Cela fait déjà quelques années qu'EA dispose de la licence Star Wars, mais on ne peut pas dire qu'il soit parvenu à la rentabiliser avec ses tentatives récentes, les Star Wars Battlefront ayant à chaque fois provoqué l'ire de la communauté. Bioware étant visiblement trop occupé à sortir du bourbier sans fond nommé Anthem pour nous sortir un RPG de sa grande époque, c'est au tour du studio Respawn Entertainment, auquel nous devons Apex Legends et Titanfall entre autres, de présenter sa copie. Comme la presse française n'a pas eu accès au jeu en avance, contrairement à celle américaine, qui est bizarrement extatique à son sujet, voici notre test avec un peu de retard. Mais un conseil, ne vous laissez pas tromper par son introduction.
- Genre : Action-aventure, Action-RPG
- Date de sortie : 15 novembre 2019
- Plateforme : PC, Xbox One, PS4
- Développeur : Respawn Entertainment
- Éditeur : Electronic Arts
- Prix : 59,99€ sur PC, 69,99€ sur PS4 & Xbox One, disponible sur Amazon
- Testé sur : PC
Jedi et les Holocrons
Notre aventure démarre entre les films 3 et 4, 5 ans après le massacre des Jedis ordonné par l'empereur Palpatine. Cal Kestis est un padawan survivant, reconverti en ferrailleur sur une planète décharge. Il fait profil bas, car l'Empire poursuit sa traque des survivants, en faisant usage de l'implacable Inquisition. Les circonstances forcent Cal à griller sa couverture, et à se lancer dans une quête de grande ampleur. Avec un équipage improvisé, dont le seul notable est le droïde/mascotte BD-1, il lui faudra retrouver ses pouvoirs, puis tenter de reformer l'ordre Jedi, tout en affrontant les démons de son passé ainsi que le côté obscur de la Force. Sans en dire trop, si vous avez vu les films, vous savez où tout cela va mener.
La période choisie empêche malheureusement de prendre des libertés sur l'histoire ou d'être ambitieux, n'espérez pas croiser beaucoup de têtes connues, et encore moins de les trancher au sabre laser. Si on y ajoute les dialogues pompeux sur les Jedis, entendus des dizaines de fois à travers différents médias depuis la sortie du premier film, cela devient même très vite ennuyeux. Vos ennemis aiment aussi vous raconter leur vie et tenter de vous arracher une larmichette. Fallen Order ne nous offrant pas le moindre choix, oubliez votre rêve d'être le premier seigneur Sith roux, et préparez-vous à quelques déceptions supplémentaires. Mais peu importe, l'action a l'air bien au moins, non ?
From Star Wars
Comme mentionné plus tôt, Star Wars Jedi: Fallen Order copie très lourdement les mécanismes de gameplay des jeux From Software (Dark Souls, Bloodborne, Sekiro). Les combats ne sont pas faciles, avec un mélange d'éléments action (parade, roulades, techniques) et d'éléments communs aux RPG (points de talents), il faut atteindre un feu de camp point de méditation pour sauvegarder et s'y reposer, ce qui restaurera vos fioles d'Estus stims de soin, mais fera aussi réapparaître tous les ennemis. En cas de mort, vous réapparaissez au dernier point de méditation, vous perdez votre réserve d'âmes expérience, et il faut retrouver votre corps ou l'ennemi qui vous a tué pour la récupérer.
Pour être plus spécifique, le jeu ressemble surtout à Sekiro, sorti plus tôt cette année, il est difficile à dire si c'est une malheureuse coïncidence ou non, mais les ennemis et Cal disposent d'une barre d'équilibre en plus de celle de vie, qui est consommée en cas de blocage, ces 2 jeux reposant davantage sur le fait de bloquer et parer avec le bon timing, plutôt que de faire des roulades dans tous les sens, du moins en théorie. Bloquer à outrance vous exposera aux attaques par la suite, et rompre la garde d'un boss vous permettra de lui asséner un coup dévastateur.
