Pour ceux qui sont passés dans le creux de la vague, voici comment l'on pourrait résumer, grossièrement, Sea of Thieves : il s'agit d'un titre sandbox multijoueur doté d'un univers persistant et autorisant le PVP sauvage (aucune zone n'est neutre). Dans chaque instance, 16 joueurs sont projetés sur un lot de plusieurs dizaines d'îles à explorer, piller, etc.
Bachibouzouk !
Piraterie oblige, tous les coups sont permis et s'il est effectivement possible de sympathiser et s'allier à d'autres pirates, c'est bien souvent la poudre qui parlera pour vous. Sur mer ou sur le plancher des vaches, les combats de Sea of Thieves, même s'ils sont loin d'être parfaits, promettent tout de même quelques suées.
Il suffit d'avoir sa cale remplie de trésors pour que la moindre rencontre avec un autre navire ne fasse monter la pression de plusieurs crans. Le peur de tout perdre en un claquement de doigts et la confusion que cela peut engendrer au sein d'une équipe fait Mouche (vous l'avez ?) : entre les assauts surprises et les abordages furieux, SoT préfère raréfier les rencontres pour qu'elles ne perdent pas en intensité. Une décision qui se tient, même si pour l'heure, 4 équipes de 4 par instance semble être un nombre trop léger pour que les interactions avec d'autres joueurs restent régulières.
Cela dit, lorsque le couperet tombe, c'est particulièrement douloureux : face à une équipe rompue aux spécificités du jeu, vous verrez parfois des centaines de pièces d'or s'envoler vers d'autres cieux, soit plusieurs dizaines minutes de jeu. Le triomphe d'une énigme ou d'une recherche particulièrement ténue peut donc être réduit à néant en quelques minutes, c'est quelque chose qu'il faut apprendre à accepter dans SoT.
De là à ranger Sea of Thieves dans une catégorie de jeux "hardcore", il y a un gouffre à ne pas franchir, car s'il est parfois possible d'essuyer quelques défaites que l'on considèrera comme injustes, les développeurs ont été sympas et ont tout de même prévu quelques scripts pour que vous ne vous retrouviez pas au fond de l'eau à la moindre erreur.
Cette dichotomie entre l'intensité d'un combat naval en pleine tempête et le calme de certaines recherches au trésor sous un beau soleil, donne toute sa diversité à l'expérience. Les bases sont là, et elles sont bonnes, mais impossible de gratter convenablement le vernis en si peu de temps.
Capitaine abandonné
Testé avec un équipage complet de 4 joueurs pendant une bonne douzaine d'heures, nous avons eu le temps de monter jusqu'au rang 15 de la seule faction disponible lors de la période de test, les fameux Goldhoarders, proposant des contrats pour des quêtes de chasse au(x) trésor(s) dont la difficulté, et surtout la durée vont crescendo.
Si les premières missions, plutôt tranquilles, ne vous proposent que deux ou trois cartes, les challenges plus relevés vous laissent accumuler une bonne dizaine de trésors dans le fond de votre cale. Comme vous pouvez vous en douter, avec un tel magot en soute difficile de faire le fier, surtout lorsque le fruit de notre travail se met à pleurer à chaudes larmes, remplissant du même coup la cale du navire.
Yep, vous avez bien lu, les coffres peuvent pleurer dans SoT et c'est d'ailleurs l'une des meilleures idées de gameplay avancée par Rare pour contrer la redondance qu'induit les longs allers-retours îles/village : certains trésors sont maudits et infligent des malus à l'équipage qui ose s'en saisir. Pour la bêta fermée, seuls 2 de ces coffres spéciaux étaient disponibles, le Thousand Grogs qui rend ivre, et Sorrow donc, qui chouine dans son coin. On espère vraiment (vraiment) que Rare garde beaucoup de ces petites friandises pour la sortie.
Car s'il a effectivement eu son petit succès sur Twitch grâce à ses mécaniques raffraichissantes et à une esthétique dépaysante au possible (ce rendu de la mer, mamamia), la communauté s'est tout de même questionnée sur l'intérêt à long-terme de Sea of Thieves. Impossible de statuer clairement avec ce que l'on a vu au cours de notre session, il faudra patienter et vérifier si le jeu tient effectivement la marée.
Mais en se basant uniquement sur ce que l'on a vu du jeu, alors oui, Sea of Thieves parait un peu vide au bout de quelques heures. Mais étant donné qu'au moins deux tiers des activités prévues pour le lancement sont absentes, les deux autres factions et la personnalisation du bateau notamment, mieux vaut ne pas trop s'avancer quant à un éventuel manque de contenu.
Il serait en tout cas bien dommage de voir Sea of Thieves s'échouer sur un banc de sable alors que dans la pratique, la grande majorité des mécaniques de gameplay fonctionnent au poil. Carton jaune cependant pour les combats au corps-à-corps, featuring ciblage automatique un poil pété : on aurait clairement préféré quelque chose de plus nerveux et sans automatismes. Pour les combats à distance, l'impression est un peu meilleure, avec une gestion des munitions assez serrée lors des contrats les plus tendus, puisque la réserve de balles se trouve à bord du bateau et que la visée se fait sans assistance (excepté un marqueur visuel indiquant un coup porté).
Le ciel, le soleil et la mer
Toutefois, s'il y a bien une chose sur laquelle nous pouvons statuer au sujet de SoT, c'est sur sa direction artistique d'un charme absolument fou. Testé sur PC, l'exclusivité Microsoft a parfois réussi à nous souffler par sa beauté : voir son bateau couler à cause d'une tempête depuis le haut d'une vague immense est un sacré spectacle et il n'y a pas que la technique en jeu, puisque tout le sound-design accompagne le naufrage par des mélodies qui font froid dans le dos.
Certains sons dans le jeu semblent indiquer l'arrivée de menaces futures : pour ceux qui ont pu jouer à la bêta, n'avez-vous jamais entendu une bête grognée au large ? Probablement le fameux krakken visible sur certains artworks et dans les fichiers du jeu.
C'est d'ailleurs une autre donnée essentielle à prendre en compte pour le futur de SoT : Rare semble énormément compter sur la "persistance" de son univers afin de proposer des événements spéciaux qui mettront au défi les acharnés, mais pour le moment tout cela reste au stade de la promesse énoncée dans un trailer, puisque nous n'avons pas encore eu le loisir de voir ça de nos propres yeux.