Nous y sommes : Magic Arena est enfin accessible au commun des mortels ! Certes, nous n'en sommes encore qu'à la phase de bêta ouverte, mais cela donne déjà une bonne idée de l'orientation voulue pour le tant attendu portage digital de Magic.
Magic comme le souhaitait Garfield ?
Revenons un peu en arrière (25 ans plus tôt en fait). Lorsqu'il a imaginé Magic pour la première fois, Richard Garfield, le créateur de Magic, avait imaginé le concept de boosters, qui devait faire en sorte que chaque joueur ait une collection et des options de deckbuilding différentes. Finalement, avec l'arrivée des tournois, les notions d'archétypes, de metagame et de netdecking sont apparues et Magic est assez vite devenu un jeu compétitif complexe.
Du moins, c'est l'image qu'on pourrait avoir du jeu en écoutant les joueurs les plus réguliers. Il faut savoir une chose, c'est que les joueurs de compétition à Magic ne représentent finalement qu'une petite partie de l'immense communauté qui tape le carton un peu partout dans le monde. Et cette majorité ne cherche qu'une chose : s'amuser entre joueurs. Quel rapport avec Magic Arena ? C'est bien simple : le fun est clairement placé au cœur du jeu, avant la compétition !
Salut, on joue à Magic ?
Que les choses soient claires : mettre le fun en avant ne veut pas dire pour autant que Magic Arena simplifie les mécaniques du jeu à outrance. Il les fluidifie, ce qui permet de prendre de gros raccourcis fort appréciables sur la plupart des actions de base.
Il est par exemple possible de laisser le jeu choisir quels terrains engager lorsqu'on lance un sort, et le faire pour nous. Il arrive que certains choix soient étranges, mais dans la très grande majorité du temps, cette option s'avère très utile. On gagne un temps fou ! Il en va de même pour le ciblage automatisé lorsqu'une action n'a qu'une seule cible valide (un antibête mono-cible avec une seule créature sur le champ de bataille par exemple).
En bref, Arena se débarrasse avec brio de nombreuses lourdeurs de gameplay qu'auraient pu imposer la complexité des règles du jeu papier. Pour autant, il n'en est pas moins précis. Si une action précise nécessite de ne pas prendre ces fameux raccourcis, il est possible de passer en mode "contrôle total" afin de pouvoir agir à absolument chaque étape d'un tour.
D'ailleurs, jouer de cette manière permettra sans doute à de nombreux joueurs de découvrir de nouvelles actions qu'ils ne pensaient pas pouvoir faire, en plus de clarifier la façon dont se déroule un tour.
Côté modes de jeu, ça donne quoi ?
On l'a dit, Arena met l'accent sur le fun. Du côté des modes 100% gratuits pour accomplir vos quêtes et tester vos decks, on retrouve deux files : une file "classée" où on joue une partie en BO1 (sans sideboard donc), et une file "Match compétitif" pour jouer un match de Magic normal, en BO3 avec sideboard.
Mais c'est du côté des events payants qu'Arena va innover. Les events "compétitifs" (une ligue où on joue jusqu'à 5 matchs en BO3, ou jusqu'à avoir deux défaites) existent bien mais sont cachés dans les "Modes de jeu avancés" du jeu.
Les modes mis en avant sont les deux modes "rapides" avec des matchs en BO1, pour jouer vite fait sans chichi. Parmi eux se trouve toujours un mode purement casual comme le Singleton (une seule carte de chaque maximum par deck, sauf les terrains de base). Pour accèder aux modes de jeu avancés, il suffit de cliquer sur un bouton et ils apparaîtront.
Côté économie, où en est-on ?
L'économie du jeu a toujours été le sujet le plus décrié. Pour revenir dessus, le choix a été fait pour Arena d'inventer un nouveau système : les Wildcards (ou "Jokers", maintenant que le jeu est traduit en français !). En gros, on oublie totalement le système classique dit de "dusting" qui permet de détruire des cartes de sa collection pour en faire une ressource qui permettra d'en fabriquer de nouvelles.
