Photo : LoL Esports
De tous les adversaires des joueurs professionnels, il y en a un qui est impossible à battre : le temps. La carrière des professionnels commence tôt mais elle se finit aussi très rapidement. Au-delà des capacités physiques ou mentales qui se dégradent, il faut aussi pointer du doigt la motivation et les sacrifices consentis qui sont inhérents au plus haut niveau. Il n'y a pas d'âge fatidique et chacun est libre de ses choix, mais à partir de 25 ans les joueurs commencent à dire stop en sentant le poids des années. A l'issue du mercato, plusieurs légendes du jeu ont choisi d'embrasser d'autres trajectoires : coaching, streaming, service militaire... Sans eux, la scène compétitive paraîtra un peu vide en 2021, même si dans un mouvement de renouvellement permanent de nouveaux talents prendront leur place.
En souvenir du bon vieux temps, la rédaction a tenu à rendre un dernier hommage aux vieux loups qui peuvent partir se reposer fièrement, après des carrières bien remplies. Avec ce top qui assume sa part de subjectivité, c'est l'occasion de se replonger dans l'histoire de League of Legends. Avant de commencer, précisons cependant que seuls les joueurs ayant officialisé leur retraite ont été comptabilisés. Les free-agents ou ceux qui ont mis leur carrière entre parenthèses ne pouvaient prétendre à intégrer ce top.
1. Lee "Crown" Min-ho, l'élégant artiste
(2014-2020)
Élégant sur la Faille de l'Invocateur comme en dehors, cet ancien midlaner coréen est le seul champion du monde de notre classement. Jouant au plus haut niveau depuis 2014, Crown a remporté le titre en 2017 avec Samsung Galaxy et c'est à lui qu'on doit le skin Samsung Galaxy Taliyah. Au-delà de ce succès retentissant durant lequel il a collé un cinglant 3-0 au SKT de Lee "Faker" Sang-hyeok, sa carrière est riche en émotions. Pour autant, les émotions ne suffisent pas à remplir l'armoire à trophées. A part sa couronne mondiale que personne ne pourra lui enlever, il n'y a pas grand chose. Que cela soit en Corée, au Brésil ou Amérique du Nord il n'a pas réussi à gonfler son palmarès outre mesure. Dans un milieu où les chiffres et les succès font loi, l'héritage de Crown manque un peu de quantité. Mais au nom de la qualité et de la prestance, la rédaction a quand même choisi de mettre cet artiste au sommet du podium.
Crown est un personnage d'autant plus attachant qu'il a décidé de boucler la boucle pour finir sa carrière. Il est revenu en Corée pour jouer en division 2 (CK) du côté d'OZ Gaming, où il a partagé son expérience avec ses jeunes coéquipiers. Il devrait épouser à terme la carrière de streamer, au pus grand bonheur de ses fans. Mais il devra, comme tous les Coréens, passer par la case service militaire obligatoire au préalable.
2. Søren "Bjergsen" Bjerg, le précurseur génialissime
(2012-2020)
Le plus américain des Européens ou le plus européen des Américains a décidé de mettre un terme à sa carrière de joueur. L'icone de TSM ne quitte pour autant pas la maison, puisqu'avec une transition express il est dorénavant le head coach de l'équipe. La situation pourrait être inconfortable, notamment parce qu'il faudra assimiler une nouvelle relation avec Mingyi "Spica" Lu, qui passe de coéquipier à joueur sous sa gouverne. Mais on ne se fait pas trop de soucis pour le Danoi, qui depuis bien des années se comporte comme le patron de l'équipe. On ne sait pas si sa carrière de coach sera aussi réussie que sa carrière de joueur (6 fois vainqueur des LCS), mais c'est tout le bien que l'on peut lui souhaiter. Les fans attendent en tout cas encore beaucoup de lui, surtout après la dernière déroute (0-6) lors des Worlds 2020.
En Europe, Bjergsen garde une certaine cote de popularité même si l'ancien enfant prodige de Copenhaguen Wolves est parti du vieux continent depuis belle lurette. Il a parcouru bien du chemin depuis son arrivée en Amérique du Nord. Constamment considéré comme le meilleur midlaner de sa région, il n'a cependant rarement, voir jamais, confirmé sa flatteuse réputation à l'internationale. À part un maigre IEM Katowice, son palmarès international est vierge. Son héritage et son image restent cependant énormes et Bjergsen a inspiré de très nombreux joueurs. Ce n'était pas le premier, mais c'est un peu lui qui a lancé la mode des joueurs européens en LCS. On remarquera également qu'à 24 ans, il est loin d'être le plus vieux joueur de ce top... En revanche, c'est sûrement le plus précoce, puisqu'il a commencé à jouer au plus haut niveau dès 2012, à l'âge de 16 ans.
