On a failli attendre ! Cela fait déjà plus de dix ans que la saga Kingdom Hearts laissait de nombreux joueurs bouche bée au terme d'un KH2 au final spectaculaire. Pour la faire courte, Kingdom Hearts 3 est l'une de ces arlésiennes au développement tortueux qui finit, enfin, par voir la lumière du jour.
Testé sur PS4.
Les frères Mickey
Comme indiqué dans le synopsis de l'article, notre test se base sur une partie en expert en accomplissant beaucoup de quêtes annexes, pour un temps de jeu qui doit désormais avoisiner les 40 heures. Un choix plutôt salvateur pour le plaisir de jeu, puisque la profusion d'attaques spéciales et de coups dévastateurs disponibles dès le début du jeu nous ont tout de suite fait comprendre que le titre serait une promenade de santé en normal.
Le mode des "vrais" propose un challenge bien relevé (quoique encore un peu trop facile), ce qui demande de s'intéresser à de nombreux systèmes annexes permettant d'améliorer Sora et ses gardiens encore et encore, afin de vous en sortir convenablement lors des bastons. Rien de bien extravagant non plus, mais entre la forge, l'achat d'objets, les synthèses et les PC, il y a tout de même de quoi faire : l'aspect personnalisation est certes moins poussée que dans les opus portables, mais d'un point de vue gestion d'inventaire, c'est tout à fait satisfaisant, le coeur du jeu reste le combat après tout. Et puis cette montée en puissance du héros, toujours aussi grisante : comme s'il tirait des apprentissages de chaque bataille, Sora va débloquer compétences et nouvelles attaques à activer grâce à une jauge de PC présente dès le premier opus. Cela permet de renouveler le système de combats avec de nouveaux éléments de manière régulière pour qu'à la fin du jeu, Sora devienne un véritable super-héros capable de voler ou d'enchainer les sorts haut niveau.
Mais le choix du mode expert est à double-tranchant, puisque c'est à ce niveau d'exigence que les faiblesses du jeu épaississent leurs traits : KH3 dispose effectivement des mêmes tares que la série se traine, parfois depuis le premier épisode. La caméra, capricieuse; ce permet pas toujours d'avoir un regard optimal sur le champ de bataille, lorsqu'elle ne va pas se planquer derrière des éléments du décor. Dans le même ordre d'idées, les quelques chutes de framerate constatées viennent parfois ternir des combats qui sont pourtant chorégraphiés avec un grand soin. On pourra d'ailleurs reprocher à ce nouvel épisode de vouloir trop en faire, avec des attractions complètement pétées, trop longues et que vous finirez par ne plus du tout utiliser, par lassitude.
Les rixes du jeu ressemblent donc plus que jamais à un 14 juillet permanent, featuring particules dans tous les sens et couleurs qui explosent à l'écran en guest. C'est du grand n'importe quoi assumé avec des commandes "réaction" (à effectuer avec triangle/Y) surpuissantes s'accumulant vitesse grand V dans le menu d'action. Sans rentrer dans le détail aujourd'hui, notre jeune héros a à sa disposition : 3 keyblades à changer à la volée, de la magie liée au principe de PM habituel, des invocations, des actions contextuelles avec le décor ou des coéquipiers, etc. C'est extrêmement jouissif, mais aussi un brin frustrant lorsque vient le moment de déclencher pour la cinquantième fois Les Tasses Magiques comme évoqué. Cette répétitivité est en partie palliée par de petites mécaniques de gameplay associées à chaque attaque, mais c'est encore un peu juste.
Dallas à Disneyland
C'est la première barrière à franchir lorsque l'on ne connait pas la série : de prime abord, le mariage entre les univers de Disney et de Square Enix n'est pas forcément évident à accepter. Il faut faire fi de ses préjugés pour pouvoir profiter à fond de l'aventure, surtout lorsque l'on y va à l'aveugle sans jamais avoir entendu parler de l'incroyable sac de noeuds qu'est le scénario de la série Kingdom Hearts. Les vidéos résumé disponibles dans les menus du jeu aideront surement à rafraichir la mémoire des fans de longue date, pour les autres par contre, il va falloir fournir quelques efforts supplémentaires si vous souhaitez rattraper le train en marche, comme toujours avec les sagas au long cours, aurait-on envie de dire.
La construction narrative du jeu, très classique pour la série, promet cependant aux fans des films Disney de compléter des arcs narratifs en compagnie de personnages de légende. Sur ce point précis, c'est la grande classe, même si comme nous l'avons vu, tout a un peu tendance à s'étirer sur la longueur, entre des cutscenes parfois mal rythmées et une Organisation XIII en mode touriste lors du premier tiers du jeu, la routine en somme. Peu importe, quelques minutes plus tard, vous chanterez "Libérée, Délivrée" en compagnie d'Elsa et tout sera pardonné. Pour ceux qui ont suivi toute cette affaire de Guerre des Keyblades en auront également pour leur argent, avec de la révélation à tour de bras et surtout un final d'une intensité rare : beaucoup vont lâcher leur petite larmichette une fois les crédits de fin lancés, nous sommes prêts à le parier !
Sans tuerie 21
D'un point de vue purement technique, KH3 est un sujet difficile à évaluer : d'une beauté sans commune mesure, le carrosse peut malheureusement devenir citrouille d'un coup de baguette magique, la faute à un framerate à la stabilité chancelante et à des environnements parfois trop ternes ou vides.
Mais (parce qu'il y a toujours un mais avec ce jeu), les amis, quelle claque ! On en est à un tel degré de fidélité qu'il nous est arrivé de nous demander plusieurs fois si Nomura n'avait pas directement repris des scènes des films d'origine pour ses cutscenes. Tous les mondes ne sont clairement pas logés à la même enseigne, occasionnant parfois quelques petites déceptions, rien de méchant ou de rebutant pour vos mirettes cependant. Le tout est habillé par les magnifiques compositions de Yoko Shimomura dont beaucoup sont reprises des anciens épisodes, histoire de coller les poils aux fans de la première heure. Quant aux quelques compositions originales, présentes surtout dans le dernier tiers du scénario, elles s'en sortent dignement sans pour autant être inoubliables.
À noter, enfin, que les consoles de "base" semblent accuser le coup : si vous souhaitez jouir du meilleur confort visuel, il faudra malheureusement vous tourner vers les moutures Pro et One X.