Les annonces du 10ème anniversaire de League of Legends ont été faites ce 16 octobre 2019 par Riot Games, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elles auront surpris leur monde. Au menu, et si vous avez raté tout ça, vous pourrez retrouver d’ici fin 2019 et courant 2020/2021 un jeu de cartes (Legends of Runeterra), le portage de deux licences sur mobile (League of Legends : Wild Rift et Teamfight Tactics), un jeu de Versus fighting (projet L) et enfin un FPS/Stratégie pour le moment nommé Projet A. A cela va enfin venir s’ajouter une série animée dans l’univers de League of Legends, Arcane. Le dernier jeu, Projet F, est encore à un stade de développement que l’on pourrait qualifier de quasi-nul et l’on a même du mal à percevoir s’il s’agira d’un hack’n’slash, d’un MMORPG, ou encore d’un autre style.
Pour ne rien oublier, nous pouvons aussi mentionner les quelques nouveautés apportées à League of Legends (Senna ainsi que les importants changements de la présaison nommée Avènement des éléments), ainsi qu’un documentaire Netflix et un League of Legends Esports Manager pour confectionner sa propre équipe de fantasy league.
Sorties de TFT puis d'un CCG : le plan parfait ?
Cela faisait maintenant quelques années que la communauté du gaming s’attendait à une annonce (mais clairement pas à autant à la fois) qui allait enfin permettre de justifier le “s” de Riot Games. Et le moins qu’on puisse dire, encore une fois, c’est que l’éditeur n’a pas fait dans la demi-mesure.
Tout commence en juin 2019, au moment où Riot Games annonce sortir un mode de jeu pour League of Legends. Loin des ARAM et consorts, Teamfight Tactics (TFT) est un auto battler plutôt réussi et qui va rapidement attirer l’œil d’une grosse part de la communauté qui s’intéresse d’habitude aux TCG/CCG (Trading/Collectible Card Games). Combiné à une baisse d’intérêt relative pour Hearthstone au même moment, il n’en faut pas plus pour que Dog, joueur Team Liquid, laisse tomber sa place aux Grandmasters pour se consacrer à Teamfight Tactics (même s’il ne l’avouera qu’à demi mot). Les anciens leaders de la communauté CCG sur Twitch comme Hafu ou encore Disguised Toast passent aussi sur le mode de jeu de Riot et y jouent toujours à l’heure où ces lignes sont écrites. Le jeu commence à prendre du poids, les patchs s’enchaînent au même rythme que ceux de League of Legends et les développeurs s’escriment à équilibrer de toutes les manières possibles un jeu qui devrait d’ailleurs très bientôt avoir une scène compétitive. D’aucuns seront ravis de cette nouvelle, mais d’autres auront une préférence pour la suite des opérations…
Car c’est un move parfait de la part de Riot Games puisqu’après avoir attiré bon nombre d’amateurs de jeux de stratégie/tactical/cartes, l’éditeur annonce son CCG, Legends of Runeterra. Les développeurs sont unanimes : cette succession n’était pas prévue ni programmée. En effet, Teamfight Tactics est développé par une équipe complètement différente de celle qui œuvre sur le jeu de cartes, et a surtout été sorti bien plus rapidement, presque sur un “coup de tête”. Ils ne s’en cachent pas : beaucoup des membres de l’équipe sont fans des auto battlers de manière générale (Dota Auto Chess basiquement) et ont travaillé rapidement pour mettre tout cela en place, tant que l’effet de mode est toujours présent en somme.
Difficile de savoir l’impact que la sortie de Legends of Runeterra aura sur son principal concurrent Hearthstone, mais il est à peu près certain que la rivalité sera très rapidement épique. Les lores de Warcraft et League of Legends ont tous les deux leurs arguments et leurs fans inconditionnels, et la décision devrait se faire sur d’autres secteurs : l’équilibrage, le système économique, la profondeur de gameplay ou encore la rapidité à sortir du nouveau contenu. Selon Nicolo, PDG de Riot Games, les problèmes des concurrents ont été identifiés (système économique parfois trop exigeant niveau argent réel, trop grande part laissée à l'aléatoire) et ses équipes sont en charge de les résoudre sur leur propre jeu. Côté Hearthstone, il faudra attendre la Blizzcon pour en connaître davantage.
