Zaun est une cité État située dans la partie nord-est de Valoran, non loin de la cité de Piltover. Son nom en allemand signifie « clotûre » ou « barrière », et il est en effet vrai que cette ville n'est pas particulièrement ouverte au reste de Runeterra. La ville a sombré dans le chaos depuis des années, à cause du développement sans limites de son industrie, du mercantilisme, et d'un vent de folie quant à tout ce qui concerne la magie. Les usines et laboratoires innombrables rejettent constamment leur pollution dans l'atmosphère, à tel point que le coeur urbain de la ville est toujours couvert d'un épais nuage de fumée, qui empêche de voir le ciel ou le lever du soleil. Les étrangers à la cité ont ainsi nommé une couleur « gris Zaun » en rapport à la couleur du ciel, et ils estiment qu'il s'agit là de signes apparents d'un dérangement cosmique. Toutefois, aussi polluée que soit la surface de la cité de Zaun, ses souterrains sont encore bien pires. Tous les déchets toxiques de la ville s'écoulent dans ses égouts, et se mélangent en créant des concoctions toxiques et mystérieuses.
Une cité peu accueillante...
D'après les autres nations, Zaun est particulièrement centrée sur elle-même, et ses habitants sont particulièrement fiers d'eux et de leur cité. Pour eux, la possibilité de faire ce qu'ils veulent est ce qui fait de Zaun la cité État la plus libre de tout Runeterra. Il en résulte que les rues de Zaun sont le lieu d'activités incessantes. Les marchands et les commerçants possèdent quantité d'objets excentriques que l'on peut trouver à tous les coins de rue, dans des allées sombres et miteuses où se promènent des individus ambitieux, qui donneraient tout pour le moindre profit. Les rivalités entre les entreprises sont également ce qui fait de Zaun une véritable cité État, et ce qui la porte réellement en tant que puissance face aux autres nations. Quoi qu'il en soit, l'espionnage et le sabotage sont considérés comme des pratiques courantes lorsque l'on fait du commerce avec les Zaunites.
« Un entrepôt jusque-là sans histoire de Priggs Industries à Zaun était en réalité une prison clandestine, d'après une information révélée au début de la semaine. Le PDG, le Dr Priggs, a totalement disparu depuis que les corporations rivales, menées par Edward Manfred, ont réclamé une enquête.
L'incident a éclaté mardi soir quand Edward Manfred supervisait une inspection d'un de ses hangars, situés à proximité. « J'ai entendu une explosion dans l'entrepôt de Priggs, a expliqué Manfred. Alors tout naturellement, je suis allé voir ce qu'il se passait. » Manfred a alors pénétré à l'intérieur de l'entrepôt de Priggs, où il a découvert un homme non identifié aux prises avec des gardes. « Je n'ai pas réussi à bien le voir. C'était un homme assez fort, les cheveux grisonnants. Il a lancé une sorte de grenade fumigène et, quand la fumée s'est dissipée, les gardes étaient inconscients et lui avait disparu. »
Manfred a découvert le premier qu'un passage vers un complexe souterrain avait été détruit par une explosion de dynamite. À l'intérieur, il y avait ce qui ressemblait à une prison dont l'une des cellules était vide. Les cinq autres prisonniers présents sur place furent vite relâchés.
L'un des prisonniers est en réalité Falren Danart, dont la disparition et la mort présumée il y a trois ans avaient provoqué la déroute de son père et la faillite de la société Danart Chemicals, qui était à l'époque une rivale de Priggs Industries. La libération de Falran a néanmoins délié les langues, Danart venant en effet de confirmer officiellement qu'il avait fait l'objet de chantage suite à la capture de son fils.
« La plupart des prisonniers ont une histoire similaire, a expliqué Edward Manfred. Ils étaient presque tous, d'une certaine manière, des rivaux de Priggs et ils s'étaient attiré ses foudres. Dans tous les cas, les méthodes du Dr Priggs pour régler ses querelles d'entreprises vont à l'encontre de l'esprit de compétition qui fait la fierté de Zaun ! Il faut absolument mener une enquête approfondie. »
Au moment où l'information a été rendue publique, la valeur boursière de Priggs Industries a connu une chute vertigineuse qui a continué plusieurs jours d'affilée. D'autres entrepôts de Priggs ont été fouillés, principalement par des équipes sous les ordres de Manfred, mais aucune autre prison clandestine n'a été découverte. Tous les employés ont été interrogés par les autorités, marquant l'arrêt des activités dans les usines de Priggs. Le Dr Priggs, lui, a complètement disparu.
