The Callisto Protocol est un survival horror narratif où vous incarnerez Jacob Lee, un homme envoyé dans le pénitencier de sécurité maximale située sur la lune Callisto. Dans une incompréhension totale, il va devoir faire face à son destin, mais pas que. À peine arrivé dans sa cellule, la prison est plongée dans le chaos complet. Afin de survivre à cette panique générale, Jacob doit trouver un moyen de s'enfuir de la prison, mais il devra faire face à des scènes plus horribles les unes que les autres... mais aussi à des rencontres fortuites très utiles.
Cela fait depuis plusieurs années que les fans de Dead Space souhaitent revivre une aventure horrifique digne de ce nom où le gore et la science-fiction ne font qu'un. En sachant que The Callisto Protocol était développé par une bonne partie de l'équipe de Dead Space, les questions ne cessent de se poser : est-ce que The Callisto Protocol ressemble en tout point à son grand frère ou est-il un titre à part entière qui réinvente le genre ? C'est à travers ce test que nous allons vous donner notre avis.
- Genre : Survival horror
- Date de sortie : 2 décembre 2022
- Plateformes : PlayStation 5, PlayStation 4, Xbox One, Xbox Series et PC
- Développeur : Striking Distance Studios
- Éditeur : Krafton
- Prix : 69,99 € sur consoles et 59,99€ sur PC
- Testé sur : PS5
Bien plus oppressant qu'horrifique
Notez bien que si vous n'êtes pas familier avec les jeux de type horrifique comme Dead Space, Outlast ou encore Silent Hill, The Callisto Protocol se démarque par son côté moins "effrayant" et plus tourné vers une horreur "gore" et "violente". L'angoisse et l'impression d'évoluer avec une boule au ventre ne se feront pas ressentir sur ce titre qui mise avant tout sur l'action et une ambiance macabre de la Lune Callisto. Les fans de jeux d'horreur se rappelleront la pression de titres comme Dead Space 2 où un nécromorphe poursuit le joueur pendant toute la durée du jeu. Résident Evil 3, où Nemesis ne laissa aucun répit à Jill l'héroïne en la poursuivant à chaque niveau... Ici Jacob, ne fera qu'avancer en tabassant du monstre à la pelle sans que le joueur ait à se demander si un ennemi tapis dans l'ombre va venir le hanter pendant le jeu.
Mis à part quelques jumps scares, des monstres qui apparaissent quand on s’y attend le moins et d'autres moments quelque peu angoissants, il n’y a pas vraiment de quoi avoir peur, ni même à craindre. La plus grosse peur que vous pourrez vous infliger est celle que vous vous imaginerez dans votre tête. Vous allez sans aucun doute vous poser beaucoup de questions ou encore vous faire un bon paquet de scénarios en vous faufilant dans des conduits d’aération ou proches d’adversaires, mais il n’est rien, lancez-vous dans la gueule du loup, tout se passera bien. Pour donner une petite indication, The Callisto Protocol se situe dans le “baromètre de la peur” entre Resident Evil Village et The Quarry. Vous pourrez dormir tranquillement la nuit sans avoir à craindre des nuits mouvementées.
Par contre, l’ambiance sonore et visuelle est clairement le point fort du titre. Les musiques viennent agrémenter cette angoisse qui monte en nous et qui fait qu’on évolue d’une pièce à une autre avec la boule au ventre. Néanmoins, le jeu ne se place pas dans la catégorie des titres qui viendront vous extirper un cri honteux de peur. Nous ne sommes pas face à l’ambiance glaçante et angoissante que peut proposer un Silent Hill ou un Outlast, rien ne viendra vous attraper alors que vous vous y attendiez le moins et très peu de monstres montreront leur frimousse pour vous claquer une bise bien trop amicale.
La plus grosse peur que vous pourrez vous infliger est celle de ne plus avoir assez de ressources pour survivre. The Callisto Protocol est un survival, donc à l’instar de Resident Evil, vous allez devoir fouiller les moindres recoins de Callisto, l’installation où votre héros se retrouvera, pour trouver des munitions, des seringues de soins ou encore de la monnaie afin d’acheter des améliorations pour votre équipement. La survie peut faire peur et The Callisto Protocol joue très bien sur cet aspect, du moins en difficulté moyenne et difficile. Le mode facile sera similaire à une petite promenade de santé pour les joueurs ne souhaitant pas se prendre la tête. Ce qui parfois n’est pas forcément un mal.
