Jusqu'à peu, Stellar Blade n'attirait pas l'attention des joueurs pour les bonnes raisons. Les regards étaient posés sur la plastique de sa protagoniste, EVE, plutôt que sur son gameplay. Comme Lies of P l'année dernière, il a le potentiel de créer la surprise pour beaucoup de joueurs.
- Genre : Action-RPG, Action-Aventure
- Date de sortie : 26 avril 2024
- Plateforme : PS5
- Développeur : SHIFT UP Corporation
- Éditeur : Sony
- Prix : 79,99 €
- Testé sur : PS5
Evedive
L'apparition des points communs avec Nier Automata ne se fait pas attendre. L'humanité a quasiment été éliminée par des créatures monstrueuses nommées Natybias, et les survivants se sont réfugiés dans des colonies spatiales. L'heure de la contre-attaque est cependant venue, et l'escadron aéroporté, uniquement composé de femmes à l'apparence et aux capacités étonnantes, se prépare à reprendre la surface. Malheureusement pour elles, comme Helldivers 2 aurait dû leur enseigner, se faire tirer dans un pod depuis un vaisseau, afin de se crasher en pleine zone de combat n'a pas tendance à conférer une longue espérance de vie.
Face à la puissance monstrueuse des Naïtybas, EVE tombe vite à court de renforts. Elle est sauvée in extremis par un humain du nom d'Adam, et ensemble, ils vont tenter de traquer le patriarche de cette race alien pour sauver l'humanité, tout en aidant les résidents de Xion, la dernière ville à la surface, à survivre. Bien entendu, tout n'est pas si simple, et cela sera à vous de démêler les secrets de l'histoire. Cela se prend très au sérieux, avec un monde tragique et des personnages désespérés. Nous avons néanmoins eu un peu de mal à nous plonger dans l'histoire au départ, puisque les dialogues sont un peu maladroits. Voir EVE porter des tenues plus saugrenues les unes que les autres, qui la laissent presque entièrement dénudée dans les cutscenes a aussi ce genre d'effet négatif.
On peut immédiatement voir que Stellar Blade a les moyens de ses ambitions, avec ses jolis graphismes, parmi les meilleurs de ce qu'on peut voir sur PS5, accompagnés d'une mise en scène souvent spectaculaire. Les modèles des personnages sont aussi extrêmement détaillés, que cela soit leur visage, leurs expressions ou leurs animations, et ils sont intégralement doublés dans de nombreuses langues, dont le français. Cet aspect grand spectacle aide à se prendre d'intérêt pour l'histoire, même si on retrouve des thèmes surexploités dans le genre, ainsi qu'un gros tas de clichés scénaristiques. Quand les principaux personnages s'appellent Adam et EVE, on ne peut pas dire que la narration fasse preuve d'une grande subtilité.
Tout n'est pas à jeté, et certains points du scénario parviennent néanmoins à intriguer, et il est plutôt tentant de refaire le jeu avec le nouveau mode de difficulté débloqué au bout de l'aventure, afin de découvrir les autres fins possibles. Le système de sauvegardes automatiques façon Elden Ring ou Dragon's Dogma 2 du jeu ne permettant pas de revenir en arrière. Cela a le mérite d'attester de la qualité du gameplay.
Goddess of war
Pour une fois, nous n'allons pas comparer Stellar Blade à Dark Souls, avec lequel il a relativement peu en commun en dehors de ses camps. Il nous fait plutôt penser aux nouveaux jeux God of War et à Jedi Fallen Order, en saupoudrant le tout d'inspirations diverses, d'idées originales, et du pod volant d'un titre que vous avez vu venir : Nier Automata.
Il n'y a pas de barre d'endurance ici, les combats sont rapides et intenses, on enchaîne les longs combos d'attaques en effectuant des pirouettes. Mais la défense est absolument primordiale, il faut chercher à parer parfaitement autant d'attaques des ennemis que possibles. Cela évite de subir les dégâts liés aux blocages normaux. Il en va de même pour les différents types d'esquive, afin de ne pas être envoyé au tapis par les attaques impossibles à parer.
Ce n'est pas outrageusement complexe, mais réagir de la bonne façon aux différents signaux d'alerte colorés dans le feu de l'action n'est jamais facile. Chacune de ces attaques ouvre l'opportunité à une variété de contre-spéciaux. Pensez au Contre Mikiri de Sekiro. Esquiver dans le dos de l'ennemi permet d'enchaîner avec un coup dévastateur, alors que la pirouette arrière permet de sortir son drone-flingue pour mitrailler leur point faible. Par la suite, différentes capacités supplémentaires peuvent être déclenchées au bon moment, afin de martyriser encore plus votre cible avec un super combo.
C'est très satisfaisant à réaliser, à la fois visuellement et en termes de gameplay. La différence est aussi claire qu'entre le jour et la nuit. On peut souffrir plusieurs minutes face à un nouvel ennemi tenace qui va nous envoyer plusieurs fois au tapis, tout en nous forçant à consommer notre stock de potions de soin. Mais après avoir appris à connaître ses attaques, leur timing, et comment les contrer, on peut littéralement l'exécuter en quelques secondes en brisant sa posture, suite à une série de parades parfaites.
