Après une longue attente, 2K Supermassive déploie finalement celui que l'on nomme depuis un moment déjà "Until Dawn 2" le vendredi 10 juin 2022 : The Quarry. A mi-chemin entre l'œuvre cinématographique et vidéoludique, ce jeu d'horreur offre au joueur la possibilité d'en créer sa propre version selon les choix qu'il fait. C'est ainsi lui qui est à la fois protagoniste et antagoniste des événements dont il est paradoxalement également le spectateur… Et qu'il subit donc lui aussi, au même titre que les personnages du jeu !
Note importante : Nous ne mentionnerons pas l'antagoniste principal du jeu dans ce test pour éviter tout spoil puisque l'histoire est le cœur de The Quarry. Continuez votre lecture en paix, vous ne saurez rien à son sujet ici !
- Genre : Film interactif, Choix et fins multiples, Horreur, Slasher
- Date de sortie : 10 juin 2022
- Plateformes : PC, PS5, PS4, Xbox Series X¦S, Xbox One
- Développeur : Supermassive Games
- Éditeur : 2K Games
- Prix : 59,99€ (édition de base) ou 69,99€ (édition Deluxe)
- Testé sur PC
Du rififi à Hackett's Quarry
The Quarry narre l'histoire de neuf moniteurs d'un camp estival américain se retrouvant le temps d'une dernière nuit entre amis afin de profiter des quelques instants sans les tracas quotidiens de la vie. Pourtant, alors que les choses semblent bien commencer, la bande d'amis découvre peu-à-peu que des événements étranges ont lieu à Hackett's Quarry.
L'insouciance originelle laisse rapidement place à la prise de décisions vitales, nouant et brisant des relations et menant à un destin plus ou moins tragique selon les choix effectués par chacun des protagonistes rythmés par de multiples QTE (Quick Time Events). L'ultime nuit de "vie d'ado" se révèle bientôt comme étant la nuit la plus cauchemardesque des neufs moniteurs... Seul salut pour chacun d'eux : le lever du jour. Mais survivront-ils tous jusque-là ?
Subtil renouveau d'un genre populaire
Si nous l'avons longuement comparé à son prédécesseur, Until Dawn, dans notre preview quelques jours plus tôt après une session de jeu plutôt courte, notre position au sujet de The Quarry a depuis plutôt bien évolué. Après plusieurs sessions de jeu plus ou moins longues et la découverte des derniers éléments de l'intrigue du jeu, force est de constater que le petit nouveau de Supermassive Games n'a rien à envier à son grand frère.
Les premières impressions dès l'écran d'accueil attestent d'ailleurs de ce ressenti. Très axé sur le côté "old school" du genre slasher, il nous introduit directement dans une ambiance très glauque qui nous rappelle ce pourquoi on est là : angoisser ! Parce que c'est bien là la force de The Quarry : bien que le titre ne soit pas excessivement effrayant, il repose principalement sur une atmosphère très dérangeante et éprouvante ayant pour objectif de vous faire perdre vos moyens. Oubliez ici les jumpscares et autres grands classiques un peu ennuyeux (et parfois frustrants) des jeux d'horreur : ce sont votre attachement aux personnages et votre culpabilité qui feront le plus gros de l'angoisse générée par le jeu, en plus des QTE (Quick Time Events) qui peuvent parfois surprendre et vous mettre dans de périlleuses situations. Le jeu n'abuse toutefois pas de cette mécanique et demeure assez contemplatif globalement, vous pouvez presque poser votre manette pour regarder ce "film" (mais on vous le déconseille vivement, optez plutôt pour le "Mode Cinéma" qui vous laisse contempler vraiment complètement !)
Ce choix plutôt étonnant après un Until Dawn jonché de jumpscares parfois largement tirés par les cheveux est par ailleurs renforcé par certaines options disponibles directement dans les options d'affichage grâce à quatre filtres :
- Aucun
- Horreur indé
- Années 80
- Noir et blanc
Selon vos préférences, vous pouvez ainsi simplement vivre l'histoire telle qu'elle a été conçue par les développeurs, ou bien ajouter un filtre sur votre écran changeant votre perception du jeu. Rien de bien transcendant à première vue, pourtant c'est diablement efficace si tant est que l'on aime les vieux slashers en sépia ou en noir et blanc !
