Crédits miniature : Daan Driessen | GLL
La pandémie du coronavirus a frappé PUBG tout comme de nombreux autres jeux esport, tous les événements offline ont été annulés. Pour autant, cela a donné lieu à tout nouveaux événements, et avec, un tout nouveau roster pour Raise Your Edge.
Cependant, pour mieux comprendre la formation de ce roster, il faut remonter jusqu'en janvier dernier, quand Benjamin, "mOnKeY" Lartigue a commencé à faire partie de la nouvelle version d'Exalt Gaming, aux côtés de son compatriote français Romain "Shiv" Hermann et du serbe Jovan "Naylup" Tomasevic. Le leader ingame allemand Magnus "Udyr" Hartmann faisant également son retour dans l'équipe qu'il représentait il y a plus d'un an de ça.
La quatuor a fait une entrée fracassante dans la compétition, se qualifiant d'abord pour l'event, puis remportant une 6ème place tout à fait respectable lors des finales de la saison 4 des GLL. Ils ont enchaîné avec un top 4 au PGS Berlin, prévu pour être le premier événement des Global Series 2020.
Puis l'épidémie a frappé. Et RYE ayant terminé derrière Exalt en 9ème position, puis perdant deux joueurs successivement, la décision a alors été prise de recommencer à zéro. Le roster d'Exalt a été choisi par Raise Your Edge, et une nouvelle aventure a commencé.
Avance rapide de quelques mois. Après une décevante 19ème place aux PCS1, RYE a choisi de remplacer Naylup par la star russe Roman "ADOUZ1E" Zinovev.
Le cœur de l'équipe, composé de mOnKeY, Udyr et Shiv, étant resté intact — les trois jouant ensemble depuis plus d'un an avant ces PCS2 depuis leur passage chez Reciprocity — on peut se demander comment le nouveau venu a été accueilli dans l'équipe.
"On a joué avec Naylup chez Exalt, et on avait quelques noms avant lui", raconte mOnKeY. "On a fait des essais avec Fexx, Kaymind et ADOUZ1E. Au final on a choisi Naylup. Mais on a toujours gardé ADOUZ1E en tête depuis ce moment-là, c'est l'un des meilleurs au monde".
Connu pour être l'un des meilleurs fraggers sur PUBG, et toujours susceptible d'apparaître dans des highlights, ADOUZ1E est arrivé avec une grosse réputation. Mais il s'est avéré ne pas être tout à fait comme mOnKeY l'imaginait.
"On s'imaginait pas du tout qu'il serait comme ça, il est super bavard, presque comme un deuxième IGL. Au début on s'est juste dit 'ça va être un gros fragger qui ne parle pas trop, qui frag juste tout le monde'. Au final c'est quelqu'un qui parle beaucoup, il apporte beaucoup d'idées et fait beaucoup de calls, c'est la solution idéale pour l'équipe".
En route pour les PCS2. Après un début prometteur, terminant le premier jour à la 6ème place, l'équipe a finalement terminé la compétition en 8ème position. Un résultat plutôt solide compte tenu du niveau de la région, mais tout de même décevant pour mOnKeY.
"On avait trois semaines à jouer dans ce tournoi, et on a fait une bonne semaine, une mauvaise et une passable. On a fini top 8 mais on a été très proches d'être dans le top 3, à 20 points près. Si on avait pu transformer la mauvaise journée en une passable, on aurait été top 5, et si on avait eu que des bonnes semaines, on serait dans le top 3."
Alors, où est-ce que ça a mal tourné?
"Pendant le lategame, évidemment", dit mOnKeY. "C'est pas un problème de communication, peut-être de patience. Je peux pas rentrer dans les détails, on doit en parler avec l'équipe. Mais notre principal problème, c'est le lategame."
Cela peut se comprendre, il y a eu plusieurs fois où RYE aurait pu (et dû) remporter des victoires, mais ne l'a finalement pas fait.
"En général on sait quand on peut décrocher une free win. Sur 24 matchs, on a eu 3 ou 4 possibilités de free wins, mais on en a concrétisé aucune. On est la seule équipe parmi les 8 premiers à ne pas avoir gagné de game."
Une bonne performance compte tenu du roster, mais qui témoigne aussi de la nature compétitive de mOnKeY, toujours motivé pour être le meilleur.
Ce sentiment devient encore évident au moment où notre conversation se concentre sur les maps, pour savoir si oui ou non, Sanhok doit être incluse dans les compétitions PUBG.
"D'un point de vue compétitif et esport, Sanhok n'est pas une bonne map sur laquelle jouer, tout comme Vikendi et Karakin. Quoique Vikendi, c'est à voir : on doit la tester, y faire quelques scrims."
A la suggestion de l'idée que les équipes professionnelles puissent jouer des autres maps lors d'événements plus fun, l'aspect compétitif est mis en avant.
