Il est souvent très difficile de rattraper une première mauvaise impression. Le manga Kagurabachi a eu un démarrage très compliqué, et pour une fois la faute ne retombait ni sur l'auteur, ni sur l'éditeur mais bien sur les fans de bande-dessinées nippones. Avant même que les premiers chapitres ne soient publié, le manga était tourné en ridicule sur la toile. Kagurabachi aurait pu disparaître très rapidement, mais finalement il semble avoir trouvé son public et connait un succès loin d'être anodin, étant même recommandé par Kōhei Horikoshi (My Hero Academia).
Pourquoi Kagurabachi est devenu un sujet de moqueries ?
Kagurabachi est simplement arrivé au mauvais moment. Les fans de mangas avaient décidé de se moquer d'une partie de leur communauté, celle qui a tendance à s'enthousiasmer et clamant à qui veut l'entendre (mais aussi à qui n'a rien demandé) que chaque nouveau manga connaissant un peu le succès, est le digne héritier du Big 3 (One Piece, Naruto, Bleach), Dragon Ball, Jésus, Bouddha et sa Majesté la Reine d'Angleterre. Alors que seuls les premiers visuels du manga était disponible, une partie de la communauté a donc décidé de troller en affirmant qu'il s'agirait du prochain banger qui marquerait les millénaires à venir, le tout sans en avoir lu un seul chapitre.
Kagurabachi est devenu avant sa sortie le manga le plus populaire du site Manga Plus (site officiel international de la Shueisha où certains chapitres sont disponibles en lecture gratuite), surpassant les succès du moment (SpyXFamily, Boruto etc). Cette popularité n'était pas forcément bénéfique pour le manga, qui était juste connu pour être un meme plutôt que pour ses qualités. 8 mois et 29 chapitres plus tard, la situation s'est inversée et Kagurabachi est maintenant reconnu pour ses qualités et non plus comme un meme sur pattes.
Les raisons du succès de Kagurabachi
Le manga raconte la quête de vengeance de Chihiro Rokuhira, fils d'un forgeron renommé, dont le père a été assassiné par six sorciers pour qui il avait forgé des épées enchantées. Armé de la septième épée, Chihiro Rokuhira parcourt le monde afin de punir les coupables. Le plot en lui-même n'a rien d'exceptionnel, mais l'univers imaginé par Takeru Hokazono arrive à séduire les lecteurs. Au niveau du dessin, l'auteur montre qu'il est loin d'être le premier venu, sans que son trait ne suffise à le mettre au niveau d'un Kentaro Miura ou Takehiko Inoue. Même si Kagurabachi n'excelle réellement nulle part, l'auteur maîtrise pour le moment la narration et le trait, ce qui en fait un bon manga.
Kagurabachi est le 11è manga le plus lu de la Shueisha sur le mois dernier. Bien que loin de pouvoir faire de l'ombre aux piliers du Jump, le manga est quand même devenu une série solide, ayant su trouver son public. Au Japon, les premiers tomes se sont tellement bien vendus qu'il a fallu en réimprimer 2 fois. Bien évidemment le tirage pour ce genre de manga n'est pas le même que celui d'un One Piece, mais cela montre qu'il a réussi à dépasser les attentes de l'éditeur. Il ne révolutionnera probablement pas le monde du manga, il pourrait devenir une œuvre solide de son temps, comme l'ont été dans les années 2000 des mangas comme Samuraï Deeper Kyo ou GetBackers.