser un souvenir impérissable. C'est le cas de Febiven, un des midlaners qui a marqué l'Europe, mais dont la gloire fut très éphémère.
Le nouveau Faker ? L'ascension d'un jeune prodige de League of Legends
Petite remise en contexte : en 2014, l'Europe a vécu sa pire année compétitive sur League of Legends. Pour la première fois de l'histoire, aucune équipe du Vieux Continent ne réussit à atteindre le top 8 des Worlds. Si la défaite d'Alliance, alors championne des LCS EU, face à KaBuM! reste dans les mémoires, marquant la première victoire d'une équipe Wilcard contre le seed 1 d'une région majeure, les performances des autres équipes européennes ne sont pas vraiment meilleures. On peut trouver des excuses aux SK, amputés de leur jungler pendant la moitié des poules suite à des remarques racistes, mais les Fnatic, alors meilleure équipe européenne de l'histoire, ne sont pas à la hauteur.
Le staff Fnatic décide alors de prendre un gros risque, se séparant de tous les joueurs historiques sauf YellOwStaR, reconstruisant une équipe composée uniquement de rookies. ReignOver et surtout Huni sont restés dans les mémoires des gens, notamment le second qui a eu une très belle carrière, mais il y avait aussi deux rookies européenns : Febiven et Steelback. Le pari est très vite gagnant : ReignOver a une incroyable lecture du jeu qui se marie à la perfection avec le style de jeu de YellOwStaR, tandis qu'Huni et Febiven deviennent très vite les deux meilleurs sololaners des LCS EU.
Bien que ce soit déjà une belle progression, beaucoup restent septiques quant à leur vrai niveau sur la scène internationale, les soupçonnant d'être deux borgnes dominant un royaume d'aveugles. Le MSI vient balayer tout les doutes, Febiven devenant même l'un des premiers joueurs non-coréens à solokill Faker dans un tournoi officiel. L'équipe progresse tout au long de la saison, réalise le doublé Spring/Summer en LCS, et arrive aux Worlds avec un statut de prétendant sérieux à la victoire finale, une première pour l'Europe depuis la S2 (et encore, c'est parce que l'on compte les M5 en tant qu'équipe "européenne"). Malheureusement les KOO Tigers mettront fin aux ambitions des Fnatic en demi-finale, avec un sévère 3-0. Cependant les fans se consolent en se disant que les Fnatic ont quand même révélé 3 pépites (Huni, ReignOver et Febiven), tout en ayant permis l'émergence d'une autre superteam européenne : Origen. Seulement l'état de grâce sera de courte durée.
Un déclin inévitable
Peu d'équipes ont été autant pillées lors du mercato que les Fnatic en 2015 : ils perdent Huni, ReignOver et YellOwStaR, et choisissent de retenter un pari sud-coréen en recrutant Gamsu et Spirit, pari qui ne sera pas vraiment gagnant. Origen explose aussi en plein vol lors de la saison 2016, rebattant totalement les cartes sur la scène des LCS EU qui enverra aux Worlds 2016, trois équipes qui n'avaient aucune expérience internationale en début de saison.
La saison suivante, Febiven quitte Fnatic pour retourner chez H2K. Ses résultats sont meilleurs que l'année 2016, mais l'équipe ne parvient pas à se qualifier pour les Worlds. Entretemps, deux midlaners ont fait leurs débuts en LEC : Perkz (en 2016) et Caps (en 2017, remplaçant Febiven chez Fnatic), détrônant rapidement Febiven de sa place de meilleur mid EU, une place qu'il ne regagnera jamais.
Il tente une brève aventure en Amérique du Nord, puis revient en Europe chez Misfits, mais la mayonnaise ne prend pas, et Febiven enchaîne deux saisons médiocres. Il jouera ensuite pour diverses équipes dans des ligues nationales, participant à de multiples reprises aux European Masters. Après une dernière saison chez Team du Sud, avec des résultats en dessous des attentes en LFL, Febiven a annoncé sa retraite, se disant intéressé par une reconversion en coach.
Même si il n'a vraiment été un joueur de calibre international pendant une seule saison, Febiven et les Fnatic 2015 ont lancé une période que l'on appelle parfois l'EUphorie. Cette période a duré grosso-modo de 2015 à 2020, marquant une progression réelle des équipes européennes qui pendant quelques saisons, ont semblé capables de rivaliser avec les top teams de LCK et LPL (avec quelques passages à vide, comme les G2-8). Si l'on retient surtout Caps et Perkz comme les grands midlaners EU de cette période, Febiven est celui qui a ouvert la voie. À sa manière, il a marqué l'histoire de la compétition en Europe.