Il est cependant important de noter que l'on peut être passés à côté d'éléments vraiment effrayants puisque nous avons eu droit à la "fin heureuse" durant notre session complète, bien que l'on ait eu droit à quelques scènes très dérangeantes. La plupart des QTE étaient réussis et tout le petit groupe s'en est sorti vivant, il y a fort à parier que d'autres choix pourraient nous avoir offert quelques petits sursauts...
Puisqu'on en parle, les fins possibles à The Quarry sont effroyablement nombreuses, 186 d'après les données dont on dispose ! Alors bon, soyons honnêtes : il y a de fortes chances qu'en réalité seulement une dizaine d'entres elles soient vraiment différentes et aient lieu selon les choix pour lesquels vous optez, les autres n'étant que de légères variations impliquant la mort de tel ou tel personnage sans conséquence réellement majeure sur le dénouement final. Mais tout de même !
Côté durée de vie, là encore c'est une franche réussite pour ce genre de jeu. Il vous faudra entre 9 et 12 heures pour arriver à la toute fin du jeu par le biais de 11 chapitres incluant un prologue. Très honnête quand on sait que son prédécesseur, Until Dawn, peinait à passer la barre des 8 heures. Et comprenons-nous bien : pas question de remplissage inutile et ennuyeux ici, The Quarry tient réellement en haleine dès les premiers événements "étranges", et l'ajout d'un nombre plutôt conséquent d'objets de collection au fil de votre progression a tendance à inciter tant à la découverte qu'à la réflexion tout en renforçant votre immersion dans l'histoire.
Ces "collectibles" comme on les appelle souvent sont, soulignons-le, très importants. Ils vous permettent non seulement de bénéficier d'une plus grande compréhension de l'histoire, incluant certaines interactions inaccessibles autrement, mais vous offrent également de nouveaux choix par le biais d'une mécanique de "cartes de tarot". Après chaque chapitre, vous découvrirez, à l'instar de l'opus précédent, un personnage qui vous offrira des choix selon les objets que vous aurez collecté durant le chapitre précédent. Selon votre curiosité, vous pourriez donc bénéficier d'un indice à propos d'un événement à venir, aucun, ou même de plusieurs... Mais un seul d'entre eux sera sélectionnable, ce sont donc de multiples portes "cachées" qui s'offrent régulièrement à vous et vous invitent à suivre certaines pistes... Libre à vous de tenter de contrer le destin, ou bien de le subir corps et âme ! Cette mécanique très semblable aux totems d'Until Dawn a cependant été améliorée : vous avez la possibilité de ne pas en bénéficier et de continuer votre progression à l'aveugle si vous le souhaitez, des choix, toujours plus de choix !
En jeu, force est de constater que le résultat est là encore bien au-delà de nos espérances. Les dialogues entre les personnages que l'on incarne et ceux que l'on rencontre sont particulièrement réussis. On se prend rapidement au jeu, et alors que certains choisiront de réagir comme ils réagiraient à la place des protagonistes, d'autres seront plus réfléchis et tenteront de sauver leur peau. Les émotions sont une part importante de The Quarry, et les dialogues renforcent celles-ci : souvent drôles et même incongrus, ils nous surprennent pourtant parfois par les intenses émotions qu'ils dégagent.
Ainsi, si les protagonistes peuvent paraître très clichés de prime abord, ils nous rappellent assez rapidement que les jugements hâtifs sont souvent injustes et nous remettent presque à notre place. La narration appuie même souvent volontairement sur ces erreurs de jugement que les développeurs ont visiblement anticipé et nous offrent une perspective de réflexion sur nos propres biais sans pour autant tomber dans la lourdeur. Cela peut sembler tiré par les cheveux, pourtant c'est vraiment la sensation que l'on a eu, culpabilisant même en fin de course d'avoir décrété qu'untel était "toxique", tandis que l'autre était "naïf". Et ça, c'est fort !
