Avec League of Music, vous retrouverez deux fois par mois une nouvelle chronique centrée sur les thèmes musicaux des champions de LoL. Toutes les deux semaines, vous pourrez découvrir une analyse musicale sur un de ces thèmes. Que vous soyez néophyte, mélomane ou expert en musique, soyez les bienvenus. Ce cinquième numéro de « League of music » sera consacré à Elise, la Reine araignée.
La reine Araignée a fait son apparition dans les champs de justice le 26 octobre 2012. Aujourd'hui devenue un champion incontournable de la League of legends, Elise est arrivée sur nos clients avec une musique de login particulière et innovante, sur bien des critères, que nous allons découvrir ensemble.
Elise est tout d'abord le premier personnage à avoir dans sa musique une partie parlée. En effet, après une courte introduction musicale, bon nombre d'invocateurs ont été surpris d'entendre une voix nous conter l'histoire du personnage, ainsi que son lien privilégié avec les îles obscures.
« The Shadow Isles. They say they don't exist. Mythical islands haunted by ghosts and specters. Tales to frighten children. But I know better; I have been there.
When I first set foot there, I immediately knew something was wrong with that place. My skin crawled, and in the pit of my stomach, I felt a terrible revulsion. Life didn't belong there. But I also knew, somehow, deep inside, I knew, that the islands welcomed me. They wanted me.
As I wandered deeper, I saw death all around me. Ghostly trees, grass, and flowers engulfed me in their horrifying radiance. It was so quiet and so beautiful. I passed my hand through a spectral leaf fluttering in the wind, but there was no wind.
That was when I understood that Death was another world, and I was at its door.
Then I heard the song: The Spider's song. My companion cried out in terror and fell to his knees. I embraced him. I told him he had nothing to fear; he was going to a better place. I will take them ALL to a better place. »
Traduction : Les Îles Obscures... On dit qu'elles n'existent pas. Des îles mythiques hantées par des fantômes, par des spectres. Des contes pour effrayer les enfants turbulents. Mais moi, je sais la vérité, car j'y suis allée.
Quand j'y ai posé le pied, j'ai immédiatement senti que quelque chose n'allait pas. Mes poils se sont hérissés et mon estomac s'est contracté. Ce n'est pas un lieu pour la vie. Et pourtant je suis certaine au plus profond de moi que les Îles... m'accueillaient, qu'elles souhaitaient ma présence.
Je me suis enfoncée dans les îles, je n'ai vu que la mort autour de moi : des arbres fantomatiques, des plantes maléfiques m'ont ébloui de leur fascinante noirceur. C'était si calme et si beau. J'ai caressé de la main une feuille spectrale qui se balançait au gré du vent, sauf qu'il n'y avait pas de vent.
C'est là que j'ai compris que la mort n'était qu'un autre monde et que j'étais à sa porte.
Et puis j'ai entendu le chant, le chant de l'araignée. Mon compagnon a hurlé de terreur, et s'est jeté à genoux, je l'ai pris dans mes bras, je lui ai dit qu'il n'avait rien à craindre, qu'il allait partir vers un monde meilleur ! Je vais TOUS les guider vers un monde meilleur.
Le thème musical d'Elise est une musique orchestrale composée sur une mesure binaire, en trois temps (il y a donc trois temps par mesure, et ces temps sont tous divisibles par deux). Ce choix de mesure constitue en fait un élément assez rare dans les musiques de login du jeu. Cela donne un aspect plus lyrique et cyclique à la musique, puisque la mesure en trois temps est la mesure de beaucoup de danses, notamment celle de la valse pour ne citer qu'elle.
La composition est écrite en la mineur, dans un caractère assez sombre et mystérieux pour mieux coller au lore d'Elise et à celui des îles obscures. Notons aussi que la musique de la Reine araignée utilise de nombreux procédés évoquant la féminité (comme la harpe, ou encore l'utilisation de voix féminines chantées ou parlées). Ce thème rend vraiment hommage à l'image d'Elise, féminine et dangereuse.