"Tu veux dire comme un Twitch Rivals ? On a joué un tournoi pour le fun il n'y a pas longtemps, et ils ont mis Sanhok. On est joueurs pro, compétitifs tout le temps. Oui voilà, c'est exactement ça, on n'est pas là pour le fun, on est là pour gagner."
L'un des changements arrivés avec les PCS2 a été le passage à 4 games par jour de compétition, et 6 jours de jeu répartis sur 3 weekends (avant, c'était 6 games par jour sur 2 weekends).
"C'est complètement nouveau pour nous", déclare mOnKeY. "On avait l'habitude de jouer 6 matchs par jour. Jouer 4 matchs est un peu trop rapide, on préfère jouer 5 ou 6 matchs par jour. Au final, 24 matchs, ça fait pas la différence".
Et comment s'ajuste-t-on mentalement ?
"Quand on joue des tournois comme celui-là avec 4 matchs par jour, il est important de rester concentré toute la journée. Quand on en jouait 6 par jour, on se disait 'ok, si on perd le premier match, dans notre tête, c'est l'échauffement'. Avec 4 matchs, si tu loupes une game, ça peut foutre en l'air ta motivation pour le reste de la journée parce que tu n'auras pas le temps de reset et de rester focus pour le reste de la journée. Avec 6 matchs, tu as le temps de t'échauffer, je dirais"
Après une période d'incertitude dûe à la pandémie, les events compétitifs affluent rapidement et en grand nombre. Les PCS, PUBG Pro Sessions, les PSL... Les joueurs sont constamment occupés en cette fin d'année.
"On adore ça, on attendait que ça", dit mOnKeY à propos du calendrier chargé. "Il faut aussi se rappeler qu'au début de PUBG, il y a peut-être 2 ans maintenant, on jouait 4 ou 5 tournois différents par semaine. On jouait 5 jours consécutifs de tournois par semaine. On était habitués à ça, on adorait parce que c'est le jeu auquel on aime jouer. Quand on joue seulement une ou deux fois par semaine, c'est pas assez. Quand on a les PCS 2, la DreamHack, les PCS3, c'est bien. Mais on aimerait en avoir plus, et c'est tout ce qu'on demande."
Encore une fois, cet esprit de compétition, ce besoin de rivalité, revient au premier plan. Mais c'est aussi quelque chose que mOnKeY savoure. Etant données les circonstances de cette année 2020, il aurait pu en être autrement.
"Quand le confinement est arrivé, toutes les LANs jusqu'à la fin d'année ont été annulées. On s'est dit 'c'est bon, le jeu est mort'. Maintenant c'est vraiment bien ce qu'ils ont fait avec les PCS. En termes de cash prize, de date, du nombre d'events, c'est vraiment honnête. Si on compare avec les autres compétitions esport sur des Battle Royale, je dirais que PUBG est l'un des meilleurs compromis. Vu le cash prize, le nombre de tournois qu'on joue, c'est vraiment bien".
L'état actuel de PUBG est un sujet récurrent sur les réseaux sociaux, la méta Beryl dominant actuellement. Mais qu'est-ce que mOnKeY en pense ?
"Une des choses qu'on demande c'est un équilibrage des armes. Depuis trois ou quatre mois maintenant, tout le monde joue au Beryl. Les Mini et SLR sont bien, les DMR c'est 50/50. Mais la méta Beryl dure depuis trop longtemps, ça fait au moins deux mois qu'ils auraient dû fix ça."
Pour l'instant, mOnKeY et ses mates sont occupés à préparer les events pré-PCS3. Avec une 19ème place au DreamHack Fall Showdown, qui s'est terminé le week-end dernier, il est clair qu'il reste du chemin à parcourir. L'Europe est une région forte et la concurrence sera rude.
"L'Europe est très forte en ce moment", a déclaré Benjamin Lartigue quelques jours à peine après la fin des PCS2. "On a beaucoup de bonnes équipes. Si on regarde le classement des PCS2, il y a tellement de teams proches les unes des autres, même après 24 games, c'est fou. Si on avait joué 40 ou 60 games, ça aurait été la même chose, sûrement. On a fini top 8, avec seulement 20 points de retard sur le top 3."
C'est difficile à nier : FaZe Clan a remporté les PCS2 confortablement, après avoir de nouveau sorti un "FaZe Sunday". Mais derrière eux, les équipes étaient beaucoup, beaucoup plus proches que d'habitude.
"On a fini top 8, on était à 20 points du top 3."
Il manque une très bonne game sur les 24 pour passer un palier. Si proche, mais pourtant si loin. Alors, quel est l'objectif de mOnKeY et de son équipe pour les PCS3, event pour lequel ils sont invités ?
"Notre objectif pour les PCS3, c'est de faire partie du top 5. On va y arriver, c'est sûr. On doit le faire, et on veut le faire."
Une bonne idée de tatouage cette phrase non ?
"Oui, clairement. Je me ferais faire ça sur la jambe !"
Interview retranscrite de notre site anglophone et rédigée par David W. Duffy