Les dialogues sont également plutôt bien écrits. Contrairement à de nombreux films et jeux d'horreur, Until Dawn en tête naturellement, nous avons sincèrement eu la sensation que The Quarry était écrit par et pour de jeunes adultes. Si les phrases et réactions bateau et ennuyantes à mourir sont légion dans ce type de jeu, 2K Games en propose une vision neuve et assez loin des clichés habituels. Le jeu semble clairement pensé pour un public de jeunes adultes, un état de fait discernable entre autres par les très nombreuses injures et autres remarques douteuses que se lancent les protagonistes comme le ferait une bande d'amis aimant se taquiner de façon ouvertement grossière. Et on aime ! Parce que non, la jeunesse ce n'est pas que des amourettes et des cœurs brisés, c'est aussi des amitiés souvent très "vaches" mais pourtant solides !
Finalement, et c'est pourtant important de le souligner, une mécanique addtitionnelle permet au joueur de revivre jusqu'à trois scènes dont la fin a conduit l'un des personnages à la mort. Celle-ci n'est accessible que pour les détenteurs de l'édition Deluxe ou bien ayant terminé au moins une fois le jeu, il vous faudra donc jouer "normalement" durant votre première partie ! Avec ce système, si un choix que nous n'avez pas su anticiper mène à la mort de l'un de vos personnages favoris, vous pouvez l'annuler et changer de voie... En espérant que ses chances de survie soient plus grandes. Mais attention : vous n'avez que 3 "vies" à disposition. Au-delà, tous les personnages que vous conduirez à la mort auront un destin scellé...
Le Diable est dans les détails
Techniquement parlant, The Quarry est une plutôt bonne nouvelle et se place dans la lignée de son prédécesseur à son époque. Même avec la plus faible qualité, les graphismes sont d'un réalisme assez étonnant bien que forcément bien moins "propres" qu'en "Ultra" si l'on peut dire. Ce rendu particulièrement bluffant aura toutefois fait un petit peu peiner cette chère RTX 2060 qui chauffait plus que d'ordinaire.
Les détails sont particulièrement denses au niveau de l'environnement et rendent même les quelques phases de gameplay pur et dur assez immersives et plaisantes. Pourtant, cette splendeur aura été très épisodiquement ternie par certains bugs d'affichage troublants et même parfois très gênants, tout particulièrement au niveau de l'eau et des éclaboussures. Alors que les reflets de l'eau virent parfois au vert sans réelle raison, les éclaboussures mettent un sérieux coup à l'immersion les quelques fois où on les constate : elles sont si laides qu'on a l'impression qu'il s'agit d'un liquide visqueux et pas de l'eau, presque du pétrole, et ce même avec tous les graphismes poussés au maximum !
En matière de capture, le motion design est une fois de plus au rendez-vous et propose un rendu plutôt acceptable des visages. Pourtant, les personnages font assez régulièrement "faux", en particulier lorsqu'ils sont exposés à la lumière du jour ou d'un feu de camp, et c'est bien dommage quand on sait le nombre de fois où on les voit de près. Même constat au niveau des déplacements qui donnent parfois la sensation que l'on suit l'histoire de vulgaires pantins à peine articulés. Fort heureusement, ces détails nous ont semblé assez peu importants et le réalisme de la plupart des nombreuses cinématiques en jeu semblait combler ces défauts techniques principalement visibles en début de partie.
De plus, si narrativement The Quarry nous a semblé particulièrement réussi, une poignée de choix (en particulier en tout début de jeu) nous a semblé très redondante. Alors que certaines prises de décision mènent à des découvertes inédites ou des changements drastiques dans le déroulé de l'histoire, les premiers choix du joueurs mènent souvent quoiqu'il arrive aux mêmes débouchées, donnant la sensation de refaire la même chose en boucle si vous rejouez l'intégralité du film-jeu. Fort heureusement et comme nous le précisions précédemment, ces faux choix concernent principalement les deux premiers chapitres, la suite est bien moins dirigiste !
Toujours en matière de déception, certaines mini-cinématiques suivant certains choix ne tiennent pas compte des récents événements. On chipote un petit peu et on vous avoue avoir cherché la petite bête, mais il est dommage que le fait de faire détruire les bouteilles par Nick au lieu des pastèques comme prévu n'implique pas un changement même mineur dans la suite des événements. Pire encore, alors même que lesdites bouteilles ont été détruites, Kaitlyn tire à nouveau dessus dans la mini-cinématique qui suit alors qu'elles ne sont plus visibles (puisque cassées). Du micro-détail, mais bon ! Hein !
