Après neuf ans d'un développement tumultueux, The Last Guardian arrive enfin sur PS4. Découvrez notre avis sur ce titre dont vous ne sortirez pas indemnes !
- Genre : Action-aventure, Fantasy
- Date de sortie : 6 décembre 2016
- Plateforme : PS4
- Développeur : Team Ico, Japan Studio, Sony Interactive Entertainment
- Éditeur : Sony
- Prix : 34,99 €
Le meilleur ami de l'âme
Retirer la galette de Final Fantasy XV pour insérer celle de The Last Guardian offre un sentiment étrange : prévu lui aussi sur PS3, TLG a souffert d'un développement à rallonge de neuf ans. Les circonstances de ces reports et du passage sur PS4 ne sont pas l'objet de cet article, mais cela permet de comprendre ce que représente cette sortie pour les joueurs qui ont eu la chance d'expérimenter les deux précédentes productions de Fumito Ueda. Ce troisième jeu de la Team ICO nous propose de suivre la folle ascension d'un jeune garçon accompagné d'une bête aussi mystérieuse que fascinante, le Trico. Sorte de mélange improbable entre un chien, un oiseau et un rat, ce monstre de trois mètres de haut est la véritable star du jeu.
Véritable prouesse technique, le Trico dispose d'animations et de comportements ultra-réalistes : du jamais vu dans un jeu vidéo, tout simplement. Les deux compères vont donc tenter de s'échapper du Nid, une vallée ancestrale aux allures de prison en ruines enfouie au plus profond d'un cratère habité par des armures possédées qui vont tenter de ramener nos deux héros d'où ils viennent.
Au fur et à mesure de leur avancée, la bête et le garçon vont apprendre à se connaitre et à s'entraider, jusqu'à ce qu'une véritable amitié entre les deux personnages se crée et c'est probablement la plus grande réussite de la dernière production de Fumito Ueda : leur relation est crédible. Tout est amené en douceur et le lien qui les unit se renforce sous nos yeux à mesure que l'on progresse dans le dédale, tant et si bien que l'attachement porté aux deux protagonistes relève de l'inédit. Le contrôle du garçon sur l'animal va se renforcer jusqu'à ce qu'il puisse lui donner des ordres précis, tandis que ce dernier va parfois réussir à braver ses peurs les plus profondes pour tirer son compagnon du danger.
Difficile de ne pas spoiler le moindre élément scénaristique, et de toute façon un simple test ne saurait vraiment décrire pourquoi il s'agit d'une expérience spéciale et marquante. Néanmoins, la conclusion du titre, pas si prévisible et simpliste que cela, nous a tout simplement ému aux larmes, une véritable leçon de narration par le gameplay et un immense coup de cœur. Rien que pour cette histoire d'amitié unique et l'univers magique qu'il dépeint, The Last Guardian se doit d'être parcouru au moins une fois dans sa vie de joueur.
L'heure du Trico
Si l'on devait absolument caser The Last Guardian dans un genre précis, on pourrait le qualifier de «puzzle/platformer». À chaque salle une énigme ou un défi de sauts à enchaîner pour passer à un étage supérieur et continuer l'escalade du nid : il s'agit là d'un résumé tout ce qu'il y a de plus basique du principe autour de TLG, puisque le Trico va complètement changer la donne. Il va en effet falloir trouver de quoi nourrir l'animal lorsqu'il ne sera pas décidé à bouger, le calmer après un combat, lui retirer les pieux d'un précédent affrontement, etc. Le monstre va évidemment devenir essentiel à la résolution de nombreuses énigmes, son corps tout entier étant une «plate-forme mobile» de choix. D'autres mécaniques, que nous ne dévoilerons évidemment pas ici, viendront pimenter l'expérience afin d'offrir une variété de puzzles respectables durant la bonne douzaine d'heures que dure l'aventure. Si l'ensemble se tient et profite au passage d'un level-design très bien étudié, il sera tout de même parfois difficile de composer avec une caméra flottante à laquelle on ne se fait jamais vraiment.
Par flottante, nous entendons une sensation d'input lag et de lourdeur à chaque rotation. Pour rester dans les choses qui fâchent, on notera également le comportement de l'IA du Trico, lacunaire à plusieurs moments de l'aventure, ce qui crée quelques confusions dans la résolution de certaines énigmes.
Lorsque le monstre ne répond pas correctement aux ordres on en vient à se demander si notre réflexion était bonne ou si c'est simplement parce que l'intelligence artificielle nous joue des tours, ce qui peut rendre certaines situations frustrantes. Fort heureusement, ces quelques désagréments n'entachent pas l'expérience globale outre-mesure et certains casse-têtes risquent de mettre vos neurones en ébullition (alors que les solutions sont souvent très simples). Les combats du jeu sont quasiment inexistants et l'enfant que l'on dirige n'aura souvent pas d'autre alternative que la fuite, laissant le Trico se défouler, même s'il est tout de même possible de lui prêter main forte en achevant les armures à terre ou en en renversant des unités bien spécifiques. Comme pour la narration du jeu, l'expérience de The Last Guardian ne peut se résumer à quelques lignes, il faut la vivre pour comprendre ce qui rend son gameplay si unique, puisque l'histoire est liée aux mécaniques et vice-versa.
Pris par les sentiments
Développé à la base pour la Playstation 3, on pouvait craindre que TLG souffre de sa «presque-décennie» de développement. C'était sans compter sur le talent des artistes de la Team ICO qui nous livre ici une véritable baffe graphique. Techniquement, le jeu accuse pourtant le coup à certains moments, avec un aliasing assez prononcé et quelques bugs de collision. Mais lorsque l'on met la direction artistique dans l'équation, c'est une toute autre histoire : particulièrement bluffant grâce à des effets de lumière saisissants, The Last Guardian tient presque parfois du photo-réalisme. Comme précisé en début de test, le Trico est également une belle prouesse technique, avec des animations crédibles et de nombreuses mimiques qui rendent la bestiole tout à fait adorable. On notera par contre quelques ralentissements au plus fort des séquences épiques du jeu : dommage, mais loin, très loin d'être rédhibitoire vu ce que le jeu propose tout au long de son aventure (comptez une bonne douzaine d'heures pour en voir le bout).
Terminons enfin sur la bande-son orchestrale du jeu, tout simplement sublime et qui reste bien en tête, même après avoir éteint la console. Très discrètes, voire absentes, ces dernières vont surtout être là pour mettre en évidence certaines situations sous haute tension, comme le faisait déjà Shadow of the Colossus en son temps. En conclusion, une fois le périple achevé difficile de rester de marbre face à la proposition de The Last Guardian, un jeu sublime à bien des égards et capable de transmettre de véritables émotions aux joueurs.
Voir la suite