Une ouverture sur le mobile assumée
Sans aucune licence sur mobile jusqu’à maintenant, Riot va se lancer dans le grand bain des téléphones et tablettes courant 2020. Au menu, Wild Rift, Teamfight Tactics, mais aussi le portage de Legends of Runeterra. Encore une fois, la bataille va être rude entre Riot Games et Blizzard puisque Diablo Immortal devrait pointer le bout de son nez pour fin 2019-début 2020, avant peut-être même d’autres annonces lors de la Blizzcon qui arrive dans quelques jours. Le marché mobile possède déjà le plus grand nombre de joueurs, et il est acté qu’il est le plus lucratif de tous. Passer à côté reviendrait quasiment à une faute professionnelle de la part d’un éditeur quel qu’il soit. Si la communauté Blizzard n’a que très peu goûté l’annonce de Diablo sur mobile à la Blizzcon 2018, le portage de League of Legends pourrait offrir une porte de sortie aux joueurs sans PC, mais aussi aux impatients qui désirent des games plus rapides — celles-ci sont prévues pour durer entre 15 et 18 minutes sur Wild Rift. Tant que le jeu originel existe, comme c’est le cas avec League of Legends ou TFT, les joueurs PC autant que mobile devraient rester satisfaits.
Cette ouverture sur le marché mobile devrait aussi et surtout satisfaire les attentes du marché chinois qui en est particulièrement friand, même si la concurrence sera rude. On est en droit de se poser la question suivante : “Quel est le le réel intérêt pour Riot Games de sortir cette nouvelle licence alors que sa maison-mère, Tencent, a déjà largement la main sur le marché asiatique avec Arena of Valor ?”. Viser le marché occidental ? Européen ? Quoi qu’il en soit, ces deux licences se feront concurrence tout en appartenant au même propriétaire. Ajoutons à cela le fait que Blizzard est dans la tourmente à l’heure actuelle. Tous les voyants sont donc au vert côté Riot Games pour espérer s’installer durablement sur le marché mobile.
Un catalogue très fourni pour affronter la concurrence
Ni les développeurs Riot Games, ni Nicolo — présent dans Le Journal il y a quelques jours — ne s’en cachent : ils sont tous très fans du travail effectué par Blizzard. Et ils ne refusent pas la comparaison lorsqu’elle évoque des points communs très nombreux avec le catalogue de l’autre firme californienne. League of Legends est inspiré d’un mod de Warcraft 3, Legends of Runeterra reprend des principes de Hearthstone, et les divers projets évoquées plus haut pourraient bien ressembler quelque peu à Overwatch — même si les développeurs du Projet A sont des amateurs de Halo, Call of Duty et Counter Strike — et même à Diablo par exemple. Le lore commence aussi à prendre un peu plus de place qu’il y a quelques années chez Riot Games, avec des moyens énormes mis dans des scènes magnifiques comme la présentation de Senna par exemple. La série animée Arcane qui arrive (créée par un studio français d’ailleurs, Fortiche Prod) concrétise aussi l’aboutissement d’un projet de longue date, pour donner envie aux joueurs de ne pas sortir de l’univers de Runeterra, mais au contraire d’en explorer tous les recoins et d’en connaître les moindres anecdotes.
Le but est tout simplement de s’inspirer de ce qui fonctionne sur le marché, et de faire mieux. On pourrait sans doute arguer que c’est choisir la facilité que d’opérer de cette manière, mais le but final n’est-il pas de créer des jeux que la communauté aime ?
Bien sûr, nous ne mentionnons ici que Blizzard-Activision en comparaison à Riot Games puisque seuls ces deux éditeurs peuvent actuellement avoir la prétention de se mener une véritable guerre d’influence, en Occident tout du moins. Ubisoft, EA, CD Projekt Red et encore bien d’autres ne sont pas en reste quant à la qualité de leurs jeux, mais ne sont clairement pas dans la même catégorie en ce qui concerne le rayonnement de leurs licences.
Vers une année 2020 charnière pour le gaming ?
Tout le monde ou presque s’accorde à le dire : les conférences successives de Riot Games et de Blizzard-Activision sur une période de quelques semaines sont une aubaine pour le monde du gaming, qui saura alors mieux de quoi seront faites l’année 2020 et les suivantes.
Chacun a son éditeur de prédilection, celui avec lequel il a grandi dans le monde des jeux vidéo.
Pour l’heure, l’effet de nouveauté prend le pas sur l’entendement de la communauté, et comme on aime à le dire, “le dernier qui a parlé a raison”. Les annonces des projets de Riot Games sont saluées par la communauté gaming de manière générale, mais quid de l’avis de celle-ci lorsque la Blizzcon sera passée ? Bien malin qui saurait prévoir tout cela, et encore plus présager de l’issue de la future guerre d’influence des éditeurs. Rendez-vous dans quelques jours pour reparler de tout cela...