Un studio, une histoire
Nous sommes en 2017 et les entreprises du secteur vidéoludique continuent de livrer bataille sur les mêmes fronts : le FPS, le MOBA, le jeu de stratégie, le MMO et quelques autres genres majeurs. Mais s’il y a bien une exception qui vient s’ajouter à cette liste, c’est bien celle de Wargaming.net. Studio fondé il y a presque 20 ans et qui fut propulsé sur le devant de la scène grâce à un titre hors-norme qui a explosé tous les compteurs, World of Tanks. Comment une petite entreprise biélorusse quasiment anonyme est-elle parvenue à créer l’un des jeux les plus populaires ? C’est ce que nous allons découvrir aujourd’hui avec l’histoire de Wargaming.net.
Wargaming.net, un petit studio qui monte
Notre aventure commence en 1998 dans la capitale de la Biélorussie, Minsk. Encore étudiant à l’université d’Etat, Victor Kislyi, un jeune amoureux de l’informatique et des jeux vidéo, fonde Wargaming.net en compagnie de sept de ses amis. Pour leur première production, ils se lancent dans l’adaptation d’un jeu de plateau très populaire faisant s’affronter diverses armées issues de l’Antiquité jusqu’au Moyen-Âge. De Bellis Antiquitatis devient ainsi De Bellis Antiquitatis Online, alias DBA Online, à sa sortie en l’an 2000. Petits moyens, mais grandes ambitions avec ce premier succès, la talentueuse équipe parvient à se forger une solide communauté de fans et une certaine réputation dans le milieu. La machine se met doucement en marche et ne s’arrêtera plus.
Victor Kislyi, fondateur de Wargaming.net
Alors que la mode est au FPS, genre qui cartonne en ce début de millénaire, Victor Kislyi ne veut pas se contenter de suivre la mode et préfère laisser parler son amour inconditionnel de la stratégie. Il faut dire que son enfance a été marquée par les échecs, un jeu qu’il maîtrise extrêmement bien au point de devenir champion de Minsk à l’âge de sept ans ! Il va suivre ce chemin et faire grandir sa compagnie petit à petit. C’est ainsi que paraissent Massive Assault et ses trois suites entre 2003 et 2006, puis Galactic Assault : Prisoner of Power en 2007 et, enfin, Opération Bagration l’année suivante. Tous ces jeux de stratégie permettent à la firme de devenir un studio majeur d’Europe et de se faire remarquer par Square Enix. L’éditeur nippon publie ainsi l’excellent End of War en 2009, une collaboration exceptionnelle, notamment récompensée par un très joli 8 sur 10 de la part d’IGN.
Publié par Square Enix, Order of War a marqué l’histoire du RTS
Croire en ses idées
Ils sont désormais près de 80 employés à se rendre chaque jour dans les locaux de Wargaming.net, laissant libre court à leur imagination pour créer des jeux. Notre petite troupe biélorusse en est sûre, l’avenir est aux jeux en ligne, à l’image de World of Warcraft et de beaucoup de titres parus sur Steam. Toujours à la recherche des technologies les plus modernes, le studio se lance alors dans le développement d’un MMO. Après quatre mois de recherche intensive, une petite fête organisée dans un appartement de Moscou va tout changer. Victor Kislyi est là, entouré d’une poignée d’amis de longue date. Un certain Peter présente alors à l’assemblée Navy Field, un vieux titre mettant en scène des navires de guerre et qui compte encore aujourd’hui une petite communauté de fans en Russie.
Navy Field, source d’inspiration pour World of Tanks
Pour Kislyi, c’est la révélation. "Il respectait un contexte historique, il était authentique et, encore plus important, il s’appuyait sur un modèle free-to-play", confiera l’intéressé. Armé de son talent, l’homme réussit à imaginer un concept inédit et excitant en voyant les images de ce vieux jeu de guerre. De retour au bureau, il convoque ses équipes avec lesquels il réfléchit durant de longues heures, puis de longs jours. Mais l’attente en vaut la peine, l’idée finale est un jeu en ligne proposant des batailles de tanks spectaculaires, un grand respect des détails historiques et un aspect stratégique poussé. Une nouvelle fois, le projet est extrêmement ambitieux, mais Wargaming.net est certain de tenir là une perle qui révolutionnera l’industrie vidéoludique. Malheureusement, les éditeurs bien trop frileux ne partagent pas cette vision et refusent le projet les uns après les autres, précisant qu’il n’y aucune chance qu’un tel titre marche…
L’une des premières images de World of Tanks.