« Il s'est enfui, c'est une certitude, a ajouté Manfred. La plupart des prisonniers, y compris l'auteur de l'évasion, ont eux aussi disparu depuis lors. Je suis certain qu'au moins certains d'entre eux n'attendaient que cette occasion pour le pourchasser. » »
Journal de la Justice, épisode 29 – 30 septembre, 21 CLE
L'un des plus parfaits exemples de cette liberté est le Chatoyant, une substance corrosive de déchets techmaturgiques particulièrement populaire auprès de la jeunesse Zaunite rebelle. Appliqué à même la peau, le Chatoyant stimule les émotions de la personne et crée un assortiment de couleurs brillantes en rapport avec ces émotions. À ce qu'il paraît, cet onguent hallucinogène donnerait des capacités surnaturelles, et malgré le danger qu'il y a à l'utiliser, sa consommation a grandement augmenté.
L’abus de Chatoyant est dangereux pour la santé !
« Parfois, entre deux tirades hystériques et autres accès de colère furieuse, qui se traduisent invariablement par le martèlement de mon bureau à coups de poing et que je dois au comportement quotidien de mes compatriotes de Valoran, je m’installe confortablement avec un verre d’Agitateur V.S.O.P. – en bon épicurien connaisseur que je suis – et je me replonge dans les souvenirs de ma jeunesse. Dans les rares occasions où je ne suis pas immédiatement rappelé à l’ordre par les réminiscences de mon adolescence tardive et de ma nature peu aguichante, je me prends souvent à rêver : « Et si j’avais eu la chance de m’immerger dans des déchets techmaturgiques corrosifs (mais brillants !) avant de partir dans les taudis pour y afficher ma peau superbement pré-atrophiée ! » Je suis persuadé que j’y aurais mûri, comme un raisin sucré de Kaladoun, pour devenir une version remarquablement sucrée (bien que racornie et inidentifiable) de l’être optimiste que vous connaissez tous. Et imaginez mon terrible désarroi à savoir que je ne suis arrivé qu’une décennie trop tôt pour profiter pleinement de la dernière tendance qui fait rage auprès de la jeunesse précoce de Zaun.
Le Chatoyant, comme l’appellent les jeunes, est produit à partir des rejets toxiques émanant des usines qui permettent à Zaun de continuer à explorer des territoires inconnus dans le domaine du raffinage des boues industrielles. Apparemment, lorsqu’on l’utilise sur la peau à la façon (ou plutôt à la place) du savon, le Chatoyant simule ou stimule des réactions d’émotions intenses sur le sujet.
Ce n’est pas passionnant, dites-vous ? Et si je vous disais qu’en plus, cela brille, cela illumine, cela « chatoie » en un arc-en-ciel de couleurs ? Toujours pas impressionné ? Alors voilà qui devrait faire l’affaire : les émotions engendrées par cet exfoliant phosphorescent correspondent précisément à l’assortiment de couleurs qui accompagnent son utilisation. Vous pouvez ainsi littéralement « porter » votre malheur ou votre coeur brisé sous la forme de motifs chamarrés, pas seulement sur l’avant-bras, mais sur le dos, les jambes, le front… partout où votre corps ne s’est pas encore étiolé. Oh, c’est vrai, j’avais presque oublié de vous le dire : l’application fréquente de cette crème caustique provoque la dégénérescence rapide de la peau et du tissu musculaire.
Bien entendu, les officiels de Zaun ont été prompts à dénier toute responsabilité : « Tous les déchets industriels produits à Zaun sont analysés pour déterminer leur dangerosité envers l’environnement et la santé publique, et tout produit dont les effets sont considérés trop dangereux sont retraités en suivant des procédures particulièrement strictes. Ceux qui synthétisent le composé connu sous le nom de Chatoyant doivent obtenir leurs ingrédients de façon illégale ». Ils se sont refusé à faire tout commentaire à propos des rumeurs qui soutiennent que le Chatoyant est le produit de l’échec de tentatives, financées par le gouvernement, de créer un agent bio-améliorateur, qui prodiguerait à l’utilisateur des capacités surnaturelles, rumeur qui n’a fait qu’accroître sa popularité.
Toute critique mise à part, le reporter que je suis est plus que favorable à la liberté d’expression. Je vous invite donc à aller voir et à devenir le plus joli petit raisin rabougri possible. Après tout, qu’y a-t-il d’incommodant dans une vieillesse limitée à un fauteuil roulant Hextech motorisé, à foncer partout à l’aide de votre pouce valide, alors que vous pourrez amplement profiter de cette « retraite » pour repenser à votre jeunesse, durant laquelle vous avez brillé comme une luciole sous la triste lune de Zaun, et que votre peau, contrairement à la mienne, vous a offert un cocktail bigarré d’émotions que vous aimerez revisiter, jour après jour, depuis le confort standardisé de votre chambre d’hôpital ? »
Journal de la Justice, épisode 5 – 14 septembre, 20 CLE
Pour soutenir leurs champions favoris de la League, les Zaunites peuvent se réunir au Colisée Vaskervon. Les combats sont diffusés, avant que les Zaunites ne célèbrent les victoires par une magnifique fête à leur manière.
