La famille de Blasko le barjo s'agrandit et les deux filles de B.J. enfilent leurs exosquelettes pour Wolfenstein Youngblood, une expérience coop sans peur, mais loin d'être sans reproches.
- Genre : FPS
- Date de sortie : 25/07/2019
- Plateforme : PC, PS4, Xbox One, Nintendo Switch
- Développeur : Machinegames
- Éditeur : Bethesda
- Prix : 34,99€
- Testé sur : PC
Veni, vidi, Vichy
Dix-neuf ans après les événements de The New Colossus, la famille de Blasko le barjo écoule des jours paisibles dans sa petite maison de campagne. Papa et maman enseignent l'art subtil du massacre de nazis à leurs deux filles, Jess et Soph, toutes deux âgée de 18 ans. La disparition du papounet va cependant bousculer cette charmante routine et c'est évidemment aux deux jumelles que va revenir la lourde tâche de retrouver B.J., vu pour la dernière fois à Paris. Équipées d'exosquelettes trouvés dans leur grenier, Soph et Jess vont donc avoir tout le loisir de mettre en pratique ce qui leur a été inculqué pendant toutes ces années et déglinguer du nazillon par douzaine. La première mission du jeu met directement dans le bain, alors que les rejetons Blasko doivent éliminer un général allemand, gênant les plans du mouvement de résistance parisien.
Une introduction menée tambour battant qui permet de constater deux choses : L'arsenal a toujours autant de patate et les quelques mécaniques de coopération entrevues dans ce premier massacre fonctionnent bien. Dans Yougblood, nos deux héroïnes peuvent en effet s'entraider en permanence grâce à un système de signes leur octroyant divers bénéfices, comme du soin, un gros gain d'armure, etc. L'autre bonne trouvaille de gameplay, c'est ce système de vie partagée qui impose la coopération, puisque le destin de Jess est fatalement lié à celui de Soph : si l'une d'entre elles tombe à terre alors que vous n'avez plus de vie, la partie est terminée et c'est retour illico-presto au dernier checkpoint (qui peut, parfois, se trouver à bonne distance du lieu de décès). Passé ce premier contact tout à fait engageant, les filles se retrouvent ensuite catapultées dans un HUB central qui va mettre en place la fameuse structure plus "ouverte" de Yougblood, en définissant directement les 3 objectifs principaux à atteindre, dans n'importe quel ordre. Problème : un niveau recommandé bloque l'entrée de chaque "Frère" (des tours contenant de précieuses informations sur la position de B.J.) et pour prétendre gravir chacun d'entre eux, il va falloir farmer de la quête annexe Fedex sans aucune saveur.
Et là, le château de cartes s'écroule : la construction du jeu casse complètement le rythme de ce dernier et il va falloir passer et repasser dans les mêmes endroits meublés par des vagues d'ennemis toujours placées de la même manière afin de remplir des objectifs sans aucun intérêt, si ce n'est celui du gain d'expérience pur. Découpé en quartiers, reliés par un métro correspondant à un temps de chargement, WY ne va pas hésiter à vous faire slalomer entre différents pâtés de maison dans une même mission, forçant encore davantage les allers-retours. Il s'agit là d'un problème structurel particulièrement gênant, d'autant que l'arbre de compétences lié aux niveaux engrangés ne justifie vraiment pas toutes ces mécaniques, avec des arbres proposant des bonus de 25 de vie supplémentaires ou des durées de pouvoir allongées.
A force de répétition, même le level design proposant différentes routes devient inconséquent, puisqu'une fois le chemin le plus rapide trouvé pour traverser un quartier, ce sera toujours celui-ci qui sera emprunté, afin d'accélérer les trajets. L'exploration des trois tours reste alors ce que Youngblood a de meilleur à offrir, même si, là encore, leur construction sera strictement identique l'une à l'autre : quelque soit le Frère, vous pourrez y entrer par des souterrains, votre objectif consistera toujours à débloquer des ascenseurs et vous y trouverez toujours une nouvelle arme, débloquant l'accès à de nouvelles salles, le jeu incitant fortement au backtracking. Quant à l'écriture, gros point fort des précédents Wolf made in Machinegames, elle est ici particulièrement maladroite, avec deux jeunes femmes traitées comme si elles avaient douze ans. Oubliez l'ambiance délurée des trailers, qui laissait espérer une aventure beaucoup plus légère sous fond de Carpenter Brut, ici, le second degré ne marche jamais vraiment et les seuls moments "drôles" de l'aventure ont tous déjà été vus dans les trailers. De toute façon, avec cette structure ouverte, ne vous attendez pas à une narration aussi soutenue qu'auparavant : une cutscene au début, quelques-unes après l'ascension des 3 Frères et c'est marre. Le scénario du jeu tient sur un post-it et il en va malheureusement de même pour le développement de ses deux héroïnes, une vraie déception.
Un Reich rêche pas reuch
Comme mentionné plus haut, ce sont surtout les combats et le feeling des différentes pétoires qui sauve Youngblood de la catastrophe : le massacre de nazis se veut toujours aussi viscéral et la division des forces ennemies en plusieurs classes à dézinguer dans le bon ordre fonctionne, d'autant que les multiples façons d'aborder les menaces permet de varier les situations : à l'instar de Dishonored, l'infiltration est totalement envisageable, pour peu que vous réussissiez à composer avec une mécanique au corps-à-corps plutôt capricieuse. Mais, car oui il y a souvent un mais avec Youngblood, la nécessité d'augmenter ses niveaux via l'expérience force à trucider le plus de vilains possible, ce qui finit fatalement par casser toute envie de se la jouer finement, puisque cela n'est pas du tout récompensé par le jeu. Au rang des incohérences, l'amélioration de l'arsenal est aussi à souligner : tout au long de l'aventure, vous accumulerez des pièces servant à l'achat d'upgrades d'armes, qui nécessitent également d'atteindre un certain niveau avant de pouvoir être achetés. Nouvelle déconvenue, la grande majorité des armes demande un niveau 25 avant de pouvoir être améliorées, soit celui que vous aurez atteint en arrivant à la dernière mission du jeu. La goutte d'eau ? L'inclusion, certes discrète, de micro-transactions permettant d'acheter skins et améliorations à la place des pièces : autant dire que cela n'a absolument pas sa place dans un titre qui vous occupera, au mieux, une douzaine d'heures.
D'un point de vue purement technique, Youngblood reste peu ou prou dans la même veine que New Colossus, ce qui reste tout à fait acceptable aujourd'hui, avec de jolis effets pyrotechniques et un Paris des années 80 plutôt propre sur lui, même si l'accumulation de clichés sur la France pourra irriter, à croire que l'on se nourrissait uniquement de croissants et de clopes à cette époque. Côté bande son, pas de miracle, et si vous vous attendiez à de la synthwave ou autres sonorités eighties, vous allez au devant de grosses désillusions : les thèmes sont tous en retrait et ne viennent jamais soutenir l'action, à part lors de l'ascension des Frères et des combats de boss les accompagnant. La liste des déceptions pour ce Wolfenstein Youngblood est longue comme le bras, cependant il reste une expérience "sympatoche" proposée à un tarif tout à fait raisonnable, ce qui est surement l'un de ses plus gros arguments face à d'autres expériences multijoueurs bien plus réjouissantes.
Voir la suite