Partie A
Il s'agit de l'introduction qui débute le thème d'Elise, et elle s'étend du début jusqu'à 0'40.
L'ambiance du morceau est directement instaurée et l'on se retrouve plongé dans un univers sombre et inquiétant. Il n'y a pas vraiment de mélodie concrète ici et on assiste surtout à des effets de bruitages assez graves qui installent le caractère mystérieux du thème. Au loin, on entend quelques notes discrètes de harpe, instrument féminin par excellence, s'immiscer dans cette introduction, comme un avant-goût de la suite de cette musique (0'14).
On assiste après cela à un léger crescendo agrémenté d'un arpège de la mineur que l'on entend progressivement, joué au basson.
Arpège : succession de notes jouées l'une après l'autre, et détaillant le schéma d'un accord, résultat que l'on obtiendrait si l'on jouait toutes ces notes en même temps.
Cette légère montée en volume sonore nous prépare donc au premier thème musical, qui démarre lors de la seconde partie.
Partie B
Elle s'étend de 0'40 à 1'20.
On entend alors distinctement la mélodie de la harpe se détacher du reste de l'orchestre. Elle expose un motif musical qu'elle répétera deux fois. La première fois, la harpe est accompagnée d'un contre-chant des basses (de 0'40 à '051), et la seconde fois, elle est accompagnée d'un contre-chant interprété par les chœurs et plus spécifiquement des voix de femmes (de 0'52 à 1'02).
Après ce solo de harpe, les choeurs reprennent le dessus à la suite de leur accompagnement et font une transition, très mélodieuse et douce, vers le second thème du morceau, que nous verrons en troisième partie.
Voici les partitions de cette seconde partie, avec en première portée la mélodie de la harpe, et en seconde portée les contre-chants des basses. (de 0'40 à 0'51)
Et maintenant, le même motif de la harpe en première portée, accompagné du chœur de voix de femmes en seconde portée (de 0'52 à 1'20).
Partie C
Il s'agit de la dernière partie de ce thème, la plus longue des trois, étendue à partir de 1'21 jusqu'à la fin.
Le caractère doux et lyrique des précédentes parties se dissipe alors, pour laisser place à une musique plus rythmée et plus marquée. Un deuxième thème est alors exposé par les violons.
Ce thème est tout à fait particulier, puisqu'il semble être en fait une énorme référence à un morceau classique : la danse macabre de Camille Saint-Saëns.
Cette pièce, composée en 1874 est une musique s'inspirant d'un poème décrivant la mort qui, lorsque minuit sonne, réveille les morts des cimetières pour danser avec eux. La danse macabre s'arrête au petit matin, lorsque le chant du coq retentit.
C'est le thème de cette danse que l'on retrouve dans la musique d'Elise, légèrement modifié et réadapté pour le personnage. En dessous du motif des violons, on retrouve les percussions, basées sur les mêmes rythmes que les violons.
Voici la comparaison de ces deux extraits :
Ce thème inspiré de la danse macabre est repris à quatre reprises dans cette dernière partie.
La première fois, il est exposé par les violons. La seconde et troisième fois, toujours par les violons, le thème est repris à l'octave supérieure, c'est à dire huit notes plus haut, vers l'aigu (à partir de 0'12 dans l'extrait 3),
Enfin le thème sera exposé pour la dernière fois, accompagné du même chant de voix féminines que l'on avait entendu en seconde partie (à 0'35 dans le troisième extrait). Notons aussi que dans la danse macabre de Saint-Saëns, le thème est également accompagné par un thème antérieur, celui de la mort, joué au violon.
Voici maintenant la partition de ce thème :
Thème d'Elise en entier
Pour le prochain numéro de League of music, venez me retrouver via Facebook, et choisissez la musique que vous souhaitez voir analysée dans deux semaines !