Photo : LoL Esports
Comme chaque année, de nombreux talents européens partent en Amérique du Nord durant le mercato. Cette année, c'est Luka "Perkz" Perković la tête d'affiche. Le visage de G2 Esports s'est envolé outre-Atlantique pour signer chez Cloud9. Il y découvrira une nouvelle région compétitive en plus de retrouver son poste de prédilection sur League of Legends. Barré en midlane par Rasmus "Caps" Borregaard, il n'avait pas d'autre choix que de partir. Mais, on aurait très bien pu imaginer un départ tout en restant en Europe. Fnatic, le grand rival européen, était à la recherche d'un nouveau midlaner après les Worlds décevant de Tim "Nemesis" Lipovšek.
En théorie, ce transfert aurait été aussi intéressant sur la Faille de l'Invocateur qu'en dehors. Les fans européens auraient sûrement préféré cette alternative, plutôt que de perdre de vue Perkz. Mais pourquoi ce mouvement ne s'est pas fait ? Les principaux intéressés, Carlos "ocelote" Rodríguez Santiago, le CEO et fondateur de G2 Esports et Perkz ont expliqué leur version des choses chacun de leur côté.
Ocelote : une position entre compréhension et fermeté
Ocelote est connu pour son franc-parler et ses punchlines intergalactiques. Suite au départ de son joueur polyvalent, il n'a évité aucune question à son sujet. Il a toujours entretenu des bonnes relations avec Perkz et ils continueront à s'apprécier et à se respecter quoi qu'il arrive. Il a pris en compte les désirs de son joueur : un retour sur la midlane. Ne pouvant lui offrir cette place dans son équipe, il ne s'est pas opposé au départ de sa pépite, même si son contrat chez G2 Esports courrait à l'époque jusqu'à fin 2022. Il n'y avait aucun intérêt à verrouiller un joueur à un poste non-désiré. C'était aussi ridicule d'aller au conflit avec ce joueur si particulier et si cher à G2, qui a rendu de nombreux services à l'équipe et participé à de multiples succès. Ocelote rappelle dans les nombreuses interviews qu'il a données que le passage de Perkz en botlane était un sacrifice consenti, le Corate ayant mis son ego de côté pour aider l'équipe et chercher, avec réussite, des trophées supplémentaires. En tant qu'ADC, Perkz a ainsi gagné 3 titres de champions d'Europe et 1 MSI.
Pour autant, s'il s'est montré compréhensif, Ocelote est avant tout un businessman et un compétiteur qui n'oublie pas ses propres intérêts. Pas question de brader son protégé qui disposait d'une très grande valeur marchande en raison de son niveau, de la durée de son contrat restante et de son image en dehors des terrains. Peu de structures pouvaient se permettre d'assumer le coût d'un tel transfert auquel il fallait ajouter un contrat juteux pour convaincre perkz. Cloud9 a montré que la structure avait assez de finance pour le faire mais Fnatic, s'était également positionnée... Sauf que Ocelote s'y est totalement opposé, expliquant qu'il était absurde pour lui de renforcer un concurrent direct. Il a refusé d'ouvrir les négociations avec Fnatic.
Dans un podcast, le CEO de G2 a expliqué plus précisément son raisonnement. Il compte bien rester numéro 1 dans sa région et continuer à développer la marque G2 Esports. Pour cela, il doit obtenir les meilleurs résultats mais aussi la confiance de ses investisseurs. Ces derniers, veulent miser sur le cheval le plus compétitif. Impossible dans cette optique de céder Perkz à Fnatic. Si ces dernières années, le rival a toujours fini deuxième, avec Perkz le rapport de force aurait pu s'inverser. Certains demanderont pourquoi Fnatic a laissé Martin "Rekkles" Larsson partir pour G2 Esports dans ce cas ? La réponse est aussi limpide que cruelle. Fnatic n'était pas en position de force et a une puissance de frappe bien inferieure à G2. C'est la dure loi du marché et les plus gros peuvent manger les plus petits en toute impunité.
- Rekkles était en fin de contrat : il était donc libre de signer où il l'entendait
- G2 gagne beaucoup plus de trophées que Fnatic : l'argument de performance est du côté de G2
- G2 peut se permettre d'être exigeant : G2 a non seulement assez de ressources pour choisir la destination de ses stars sur le départ, mais surtout suffisamment de prestige pour endurer la hate sur les réseaux. Par ailleurs, les organisation souhaitant acquérir Perkz se sont pressés au portique, au point que G2 pouvait largement s'autoriser d'éliminer son rival principal de la liste des candidats.
Perkz : un choix plus libre que contraint
La première question concernant cet hypothétique transfert qui n'a pas eu lieu est la plus importante. Au-delà du veto d'Ocelote, est-ce que Perkz avait envie de signer pour Fnatic ? Personne n'a la réponse exacte à la question, si ce n'est le joueur lui-même. Si rester en Europe est plus simple et semble garantir de meilleures chances de gagner à l'international, il y a aussi plusieurs arguments pour partir en Amérique du Nord. Au-delà du salaire et de la découverte d'un nouvel environnement, C9 a tous les arguments pour jouer le titre en LCS l'année prochaine. Il y retrouvera en plus ses anciens coéquipiers Jesper "Zven" Svenningsen (ADC) et Alfonso "Mithy" Aguirre Rodríguez (coach stratégique). Fnatic de son côté n'a pas les meilleures garanties pour 2021... Après avoir perdu Rekkles, l'équipe risque d'être plus occupée à défendre sa deuxième place plutôt qu'à jouer le titre.
Perkz a aussi révélé qu'il avait eu des offres de beaucoup d'équipes. Il n'a pas donnés les noms, mais des structures chinoises et coréennes l'auraient approché. Ce n'est pas étonnant étant donné la valeur et la renommée du joueur. Le Croate a cependant expliqué que pour des raisons de culture et d'adaptation, il n'a pas donné suite. On peut donc penser que Fnatic ou pas Fnatic, C9 restait sa meilleure option.