Le conte de fées se poursuit pour G2 Esports. À peine arrivée en LCS, l'équipe a remporté son premier titre en battant en finale Origen sur le score de 3 à 1 en cette saison 6 de League of Legends. Ayant parfaitement apprivoisé la meta, elle ira à Shanghai représenter l'Europe lors du MSI, et faire ses premiers pas sur la scène internationale. Une ascension fulgurante et pleine de rédemption, qui en a surpris plus d'un.
Des premiers pas difficiles
Comme dans tout conte de fées, la vie n'a pas toujours été rose pour G2. Fondée par ocelote en 2014, juste après son départ de SK Gaming, sous le nom de Gamers2, la formation a longtemps lutté pour accéder à l'élite sur League of Legends. Plus d'une trentaine de joueurs utilisés en deux ans, un chiffre qui ferait passer certaines structures françaises pour des amateurs, des changements répétés dans l'encadrement et beaucoup d'erreurs de casting. 4 participations en Challenger Series, 3 échecs sans jamais se rapprocher d'une place en LCS. Gamers2 devient rapidement un symbole d'échec pour ocelote, raillé pour son incapacité à amener son équipe au plus haut niveau, quand pendant ce temps l'éternel rival xPeke écrase les Challenger Series avec Origen.
ocelote, dans les locaux Riot Games lors de la finale du Spring Split Saison 6
Pourtant, et à force de persévérance, la chance va finir par tourner. Le retour de PerkZ, après une première apparition éclair au sein de la structure, et un passage chez Millenium, va transformer Gamers2. Le Croate est le joueur confiant et dominant qui manquait à l'équipe, et les résultats positifs ne tardent pas à arriver. Gamers2 survole le Summer Split 2015 des Challenger Series, et la formation semble enfin prête à décoller. Mais, comme toujours dans ce genre d'histoires, rien n'est jamais acquis. Alors qu'elle était grande favorite de son match contre mousesports, l'équipe s'écroule et passe complètement à côté de la rencontre, perdant tout espoir d'une qualification automatique en LCS. Kikis, qui vient de quitter les Unicorns of Love pour « une équipe avec laquelle il veut pouvoir gagner », devient rapidement la risée de la communauté tant il n'a été d'aucun secours.
La formation d'ocelote parvient tout de même à arracher sa place au Promotion Tournament dans son duel contre les Denial eSports de Wickd, lui aussi éternel maudit des Challenger Series. Gamers2 doit donc jouer son avenir contre SK Gaming, l'équipe qui a fait grandir ocelote et fait de lui une star en son temps. Face à une formation moribonde et au bord de l'implosion, l'Espagnol, qui a choisi d'accompagner son équipe sur scène pour l'occasion en devenant temporairement coach, décroche enfin le succès qui lui a tant échappé pendant deux ans et accède aux LCS. La plus belle partie de l'histoire commence, Gamers2 commence sa mue et devient G2.
Une arrivée fracassante
Plus qu'un changement cosmétique, l'équipe ne veut pas simplement faire de la figuration au plus haut niveau, et se donne les moyens de ses ambitions. Ses joueurs les plus faibles sont remerciés, pour faire de la place à de plus gros poissons, bien évidemment coréens. Elle accueille donc Emperor, qui avait fait sensation dans le peu de matchs qu'il avait pu disputer avec TDK avant leur relégation. Pour l'accompagner, G2 fait comme Fnatic l'an passé et tente le pari d'un jungler qui n'a encore jamais fait ses preuves sur la scène professionnelle. Trick, ancien joueur chez CJ Entus mais qui, à l'instar de ReignOver n'a disputé qu'une poignée de matchs. Si en théorie ces arrivées peuvent se montrer prometteuses, un immense point d'interrogation émerge. Kikis passe toplaner, et personne ne sait comment se passera sa transition, surtout quand ces dernières sorties n'ont pas été forcément convaincantes. L'équipe ne fait donc pas saliver sur le papier, et ne fait pas partie des favoris quand le Spring Split débute.
