Photo : LoL Esports
Le mercato League of Legends n'est pas toujours facile à comprendre. Alors que les accords se font et se défont dans l'ombre, nous ne voyons souvent que la phase visible de l'iceberg et devons se contenter, en plus des transferts officiels, des quelques rumeurs qui fuitent à droite à gauche. Pour les non initiés, on peut facilement avoir le vertige et se perdre dans le vocabulaire utilisé : buyout, free-agent, salaire, prime... Et que dire de la "contract jail" ? Ce qu'on pourrait traduire comme prison contractuelle est un concept qui peut sembler bien sombre. Afin de pouvoir briller en société, on vous a décortiqué cette situation bien particulière qui concerne actuellement des joueurs comme Wunder, Mykix et Rekkles (G2 Esports).
La différence entre les free agents et les joueurs sous contrat
Alors que les négociations fusent en cette période de mercato, il faut distinguer deux types de joueurs. Les joueurs libres et les joueurs sous contrat. Ce statut ne dépend pas du tout de leur niveau de jeu ou de leur valeur, mais il implique des modalités contractuelles très différentes.
- Les joueurs libres : soit ils n'appartiennent à aucune équipe (pause, chômage, retour de retraite...), soit ils sont en fin de contrat (15 novembre) et seront bientôt libres comme l'air.
- Les joueurs sous contrat : ils ont un contrat qui dure jusqu'à fin 2022, 2023 voir 2024. Ces joueurs peuvent toujours partir pour signer autre part, mais l'équipe intéressée doit obligatoirement avoir l'accord de l'équipe qui détient le contrat actuellement. Parfois, le joueur est indésirable et la structure cède son contrat gratuitement. Mais en règle générale, la structure ne souhaite pas brader ses pépites et exige que le racheteur paye un buyout (prix de transfert) pour racheter le contrat du joueur concerné et compenser cette perte de talent.
Évidemment, la situation idéale pour un dirigeant, c'est de recruter des joueurs libres... Il suffit simplement de se mettre d'accord avec le joueur et de trouver un accord sur le salaire et le contrat. Quand il faut recruter un joueur qui est déjà sous contrat, on se retrouve avec des négociations triangulaires qui peuvent être très musclées et s'éterniser dans le temps. Le joueur, l'équipe vendeuse et l'équipe acheteuse ont tous leurs propres demandes et trouver un terrain d'entente peut être compliqué.
Les prisons contractuelles : quand les joueurs se retrouvent coincés à cause de leur prix
L'esport est un milieu instable et les carrières sont courtes. Pour beaucoup, c'est donc du bon sens que de s'engager avec une équipe sur plusieurs saisons, pour sécuriser son avenir et s'assurer d'avoir des revenus sur la durée. Le soucis, c'est que cette situation en apparence avantageuse peut se retourner contre le joueur. C'est notamment ce qu'on observe un peu avec les 3 stars vieillissantes de G2 Esports. Wunder et Mykix sont liés aux Samouraïs jusqu'à fin 2022 et Rekkles avait signé jusqu'à fin 2023. Mais après une année décevante et une non-qualification aux Worlds, Ocelote a placé tout ce beau monde sur le marché. Le soucis, c'est qu'il ne compte pas subir une perte sèche et il a fixé des prix de vente relativement élevés. On a parlé de 2 millions d'euros pour Wunder et d'1,5 million d'euros pour Mykix et Rekkles. On ne sait pas si ces sommes sont réelles ou fantasmées, mais dans tous les cas les prétendants ne semblent pas se bousculer pour ces anciens champions d'Europe.
On aboutit alors à une contract jail : tant que personne ne rachète ces contrats, ces joueurs sont bloqués chez G2 Esports. Ces derniers ne peuvent rien y faire, sauf dans la folle possibilité où ils rachèteraient eux même la fin de leur contrat, ce qui serait du jamais vu. Ils n'ont plus qu'à attendre qu'une autre équipe se manifeste pour les sortir de là en s'acquittant du prix exigé. Ocelote peut évidemment faire baisser les prix selon sa volonté, mais il est réputé pour être très dur en affaire.
Contract jail = exile dorée en NA ?
Vous l'aurez donc compris, le mercato c'est aussi une histoire de gros sous. Alors que tout le monde sait que les équipes esport coûtent plus qu'elles ne rapportent, certains dirigeants préfèrent recruter des joueurs libres et n'ont pas de scrupule pour faire pourrir dans des sombres cachots les joueurs sous contrat qui coûtent trop cher. C'est d'autant plus compréhensible qu'en Europe, les talents ne manquent pas... Les ERL marchent du tonerre, la LFL en tête, et il y a plein de talents à recruter gratuitement ou pour une bouchée de pain : Targamas, Cinkrof, Sertuss, Flakked...
En revanche, il y a une région bien connue qui ne dispose pas d'un vivier de talents aussi actif. L'Amérique du Nord et sa politique d'importation intensive risque donc d'arriver avec ses gros souliers et sa planche à billets, pour racheter fissa le contrat de tous les joueurs bloqués. Quand on aime, ou plutôt qu'on galère à l'international, on ne compte pas. Évidemment, les joueurs ne sont pas obligé d'accepter. Mais entre être bloqué sans jouer et jouer en NA, le choix et vite fait bien fait. Attention donc à la gueule de bois, on n'est pas à l'abris de retrouver Rekkles et compagnie en LCS l'année prochaine.