Comme ça, il fait moins peur !
« D'habitude, les rues de Zaun grouillent de monde. Aujourd'hui, cependant, la cité qui ne dort jamais est bien silencieuse. D'habitude, ses ruelles sombres et mal famées sont bondées de gens très fiers, prêts à tout pour faire du profit. Mais aujourd'hui, les affaires de Zaun sont étrangement calmes, la plupart des vendeurs se satisfont des maigres sommes qu'ils arrivent à empocher sous le soleil de midi.
Aujourd'hui n'est pas comme d'habitude. Les camelots zauniens savent où la populace se trouve : au Colisée Vaskervon. Le Service de Visiopathie de la League of Legends retransmet un combat d'anthologie entre Zaun et Ionia ; les vrais Zauniens ne manqueraient tel spectacle pour rien au monde.
À des kilomètres de Zaun, Dr. Mundo pénètre dans la Faille de l'invocateur. Contrairement à ce que son entrée disgracieuse dans l'arène pourrait laisser croire, le destin de toute une cité État repose sur ses épaules massives. Alors qu'il se saisit avec hâte de son bouclier favori, le mastodonte zaunien ne semble pas avoir conscience des enjeux du jour. Malgré les protestations du boutiquier, Dr. Mundo jette négligemment une poignée de pièces d'or par-dessus son épaule en partant pour le front, vers ses homologues ioniens. Chef de file de son équipe, Dr. Mundo attend impatiemment la première vague de sbires.
« Mundo pense qu'il est temps de tuer le Baron. »
La plupart des cités États renverraient leur champion au Jugement pour avoir osé dire une telle idiotie, mais à Zaun, des cris de joie et d'approbation éclatent de partout, des cris si puissants que les pacifistes de Ionia les entendent sûrement. Les deux cités États ne sortiront pas amies de cet affrontement, car les règles imposées par la League pour ce combat stipulent que le perdant doit céder le contrôle d'une zone riche en ressources à la frontière maritime qui sépare les deux cités. Une telle perte ferait tout simplement tache dans le long règne du Président Magnus Dunderson, le Directeur général de Zaun. Aucun Zaunien doté d'un coeur qui bat ne saurait tolérer un tel échec.
D'une certaine façon, Dr. Mundo a su toucher le coeur des habitants de cette cité État nombriliste. Même les enfants de Zaun rendent hommage à leur idole en arborant de fausses langues baveuses et en agitant des couperets émoussés, du mieux que leur permettent leurs petits bras potelés. Leurs parents, quant à eux, attendent avec impatience la nouvelle tradition qu'a adoptée Zaun : le festin post-victoire.
On oublie facilement que les fêtes auraient pu tourner court avant même de commencer. La présence de Dr. Mundo à la League avait été vivement contestée après qu'on a découvert qu'il possédait des seringues d'adrénaline lors de son premier combat contre Piltover. Les mécontents se plaignaient que cela allait à l'encontre de la politique de la League en matière d'élixirs et de potions : toutes les substances dopantes doivent être mises dans une bouteille de forme réglementaire avant le combat, afin de maintenir l'intégrité et l'impartialité de l'Union des boutiquiers. Néanmoins, l'effet de ces seringues d'adrénaline a fini par être reconsidéré, car la composition particulière des piqûres n'est efficace que sur Dr. Mundo, en raison de sa physiologie unique. Lorsqu'on lui a demandé un commentaire sur ce sujet, à l'époque, Dr. Mundo a répondu par des onomatopées baveuses et incongrues. Il n'est jamais revenu sur sa déclaration.
Malgré son incompétence en communication, Dr. Mundo reçoit des éloges de ses alliés habituels dans la Forêt torturée : Warwick et Singed. Ce n'est pas un secret, Dr. Mundo subit le plus gros des attaques pendant les combats, mais ses compatriotes et lui-même ont toujours été récompensés pour ses sacrifices. Affrontement après affrontement, Dr. Mundo charge et affaiblit les adversaires ; il meurt parfois dans une explosion glorieuse, mais, le plus souvent, il permet à Warwick de tuer des ennemis, consolidant ainsi la réputation du Traque-sang qui fait partie des combattants les plus mortels dans la Forêt torturée. Certains rappellent d'ailleurs que les performances de Warwick ne sont pas toutes à féliciter, tout le mérite revenant souvent à Dr. Mundo. Ceux qui osent se sacrifier sont courants à Zaun, mais peu sont aussi aimés et respectés. »
Journal de la Justice, épisode 5 – 14 septembre, 20 CLE