Sachez aussi que d’une mort à une autre, les objets que vous trouverez sur les monstres ou les coffres seront différents. À l’inverse de The Last of Us, les objets que vous pourrez collecter au sol ne sont pas prédéfinis. D’un essai à un autre et d’une difficulté à une autre, vous pourrez trouver dans le même coffre un énorme stock de munitions ou bien des seringues et autres ressources de survie. Ce hasard permet de changer l’expérience du joueur d’une mort à une autre, ce qui est grisant pour le reste de l’aventure.
Les décors sont en pleines désolations, avec de nombreux cadavres décapités au sol, des flaques de sang et des cris de douleur qui vous rappelleront l’enfer dans lequel vous évoluez. Le centre pénitentiaire n’était pas très accueillant, sachez qu’il le sera de moins en moins à mesure où vous avancerez dans votre aventure. À mon sens, c’est une force pour The Callisto Protocol de ne pas avoir joué sur l’horreur du type “angoissante”. L’ambiance est horrifique, mais elle n’empêchera pas les joueurs de jouer avec la boule au ventre. Vous pourrez visiter le pénitencier avec une certaine tranquillité et prendre vos marques dans les combats nécessitant une bonne prise en main.
On souhaite quand même donner un petit signal d’alerte pour certaines personnes sensibles : Si vous êtes émétophobe ou encore mal à l’aise face à la violence, on vous conseille de tourner les talons, The Callisto Protocol joue beaucoup sur les morts atrocement douloureuses et les effusions de sang. Il en va de même pour les enfants, on vous déconseille fortement de jouer en la présence d’un enfant ou adolescent. Donc forcément, on vous déconseille de lui acheter par la même occasion ; des traumatismes pourraient bien surgir.
Quand la violence se fait dans le détail
Comme on vous le disait juste avant, les combats dans The Callisto Protocol sont très violents. Vous aurez souvent la surprise de découvrir de nombreuses éliminations que ce soit pour les monstres ou vous. Vous devrez faire preuve d’une grande créativité pour abattre plus ou moins facilement vos adversaires et c’est admirable de voir autant de morts possibles. Ainsi, n’ayez pas peur de mourir, car vous allez être étonnés de la violence que peuvent avoir les monstres même si parfois la frustration sera présente quand vous serez mort plusieurs fois…
Même la manette PS5 est intelligemment utilisée lors des combats ; les coups que vous porterez seront accompagnés d’une vibration plus ou moins forte (selon la puissance que vous y mettrez) pour donner ce sentiment de coups puissants. Il en va de même pour les télécommunications ; lorsque vous recevrez un appel d’un allié, c’est à travers la manette que vous pourrez les entendre et c’est un détail qui fait toute la différence. On est totalement immergé dans cette ambiance survivaliste et on se sent impliqué dans la mission qui motive Jacob, notre héros.
L’environnement est l’un des plus grands points forts du jeu : les détails sont présents partout. Chaque couloir à sa petite touche personnelle avec des objets du décor venant apporter un brin d’horreur ou d’histoire. Nous sommes plongés dans une telle immersion, que les indicateurs de quêtes et autres objets en surbrillance dans les autres jeux peuvent nous paraître problématique quand on passe de The Callisto Protocol à un autre titre. On est absorbé par le jeu, c’est fantastique. Notez néanmoins qu’il y a quand même une petite assistance visuelle, mais elle est si délicate qu’elle ne vient pas contraindre le joueur à l’inverse de Horizon Forbidden West qui pousse l’assistanat à son paroxysme.
Dans The Callisto Protocol, les combats sont exigeants, sans trop l’être. Je vous l’accorde que c’est assez obscur dit de cette façon, mais pas de panique, je vous explique tout. Les combats nous plongent dans la peau de notre héros où l’on doit vivre le combat comme si on était à sa place. Ainsi, vous devrez faire preuve de dextérité pour esquiver à gauche ou à droite selon les coups que vous porteront les monstres. Donc, si votre adversaire tente de vous donner un crochet du gauche, vous devrez esquiver dans la bonne direction pour ne pas prendre le coup.
The Callisto Protocol profite d’un bon arsenal d’armes, mais qui n’est pas très diversifié. Or, c’est un faux problème à mon sens ; en effet, les améliorations permettent d’avoir des tirs alternatifs dévastateurs permettant alors de rendre une arme singulière. On peut aisément changer d’armes et ainsi varier les plaisirs.