Les différents arbres de compétences de Stellar Blade vont aussi dans ce sens. Plutôt que d'offrir de bêtes passifs comme un bonus de 0,2 % à la vitesse de pousse des cheveux, ils permettent surtout de débloquer de nouvelles capacités, enchaînement et contres. Cela enrichit le gameplay des combats petit à petit. Une salle d'entraînement est même intégrée, ce qui permet de tester soi-même chaque nouveauté, et de découvrir comment l'utiliser correctement, avant même d'avoir choisi de la débloquer.
Heureusement que les combats sont bons, puisque le nombre d'ennemis présents dans Stellar Blade est étonnement élevé, il l'est même un peu trop par moment. Si on combine cela avec leur réapparition chaque fois qu'on se repose au camp, on n'a pas d'autre choix que de devenir un expert dans leur élimination, y compris avec un coup dans le dos ou une attaque plongeante. On regrette aussi le fait qu'il n'y ait pas davantage de boss différents. Ils sont bien conçus et intéressants, surtout ceux rencontrés vers la fin du jeu, mais cela reste un peu léger dans l'ensemble.
De nouveaux jouets nous sont offerts régulièrement durant l'histoire afin de varier les manières d'aborder les combats. Les attaques bêtas, qui consomment une barre d'énergie chargée en combat, les attaques ponctuelles avec leur propre barre d'énergie, et même un mode "enragé" invincible à charger. Une fois transformé en flingue, le drone peut aussi déchaîner une puissance de feu surprenante à longue distance, même si les munitions empêchent d'en abuser.
On peut dire que Stellar Blade a décidé de faire des compromis inhabituels en termes de difficulté. Un mode histoire est disponible, et il n'y a pas vraiment de pénalité en cas de mort, on est juste renvoyé au dernier camp utilisé, mais les munitions et les consommables utilisés sont perdus, ce qui peut être assez pénalisant si vous bloquez longtemps sur un boss. Le timing et la direction de votre esquive sont aussi primordiaux, et le jeu s'avère très exigeant dans ce domaine.
On fini généralement à terre à moins d'effectuer une esquive parfaite, voire plusieurs esquives parfaites d'affilé au milieu d'un déluge frénétique d'attaques, cela semble assez absurde sur certains boss qui se téléportent dans votre dos. Pour compenser, un consommable spécial permet de revenir à la vie plusieurs fois par combat si vous le souhaitez.
Stellar Sablier
L'aventure qui vous attend dans Stellar Blade ne se limite évidemment pas qu'à transformer les Naïtybas en tranches de jambon. Une part importante de votre temps sera dédiée à l'exploration, avec des zones au level designs radicalement différents. L'histoire démarre dans les ruines d'une ville partiellement inondée, avec une progression linéaire, avec des obstacles, de l'escalade et des sauts de plateforme. Il y a aussi un petit côté Metroidvania, avec des objets qu'il faudra revenir chercher plus tard avec le double saut ou un mot de passe. Le tout est parsemé de mini-jeux à effectuer pour ouvrir lesdits coffres.
Ils permettent d'améliorer les armes et l'équipement d'EVE, et surtout : de lui fabriquer de nouvelles nanocombinaisons plus coquines les unes que les autres. Il y en a tellement qu'on a presque l'impression de jouer à la Barbie par moment, surtout avec ses accessoirs. C'est tout de même mieux que le vieux poncho de Cal Kestis. Ceci étant dit, celles et ceux qui trouvent cet aspect de Stellar Blade dérangeant auront aussi la possibilité d'adopter des tenues plus sobres. Pulls et jeans sont aussi au rendez-vous si vous le souhaitez.
Après avoir atteint la ville de Xion et ses nombreux personnages à la recherche d'un bon samaritain, on gagne aussi l'accès à une seconde zone bien plus ouverte, qui peut être explorée plus librement. De nombreuses heures peuvent alors être passées à fouiller chaque recoin et à faire des allers-retours pour accomplir des quêtes. Il est dommage qu'on se heurte très régulièrement à des murs invisibles un peu partout, et on se retrouve forcé à emprunter l'itinéraire prévu par les développeurs, même si visuellement cela n'a pas beaucoup de sens. Cela s'avère assez frustrant à la longue.
On repasse ensuite à une zone linéaire, mais avec de nouveaux défis, et quelques variations surprenantes afin de renouveler l'expérience de jeu. Nous n'allons pas en dire plus, afin de vous garder la surprise. Ce cycle se répète plusieurs fois, ce qui explique que Stellar Blade dispose d'une durée de vie assez longue pour un jeu du genre, quand on sort des sentiers battus. Prévoyez 20 à 30 heures pour finir le jeu en ligne droite, et près d'une cinquantaine si vous prenez le temps de terminer toutes les activités annexes comme la pêche. Suite à une mise à jour, le New Game Plus est disponible, ce qui aide à compléter tout ces éléments.