Côté accessibilité, The Quarry ne blague absolument pas. Si sa disponibilité sur PC et Xbox ravira ceux n'ayant pas pu jouer à l'opus précédent puisqu'exclusif à la PlayStation 4, c'est aussi la possibilité de jouer au clavier et à la souris qui plaira aux allergiques au joystick. Bon, honnêtement le jeu semble clairement bien plus adapté à la manette en terme de précision, mais vous avez le choix malgré tout et le résultat demeure acceptable.
Les joueurs et joueuses souffrant des formes les plus récurrentes de daltonisme n'ont pas été oubliés non plus puisque les modes "protanopie", "deutéranopie" et "tritanopie" sont disponibles. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour eux ça veut dire beaucoup ! De même pour les sourds en malentendants qui bénéficient d'une option leur permettant d'activer le sous-titrage des dialogues et autres sons présents en jeu. C'est assez rare pour être souligné, et on salue 2K Games pour ça !
Le commun des joueurs n'a pas non plus été oublié puisque plusieurs modes de difficulté "cachés" se trouvent dans le menu dédié à l'Accessibilité. QTE simplifiés, augmentation du délai pour les choix, visée assistée... Il y en a pour tous les goûts et les demandes, et c'est là encore un point de plus pour The Quarry. Les sous-titres sont d'ailleurs disponibles en français si les joueurs le souhaitent, libre à chacun de les activer si besoin !
Finalement, et c'est l'un des points qui nous aura le plus bluffé au cours de nos essais, une option dédiée aux streamers leur permet de remplacer les multiples musiques du jeu par d'autres libres de droits. Amis streameurs, voilà qui devrait vous éviter de vous faire bannir dès les premières secondes de jeu pour avoir écouté les différents titres jonchant le jeu !
Campe avec les stars
Si Until Dawn plaçait déjà la barre très haute en matière de casting, The Quarry n'a pas à le jalouser. Avec pas moins de 15 acteurs pour certains très célèbres, les rôles des principaux pro comme antagonistes sont largement respectés par leurs interprètes. Ce casting comprend les acteurs et actrices ci-dessous :
- David Arquette (Scream) dans le rôle de Chris
- Ariel Winter (Modern Family) dans le rôle d'Abigail
- Brenda Song (Dollface) dans le rôle de Kaitlyn
- Evan Evagora (Star Trek : Picard) ans le rôle de Nick
- Halston Sage (Chair de poule, le film) dans le rôle d'Emma
- Justice Smith (Pokémon : Détective Pikachu) dans le rôle de Ryan
- Miles Robbins (Halloween) dans le rôle de Dylan
- Siobhan Williams (Forsaken) dans le rôle de Laura
- Skyler Gisondo (Halloween) dans le rôle de Max
- Zach Tinker (American Horror Story) dans le rôle de Jacob
- Ethan Suplee (American History X) dans le rôle de Bobby
- Grace Zabriskie (The Grudge) dans le rôle de Eliza
- Lance Henriksen (Falling) dans le rôle de Jedediah
- Lin Shaye (Insidious) dans le rôle de Constance
- Ted Raimi (Spider-Man 1, 2 et 3) dans le rôle de Travis
Naturellement, certains nous ont semblé bien plus convaincants que d'autres et c'est sans doute une question de préférences personnelles. On saluera tout particulièrement la performance exceptionnelle de Halston Sage (Emma) et Ted Raimi (Travis) qui auront eu raison de la mauvaise impression qu'ils nous ont donné au début du jeu. De même du côté de Zach Tinker (Jacob) qui s'illustre à merveille dans son rôle pourtant à première vue très cliché, et bien sûr l'incroyable Brenda Song dans le rôle de Kaitlyn dont on ne se lassera sans doute pas.
Pour clôturer ce test, nous souhaitons préciser que la version française du jeu est d'une grande qualité et on vous recommande chaudement de vous laisser aller à votre langue maternelle (si tant est que c'est le cas !). Rangez pour une fois votre manque d'intérêt à l'égard de la VF, vous nous en direz des nouvelles !