Le jeu possède une difficulté plutôt au-dessus de la moyenne pour ce genre de jeu, mais il y a beaucoup de checkpoint, ce qui vous permettra de ne pas reprendre trop loin dans votre aventure. Toutefois, prenez garde, car ce genre de checkpoint peut très rapidement mener à des softlocks : si vous n’avez plus aucun moyen de vous soigner lors d’un combat très compliqué, vous allez réapparaître avec les mêmes points de vie et toujours rien dans votre inventaire. On est loin de God of War qui apporte son aide aux joueurs en remettant à 100% une barre de vie après une réapparition lors d’un combat.
Un manque certain de créativité
Krafton est bien connu pour faire des jeux magnifiques ; on a pu le remarquer avec l’apparition de Dead Space il y a maintenant plus de 10 ans. Chaque détail est présent et on ne peut que se réjouir d’un aussi bon travail. Nombreux sont les détails sur les animations de notre personnage. Les acteurs ont été sélectionnés à la perfection avec des animations faciales exceptionnelles apportant un effet de réalisme. Rien qu’en regardant l’animation des visages dans les cinématiques, on est capable de traduire les sentiments des personnages, ce qui est très plaisant à observer.
La technique va si loin que les effusions de sang se retrouvent dans le décor, mais aussi sur notre personnage et les traces de pas peuvent se retrouver dans la neige qu’il soit question de vous, des monstres ou encore de vos alliés. D’un point de vue technique, The Callisto Protocol fait un sans faute.
Toutefois, il y a quand même de grosses zones d’ombre qui se traduisent par un manque de créativité. À l’instar de Dead Space, les décors restent monotones, avec quelques changements de biome pertinent, mais pas assez pour en prendre plein les yeux ou pour vraiment ressentir un changement. On ressent le manque de moyens avec l’absence de plus de zones en extérieur, ce qui peut être également voulu pour le côté claustrophobique du genre en laissant le joueur dans de petits espaces. Néanmoins on aurait apprécié découvrir la Lune sur laquelle l’histoire prend place autrement que par une prison ou des souterrains.
Alors qu’il y a différentes manières pour tuer nos adversaires, on se retrouve à être restreint sur leurs genres. On recroise très souvent les mêmes infectés et la lassitude commence à prendre vraiment place lors du chapitre qui joue sur la furtivité (on ne vous le citera pas pour éviter tout spoil). Alors que les combats sont intuitifs, immersifs et surtout très satisfaisants, notre plaisir se voit être amoindri par un bestiaire très réduit et des boss qui n’ont pas de paternes intéressants.
On a enfin la chance d’avoir un monstre élite après de nombreuses heures de jeu, j’étais comblée et heureuse de voir enfin de la diversité en matière d’infecté à dézinguer, mais voilà qu’on le recroise à plusieurs reprises, dans des situations qui ne méritent pas forcément sa présence. Les monstres sont réutilisés et on se lasse de toujours voir les mêmes adversaires.
Néanmoins, on pourrait se dire que la fin du jeu serait juste fantastique, non ? Alors qu’on a attendu toute la durée du jeu pour avoir un combat de boss palpitant, le fameux, celui qu’on attendait !... On se retrouve à avoir une simple évolution d’un adversaire déjà bien connu avec un gameplay des plus ennuyeux et une arène plus que contraignante . Les feux d’artifice pour le bouquet final ont manifestement pris l’eau ; toute notre progression se voit être réduite par une fin qui laisse une note un peu amère.
Sauf que ce manque de créativité ne s’arrête pas en si bon chemin. Alors que le début du jeu tente de mettre en place une intrigue entre Jacob et Dani, on observe à la fin du jeu que la profondeur des personnages est en réalité un peu trop simpliste finalement. J’ai été déçue par la tournure qu’a pu prendre la fin du jeu avec une histoire ressemblant fortement à ce que l’on peut voir dans un Resident Evil. Il serait fortement insultant de dire que le scénario tient sur un post-it, loin de là, mais un travail de profondeur aurait été plus que le bienvenu pour avoir une histoire sensationnelle qui viendrait balayer le mauvais point du bestiaire très réduit. On aurait aimé en savoir davantage, observer une meilleure complexité dans les relations entre les personnages, surtout à la fin. Du moins autrement que par la lecture de journaux audio à collecter dans le jeu qui peuvent être manqués. Comme les feuilletons de Noël du dimanche, on peut prévoir assez rapidement la fin de ce qui semble être “la première partie” de The Callisto Protocol.
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