3. Yiliang "Doublelift" Peng, l'étoile de l'Amérique du Nord
(2011-2020)
Les fans de TSM ont sûrement dû passer un très mauvais début de mercato puisqu'après Bjergsen, une autre légende d'Amérique du Nord a annoncé raccrocher les crampons. Doublelift ne laisse pas grand monde indifférent, adulé par certain, critiqué par d'autres, l'ADC a marqué les esprits durant sa longue carrière. Souvent moqué pour sa grande bouche et son trash talk qui se retourne contre lui, personne ne peut lui enlever sa régularité et sa constance. Il a maintenu ses mécaniques de jeu au plus haut niveau et a connu le sommet des LCS avec CLG, Team Liquid et TSM... Glanant en cours de route pas moins de 8 titres de champion, soit 2 de plus que Bjergsen son ancien coéquipier et rival. Mais tout comme ce dernier, il n'a jamais vraiment réussi à confirmer à l'international. Pourtant il a eu ses chances... Il a participé à 8 championnats du monde. Le problème, c'est qu'à part en saison 1 où le format était bien différent, il n'a jamais réussi à passer les poules. L'étoile de l'Amérique du Nord s'est contentée d'amasser les étoiles régionales sur son maillot, mais n'a jamais réussi à se rapprocher de celle qui brille le plus.
Au-delà des résultats, avec le départ à la retraite de Doublelift, la scène League of Legends perd un personnage haut en couleur. Il a souvent fait le bonheur des médias. Il n'était jamais avare de punchline et entrait volontiers dans le jeu des journalistes. On ne connaît pas encore très bien la suite pour lui mais une carrière de streamer lui tend les bras.
Song "Smeb" Kyung-ho, le roi sans couronne
(2013-2020)
Smeb se serait bien vu continuer sa carrière un peu plus longtemps et, au début du mercato, nombre de fans espéraient le voir enfiler un nouveau maillot. Après avoir quitté KT Rolster, il avait en effet indiqué sur les réseaux être à la recherche d'un nouveau challenge... On ne sait pas si les équipes du monde ont reçu le message... Mais après plusieurs semaines de doute, aucun contrat n'a été conclu. Trop gourmand ou pas assez attractif ? On n'aura jamais la réponse à cette question. Smeb prend sa retraite avec une flatteuse réputation, lui qui a été considéré pendant plusieurs années comme le meilleur toplaner du monde. Son palmarès reste cependant un peu décevant. Il n'a gagné que deux fois la LCK et n'a pas réussi à remporter les Worlds. Il faut dire, qu'il a joué pendant la grande époque de SKT contre qui il a très souvent perdu en finale avec Rox Tigers. Maintenant que Lee "Kuro" Seo-haeng, Kim "PraY" Jong-in et Kang "GorillA" Beom-hyun sont eux aussi retraités, il ne reste plus qu'Han "Peanut" Wang-ho pour porter l'héritage des anciens tigres.
On retient souvent les vainqueurs, mais la scène League of Legends a aussi besoin de perdants magnifiques comme Smeb. Il n'a d'ailleurs pas tout perdu et pourrait lui aussi se consacrer au streaming, après son service militaire. Il dispose d'une grande renommée et de très nombreux fans en Corée et dans le monde.
5. Sebastián "Oddie" Alonso Niño Zavaleta, la pointe d'exotisme
(2013-2020)
La rédaction a décidé d'attribuer la 5e place de ce classement à Oddie. Ce jungler ne chasse pas les cafards mais s'est montré carnassier sur la scène d'Amérique du Sud. Avec 6 titres de champion régional (avec Lyon Gaming, R7 et Isurus Gaming), c'est sûrement le plus grand jungler de la région qui a tiré sa révérence durant le mercato. On l'a aussi observé à plusieurs reprises à l'international puisque l'ancien jungler a participé à 2 Worlds et 3 MSI. On ne l'a jamais vu dans un Main Event, mais comme il est issu d'une région mineure, difficile de lui en tenir rigueur. Son compagnon de toujours, Édgar Ali "Seiya" Bracamontes Munguía est lui toujours bien actif, ce qui devrait donner du baume au cœur aux fans d'Amérique du Sud. Ce dernier devra cependant se sentir un peu seul... Les deux compères jouaient ensemble depuis 2016 et ne se sont jamais quittés.
Comme cette année, Oddie n'était pas aux Worlds, il a pris sa retraite dès la fin des playoffs de la LLA. Il est donc retraité depuis août et enchaîne depuis des sessions de soloQ en streaming sans pression.