Malheureusement, l'élève est encore loin de dépasser le maître. Le système de blocage et de parade est mal ajusté et peu pratique dans le cas présent. Il est généralement impossible de réaliser des parades successives avec un bon timing ou d'alterner coups et parades. Les ennemis disposent aussi de coup dévastateurs imparables, ce qui les fait briller en rouge, il faut alors esquiver. Le pauvre Cal a tendance a se faire bloquer dans un combo ennemi sans pouvoir réagir, ce qui pousse aussi à faire usage de l'esquive et de la roulade plutôt que de bloquer. Le choix de Respawn en la matière ne fera pas non plus l'unanimité, puisqu'il faut appuyer 2 fois successivement sur la touche d'esquive pour faire une roulade, ce qui est très vite fatiguant et frustrant sur les boss où le moindre délai peut être mortel. Heureusement, ici il existe des modes de difficulté qui permettent de moduler tout cela et d'offrir une expérience adaptée à tous, même si le jeu a tendance à être difficile pour les mauvaises raisons. Le fait que pas mal de hitboxes soient très mal conçues et trompeuses n'en est qu'un exemple subtil parmi d'autres.
Au moins, le bestiaire est assez varié et il vous faudra vous habituer à combattre de larges groupes d'ennemis en simultané, un point sur lequel Fallen Order se distingue de son modèle. Entre les troupes de l'Empire pleines de Stormtroopers, mais pas uniquement, l'Inquisition avec ses troupes d'élite redoutables, la faune locale agressive, les hordes de chasseurs de prime et les boss qui ne plaisantent pas trop. Vous êtes encouragé à trouver les forces et faiblesses, ainsi qu'à faire bon usage de la Force. Ce qui était un combat terriblement difficile peut se transformer en une victoire expédiée avec élégance dans ce cas. L'arbre de talents aide en la matière, même s'il manque tout de même de variété et d'originalité, et qu'il est bien moins profond qu'il en donne l'air. L'absence de butin et de récompenses s'avère aussi un peu décevante après un rude combat. En revanche, votre sabre laser aura aussi l'occasion d'acquérir quelques modifications exotiques, comme le fameux mode à double lames de Darth Maul, voire un sabre dans chaque main le temps d'une attaque spéciale (mais pas en permanence, visiblement Cal n'aime pas avoir l'avantage). Même si l'équilibrage et le gameplay ne sont pas parfaits, c'est amusant et satisfaisant en général, dommage que le cœur de l'expérience ne s'en tienne pas qu'à cela.
Boulot Metroid Dodo
Il faut admettre que le tutoriel de Fallen Order en met plein les yeux visuellement au départ, ainsi qu'avec ses interactions avec l'environnement et même en tant que spectateur, cela donne envie d'y jouer. Cal est très agile et il escalade, saute et se faufile partout d'une manière fort agréable. Par la suite, quand les choses se gâtent, on a vraiment l'impression d'être dans un film d'action à grand spectacle digne de la licence. Tout va très vite, ça explose, les tirs de blaster partent dans tous les sens, ça se bagarre rapidement et avec classe au sabre laser. C'est littéralement un couloir, mais on n'a pas le temps de souffler ni de s'ennuyer. Malheureusement, cela s'avère aussi être le meilleur passage du jeu. Après votre fuite en vaisseau vers une planète abandonnée, les choses se gâtent. La carte est alors un peu plus ouverte, mais on se heurte constamment à des obstacles infranchissables qui exigent un certain outil ou un certain pouvoir de la Force obtenu plus tard dans l'histoire. C'est d'autant plus déplaisant lorsque c'est appliqué à un coffre derrière un mini-boss optionnel difficile, qui ne donne qu'un peu d'expérience.
Chaque planète a plusieurs dizaines de coffres cachés, qui ont la fâcheuse tendance de ne contenir que des éléments cosmétiques. Votre vaisseau, votre droïde, votre poncho peuvent être personnalisés. Même votre sabre laser peut l'être, mais cela n'a strictement aucune influence sur ses caractéristiques. Nous n'avons rien contre les cosmétiques, dans un jeu qui s'y prête, mais dans un jeu exclusivement solo à la durée de vie réduite, il est évident qu'ils ne sont là que pour rallonger la sauce et tenter d'atteindre 20 à 30h de durée de vie au lieu de 10 et moins. Il y a bien quelques coffres et secrets pour améliorer les soins, la vie et la jauge de Force, mais ils sont forts rares et cachés dans la nuée de coffres inutiles. La carte en 3D aide à repérer les passages auparavant inaccessibles, mais elle n'affiche malheureusement pas les coffres et elle ne permet pas non plus de voyager rapidement, ce qui fait rapidement de l'exploration une véritable plaie sur certaines planètes, entre les toboggans géants à sens unique et les ascenseurs poussifs. On regrette alors rapidement d'avoir investi de longues heures de recherches, à tourner en rond, simplement pour ramener au vaisseau 3 couleurs de poncho hideuses et un nouvel effet métal pour le bouton de votre sabre laser.
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