Les semaines des joueurs pros sont extrêmement chargées, entre deux matchs, les journées sont rythmées avec des entraînements individuels, en équipe, des séances d'analyses: le quotidien est fragmenté pour permettre à chacun d'optimiser son temps tout en gardant un tempo modéré. Si ce côté de la scène professionnelle reste souvent caché, découvrez ici le modèle des entraînements des joueurs des meilleures structures.
Se préparer
La semaine commence en général par une réunion complète de l'équipe. Souvent, après une fin de semaine parsemée de matchs, les joueurs et le staff se livrent à une remise en question. Chaque erreur est passée en revue à l'aide de rediffusions, de manière à ce qu'elles ne se reproduisent pas. Ce moment est réservé pour se demander ce qui peut être amélioré dans le jeu, comment continuer de progresser et surtout, ne pas se reposer sur ses lauriers.
Réunion d'équipe chez Origen - Web-série In Game
L'équipe doit regarder en arrière pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Elle doit aussi aller de l'avant, et cette réunion permet de préparer le prochain match en étudiant l'adversaire et en mettant l'accent sur la phase de draft. Cette seconde partie est aussi consacrée au partage avec l'ensemble de l'équipe. Chacun apporte en général son avis sur la stratégie à adapter ou sa vision des choses dans le jeu adverse.
C'est donc le moment de se fixer des objectifs, de définir les buts à atteindre, les points à travailler, les tactiques à mettre en place. Véritable tempête d'idées, ces quelques heures serviront pendant au moins toute la semaine pour diriger chacun.
Se reposer dans l'effort
Si le travail ne semble jamais cesser et que chacun vit à plein temps dans la gaming house, il est très important pour les joueurs de trouver du temps pour eux. Ainsi, chaque jour, plusieurs heures sont consacrées au plaisir de chacun, tandis que certaines sont elles réservées à la pratique en solo ou duo sur le ladder régional. Le début de matinée est en général libre, ainsi chacun peut décider de ce qu'il veut faire dans les limites du raisonnable.
Les joueurs de G2 eSport pendant leur temps libre.
On pourrait penser que les entraînements ne concernent que les aptitudes du joueur, mais tout est mis en oeuvre pour que chacun soit au top de sa forme. Les heures de sommeil et l'alimentation sont surveillées, avec des heures de repas fixes pendant lesquelles les ordinateurs sont le plus souvent interdits. Un moyen de décrocher un peu les yeux de l'écran et de les reposer. Les équipes mettent aussi généralement en place un jour de repos pour que les joueurs s'épanouissent personnellement.
Travail intensif
Bien que le jour touche à sa fin, les équipes elles abordent alors la phase la plus constructrice de leur journée. C'est le moment ou l'équipe joue ensemble et réalise les fameux "scrim". Les scims sont des matchs d’entraînements destinés à rester secrets, ils consistent en des confrontations volontaires entre deux structures avec pour but de repousser ses limites et d'essayer de nouvelles stratégies. Les informations tirées de ces phases de jeux ne peuvent cependant pas être partagées en dehors des deux structures.
Mines de détails sur le comportement de l'adversaire, ses réactions, sa capacité à résister à la pression, ces rencontres à huis clos permettent aussi de prendre un avantage psychologique sur son adversaire ... Ou peuvent parfois mener à le sous-estimer (rappelons-nous les Albus NoX Luna qui n'ont pas trouvé de partenaire de scrim hors CS). Cette phase de jeu retient toute l'attention des coachs, qui préparent de vraies phases de draft en conditions de match.
Les Fnatic en bootcamp en 2015 avant les Championnats du Monde.
Afin de pousser encore plus loin les capacités de leurs joueurs, les équipes de haut de tableaux ont pris l'habitude de préparer les grandes compétitions ou la reprise de la saison avec des camps d’entraînements en Corée. Si cette pratique permet de surtout hausser le niveau individuel de chaque joueur en SoloQ et de scrimer contre des équipes plus fortes, cette intensification des efforts doit se faire de manière contrôlée pour ne pas briser l'équilibre que chacun a établi. TSM par exemple a évoqué de nombreux problèmes de santé mineure ayant émergé suite à l'entraînement trop intensif préalablement aux Worlds 2016.
Si les entraînements restent souvent cachés de la scène professionnelle, c'est qu'ils cachent de gros sacrifices. Vivre avec 4 coéquipiers et un staff au quotidien, être loin de sa famille n'est pas toujours chose aisée, aussi le moral de l'équipe doit sans cesse être entretenu. Si les coéquipiers ne parviennent pas à cela, c'est au coach qu'il incombe de trouver la solution pour mettre ses poulains dans les meilleures situations pour ne pas oublier de prendre du plaisir en jouant.
Pour plus d'information, n'hésitez pas à regardez les nombreuses séries de documentaires tournés par les grandes structures de l'eSport sur LoL, comme Fnatic, Origen, Team Liquid ou TSM pour ne citer qu'eux... On y apprend beaucoup sur la vie au quotidien dans une gaming house, ou les problèmes que peuvent rencontrer les équipes professionnelles. Ces modes d'entraînements ultra-intensifs, en général plus intensifs que dans les sports traditionnels, sont souvent décrits comme malsains. Espérons que les modes et techniques d'entraînement soient plus régulés à l'avenir dans l'eSport.
Le bootcamp de TSM en Corée en 2016. | |