Il a fallu quelques années à NieR premier du nom pour obtenir son statut de jeu culte auprès des amateurs de j-rpg, et son créateur Yoko Taro l'a bien compris. En gestation depuis presque trois ans, NieR Automata nous parvient cette fois en collaboration avec la fine équipe de Platinum Games afin d'apporter un peu de piment au gameplay. Quelles surprises nous réservent ces deux géants du jeu vidéo japonais ? Réponse dans ce test.
Note : Test original réalisé sur PS4, test de Become As Gods Edition réalisé sur Xbox One X.
- Genre : Action-RPG
- Développeur : Platinum Games
- Éditeur : Square Enix
- Support : PS4 / PC / Xbox One (Become As Gods Edition)
- Prix : 59,99€
2B or not 2B
Avant toute chose, précisons qu'il n'est pas essentiel de connaître sur le bout des doigts l’œuvre de Yoko Taro pour apprécier le scénario que propose le titre. Situé plusieurs milliers d'années après les événements du premier NieR et la trilogie Drakengard, Automata nous conte l'histoire de 2B et 9S, deux androïdes aux personnalités opposées qui devront combattre côte à côte au service de l'humanité pour reconquérir une planète Terre dévastée, infestée de machines ennemies. Bien que les fans de la trilogie Drakengard et du premier NieR sauront trouver les clins d’œil disséminés, agrandissant ainsi le background déjà fort complexe des jeux de leur créateur, Automata se concentre donc en majeure partie sur son histoire isolée.
Et qu'il est difficile d'évoquer ce scénario sans en dévoiler trop. Sachez seulement que le jeu aborde des thématiques assez fortes et matures qui prendront soudainement le joueur par les sentiments, afin de l'impliquer grandement dans les enjeux de l'histoire ; le genre de tour de force que l'on aimerait voir plus souvent. Aussi, la crainte d'un Bayonetta-bis à la sauce Platinum disparaîtra vite en fumée, vu qu'Automata se concentre essentiellement sur ses protagonistes, son histoire et son propos fort.
Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?
Car c'est une fois les premiers crédits de fin passés que l'on commence à comprendre où Yoko Taro veut nous amener. La tête pensante derrière Drakengard et NieR a l'habitude des narrations complexes, et Automata n'échappe pas à la tradition : sans trop en dévoiler, chaque fois que le joueur aura terminé le jeu et qu'il relancera une partie, cela sera depuis une autre perspective afin de lui faire comprendre d'autres aspects de l'histoire, lui donner de plus en plus d'éléments clés, bouleverser ses convictions et l'impliquer de plus en plus dans le scénario, qui va changer lui aussi.
Une manière très subtile et originale de construire une histoire complexe, qui viendra s'enrichir au fil des nouvelles péripéties du joueur, soulevant toujours plus de thématiques relativement matures : conscience, culpabilité, responsabilité, trahison, sentiments… Le tout couvert d'une ambiance S-F épurée qui fonctionne admirablement bien. La nature robotique des protagonistes permet d'ailleurs aux développeurs de construire un propos méta bien pensé, en justifiant toutes les mécaniques connues du jeu vidéo interactif par l'ensemble numérique de l'univers du jeu : le genre de détails qui fait mouche.
Aussi, nous ne développerons pas plus que ça afin d'éviter le moindre spoiler, mais sachez que NieR: Automata constitue une surprise narrative de tous les instants, un jeu dont la prise de risque est constante, mais qui saura vous retenir une bonne cinquantaine d'heures dans son histoire dont il faudra recoller soi-même les bouts. Profitons-en au passage pour évoquer les musiques de Keiichi Okabe, en grande partie responsables du succès d'estime du premier NieR. Mêlant toujours l'orchestral, le synthétique et le chant dans une langue bricolée pour l'occasion. l'OST d'Automata est riche, prend aux tripes, et parvient toujours à s'accorder au ton de la mise en scène pour l'enrichir. On reconnaîtra d'ailleurs quelques remix du premier épisode, et les compositions originales ne sont pas en reste. Bref, nul doute qu'Okabe a lui aussi frappé fort, une fois de plus.
Focus sur le contenu de Become As Gods Edition
Avec son arrivée avec plus d'un an de retard sur les consoles de Microsoft, sous la forme d'une version exclusive et améliorée, on peut légitimement s'interroger sur ce qu'apporte cette nouvelle version de NieR: Automata. Malheureusement (ou heureusement pour ceux qui avaient déjà le jeu sur PS4 ou PC), cela se résume presque exclusivement à compiler tout le contenu disponible. Cela comprend donc différents accessoires cosmétiques présents dans l'inventaire et qui peuvent être utilisés directement, et le DLC 3C3C1D119440927 (qui remporte la palme du nom le plus difficile à retenir) qui est normalement vendu séparément à 13,99€. Ce DLC introduit une arène avec de nombreux combats pour les différents personnages, et des récompenses cosmétiques, parfois chic, et parfois très coquines pour les vainqueurs.
Au niveau des performances, nous n'avons pas eu de ralentissements sur Xbox One X, l'aliasing brillait aussi par son absence, ce qui est une excellente chose. Sur cette version de la console, les 60FPS sont tenus sans problèmes et les chargements ne sont pas trop longs (heureusement, car ils seront nombreux). Les textures 4K ont donné un petit coup de jeune au titre, mais elles ne suffisent pas, les décors sont toujours terriblement vides voire répétitifs dans certaines zones. Voir des enchaînements de murs en béton nus et de pièces vides et un peu déconcertant et déprimant, même si en un sens, cela contribue à l'ambiance de l'univers étrange et déprimant de Nier: Automata.
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