Il ne faut pas toujours écouter les médisants et croire en ses rêves, c’est que prouvent ici Kislyi et ses amis. Ils prennent ainsi la décision de publier eux-mêmes leur bébé en commençant tout d’abord par la Russie, un pays profondément marqué par les guerres de chars. La fête peut enfin commencer, World of Tanks sort le 12 août 2010 dans le pays des tsars. Les gamers se passent alors le mot en quelques jours : « il y a un jeu qui propose gratuitement des batailles de tanks réalistes en ligne ».
Il est aussi joli qu’un titre majeur réalisé par un gros studio américain, les blindés ressemblent trait pour trait à leurs modèles historiques et il est aussi fun que simple à comprendre. Vous imaginez la suite, les serveurs sont saturés en moins d’une semaine, si bien que les ingénieurs de Wargaming.net sont obligés de veiller nuits et jours sur leurs dispositifs. Rapidement, la société est forcée d’améliorer son infrastructure réseau pour accueillir les milliers de nouveaux joueurs qui affluent chaque jour.
Wargaming.net à la conquête du monde
Une chose est sûre, Kislyi ne s’était pas trompé. Son idée en laquelle aucun éditeur ne croyait prend d’assaut le monde du jeu vidéo ! Face à ce succès sans précédent pour le studio, la Biélorussie et même l’Europe de l’est en général, notre joueur d’échecs doit batailler sur deux fronts. Tout d’abord, il fait en sorte que son bébé soit régulièrement mis à jour et abreuvé de nouveaux contenus. La communauté déjà présente ne s’ennuie jamais grâce à l’ajout de nouveaux tanks et autres fonctionnalités inédites créés en fonction des retours des fans sur les forums. De l’autre côté, l’équipe doit absolument procéder au lancement des éditions traduites pour l’Europe et les Etats-Unis qui réclament de plus en plus ce jeu dont toute la Russie fait l’éloge. Le studio ne chôme pas et dès l’été 2010, des versions bêta sont lancées un peu partout à travers le monde.
Moins d’un an après sa sortie, c’est tout le globe qui tombe sous le charme de ce jeu d’un nouveau genre. Le 4 janvier 2011, le titre compte plus d’un million de joueurs et le 24 mai de la même année, ce sont déjà trois millions de commandants virtuels qui se déchaînent sur le champ de bataille. Deux ans et un record du monde homologué par le Guinness Book plus tard, les compteurs affichent 60 millions d’inscrits. Bref, c’est ce que l’on appelle un carton international, la planète entière est séduite par World of Tanks.
Cela nous amène finalement à aujourd’hui, l’année 2017. En sept années d’existence, le jeu n’aura fait que progresser, améliorant ses fonctionnalités, passant de 60 à plus de 500 tanks, atteignant 140 millions de joueurs et s’exportant sur une multitude de plateformes. PlayStation 4, Xbox One, Xbox 360, iOS et Android, tous ont été contaminés par la WoT-mania, aussi bien que le milieu de l’eSport qui se régale de l’aspect stratégique du titre. Une véritable success story à l’américaine, mais réalisée par un entrepreneur biélorusse audacieux. Aujourd’hui âgé de 41 ans, Victor Kislyi est encore à la tête de Wargaming.net et toujours aussi amoureux de son jeu de tanks qu’il décrit comme "une idée brillante mise en œuvre par une bonne équipe". Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de vous faire un avis sur ce véritable phénomène, vous n’avez qu’à vous rendre sur https://worldoftanks.eu pour télécharger le jeu et vous lancer sur le champ de bataille au plus vite !
World of Tanks a également conquis le monde de l’eSport