Sur Arena, on garde tout ! Par contre, au fur et à mesure de vos ouvertures de boosters, vous allez récupérer ces fameux Jokers correspondant aux raretés existantes à Magic (commune, peu commune, rare, mythique). Chaque Joker peut ensuite être transformé en n'importe quelle carte de la rareté corespondante.
Pour ce qui est des exemplaires inutiles de cartes qu'on récupère (en gros, à partir du 5e), ils seront automatiquement détruits et alimenteront une jauge qui, une fois remplie, vous offrira des Jokers. Chaque booster augmente également d'autres compteurs pour obtenir régulièrement un Joker de carte rare ou mythique.
Au cours des différentes phases de la bêta du jeu, on récupérait d'abord trop, puis pas assez de ces Jokers pour monter les decks de nos choix. Les derniers ajouts semblent avoir rectifié le tir de manière satisfaisante pour pouvoir monter certains decks rapidement et ce entièrement en free-to-play.
Pour les jeux contenant beaucoup de rares et de mythiques, typiquement les decks tricolores ayant besoin de beaucoup de terrains rares, cela prendra toujours un peu plus de temps. Cela dit, tout comme dans le jeu papier, récupérer des terrains spéciaux n'est jamais vain et il peut aussi être intéressant de commencer par ça.
Bien entendu, comme le veut chaque free-to-play, il est possible d'acquérir une autre monnaie contre de l'argent réel : les gemmes. Elles vous permettent d'acheter directement des boosters, ou de payer certains events in-game qui fournissent eux-même des boosters (les draft et le scellé).
Ce qu'on attend encore
Bref, Arena poursuit son petit bonhomme de chemin et se rapproche petit à petit de sa sortie. Pourtant, il reste quelques zones d'ombre que bien des joueurs souhaiteraient voir s'éclaircir d'ici là.
Les nouveaux joueurs y retrouveront clairement leur compte, pouvant taper le carton rapidement et à tout moment sans prise de tête. Mais quid des habitués des tournois ? Un certain nombre d'entre eux jouent sur Magic Online, où des tournois qualificatifs sont régulièrement organisés et où le niveau de jeu moyen est plus intéressant pour eux.
Pour le moment, il n'est pas exclu que ce genre de tournois arrive sur Arena, mais rien n'est complétement statué non plus. En gros, "tout est possible". Il en va de même pour le lien entre jeu virtuel et jeu papier. Des tests sont faits (notamment des codes pour gagner une entrée en scellé sur Arena qui était présent dans chaque pack d'Avant-Première des Guildes de Ravnica).
Enfin, et ce sont des questions récurrentes dans les cercles de joueurs papier : "Quid des vieux formats" ? Les amateurs de Modern, voire de Legacy, aimeraient bien eux aussi pouvoir jouer en ligne avec la modernité de Magic Arena. De ce côté là, silence radio. Il est cependant difficile d'imaginer voir ces formats arriver un jour sur MTGA. Le système économique risque d'être totalement largué si un pool de cartes aussi énorme devait arriver. Peut-être en saurons-nous davantage à l'avenir là-dessus.
L'autre sujet de crainte est les rotations du mode Standard. À quoi serviront les cartes de nos collections qui sortent du Standard ? Là aussi, pour le moment, on ne sait pas trop. L'arrivée des Guildes de Ravnica sur MTGA a été l'occasion d'effectuer un reset des comptes de la beta, et de la suppression pure et simple des extensions qui sortaient du Standard à ce moment-là. Mais ce ne sera pas le cas à chaque sortie d'édition. Nul doute que le futur nous en dira plus en temps voulu là-dessus.
Arena remplit très bien sa fonction et il faut déjà l'apprécier pour ce qu'il est : un très bon moyen de jouer à Magic en mode détente ! Débutants et joueurs occasionels y trouveront complétement leur compte, et les joueurs plus experimentés peuvent déjà s'adonner au Standard compétitif lorsqu'ils restent chez eux.
Nous vous proposons ici de faire un tour de l'interface du jeu, surtout destiné aux débutants, mais aussi de rentrer un peu dans les détails pour bien entamer votre roadtrip sur Magic Arena. Quelle méthode est rentable pour rester en free-to-play, ou encore quel type de deck jouer ?