Semaine après semaine, elle va pourtant donner tort à ses détracteurs. Enchaînant les victoires, l'équipe développe un style de jeu semblable à celui des ROX Tigers en LCK. Un jungler qui n'hésite pas à investir la jungle ennemie et outfarme aisément son adversaire, permettant à son équipe d'obtenir le contrôle de la vision dans la partie adverse de la carte, et des déplacements agressifs du reste de son équipe. Ne laissant que peu de temps morts, G2 cherche en permanence à enchaîner les mouvements vers les objectifs et asphyxier son adversaire. Avec un midlaner dominant, notamment sur des assassins, et qui n'hésite pas à push pour couvrir les mouvements de son jungler en early, le plan de jeu est rodé à merveille. Pendant ce temps, Kikis se montre plus qu'à son avantage sur les tanks, maîtrisant ses Téléportations et ne commettant que peu d'erreurs, au contraire des autres toplaners européens.
G2, sur la scène de la finale LoL à Rotterdam
La finale du Spring Split contre Origen est d'ailleurs une excellente représentation de la saison des G2. Toujours plus prompts aux déplacements, les G2 ont globalement dicté le tempo du match. Kikis a su pousser sOAZ à la faute quand le Français était abandonné par son équipe, et PerkZ a régné en maître sur la midlane, comme lors du match 3 où son Zed a martyrisé PowerOfEvil. Zven a quant à lui été totalement éteint, et les mauvais drafts des Origen n'ont fait qu'aider les G2 à prendre l'avantage en early, un avantage décisif pour une équipe qui se montre si agressive. Le retour d'xPeke lors du dernier match n'a rien changé, ocelote a enfin pu se venger de toutes les défaites subies dans le passé.
Une histoire à créer
La suite de l'histoire s'écrira donc en Chine pour G2, qui va découvrir la scène internationale lors du MSI. Pour autant, le conte de fées n'est pas assuré de continuer de si belle manière. Si le plan de jeu de l'équipe est bien rodé, l'exécution laisse parfois à désirer. Les meilleures équipes mondiales sauront parfaitement punir les excursions parfois à l'aveuglette des G2 dans la jungle adverse, tout comme elles ne laisseront pas passer l'agressivité excessive de PerkZ, comme lors du quatrième match des finales où, même à 0/2 contre xPeke, il continuait à s'attaquer à l'Espagnol comme si de rien n'était. Ce même excès d'agressivité qui aurait pu coûter le troisième match aux G2, quand ceux-ci ont dû s'en remettre au vol du Nashor par Trick pour rester dans la partie après un teamfight remporté par les Origen malgré un retard important.
G2, sacré champion du Spring Split Saison 6 de League of Legends
Les équipes rencontrées au MSI ne commettront probablement pas les mêmes erreurs que les Origen, que ce soit les compositions bien trop passives en début de partie ou les Baron abandonnés en route et qui auraient pu changer le cours du match. Il ne faut cependant pas condamner les G2 avant même la compétition, les Fnatic ayant montré l'an passé que côtoyer les meilleures équipes peut faire rapidement progresser un groupe et le mener vers des sommets inespérés. À l'heure où le MSI gagne en importance et confère aux régions demi-finalistes un statut de tête de série aux Worlds, c'est toute l'Europe qui devra espérer que les G2 trouvent la bonne formule et continuent leur ascension. Car à la vue de leurs performances sur la scène régionale et de leur aisance dans la meta, rien ne s'oppose à une domination future sur la scène régionale. Seul un changement drastique dans le jeu, à la hauteur de l'arrivée de Mordekaiser et de ses amis en fin d'année dernière, pourrait ébranler une équipe qui semble sûre de sa force. À condition bien sûr de ne pas se reposer sur ses lauriers fraîchement acquis, car un style de jeu parfois si prévisible peut rapidement se retourner contre son utilisateur s'il n'est pas manié avec application.
- Infographie - G2 Esports, l'équipe en statistiques |
Interview de G2 Perkz à Berlin lors du Spring Split Saison 6 | |