Plusieurs longs mois s'étaient déroulés entre le trailer d'annonce de Clair Obscur: Expedition 33 et le moment où l'on a pu avoir le jeu entre les mains. Un trailer qui avait placé la barre très très haut, avec la promesse d'un JRPG made-in France (oui, c'est un véritable JRPG même s'il n'est pas japonais, on va l'appeler comme ça quand même) dans un univers inédit, un combat au tour par tour dynamique et modernisé, avec des inspirations claires : Final Fantasy, Lost Odyssey, The Legend of Dragoon ou encore Persona.
Il ne fallait pas m'en dire plus, c'est devenu le jeu que j'attendais le plus au monde depuis bien longtemps, espérant ne pas être déçu par le résultat. Comment vous dire que le résultat fut en réalité au-delà de mes espérances, et que Sandfall Interactive, le studio français d'à peine quelques 30 personnes a réussi à créer en réalité un véritable chef-d'œuvre qui plie en 4 la grande majorité des AAA actuels.
On vous donne notre avis dans ce test sur Clair Obscur: Expedition 33, et pourquoi ce jeu exceptionnel devrait tirer la sonnette d'alarme chez Square Enix et l'ensemble de l'industrie du jeu vidéo.
- Genre : JRPG
- Date de sortie : 24/04/2025
- Plateformes : PC, PS5, Xbox Series
- Développeur : Sandfall Interactive
- Éditeur : Kepler Interactive
- Prix : 49,99€
- Testé sur : PC
Montrer la voie à ceux qui suivront
An 33 du Monolithe, 67 années depuis la Fracture et son apparition, la Peintresse. La ville de Lumière a été séparée du continent depuis cet événement tragique et depuis, elle la Peintresse peint au loin un chiffre, qui descend année après année, faisant disparaitre les gens de l'âge correspondant. Un compte à rebours qui force le départ d'expéditions annuelles, remplies de personnes vivant leur dernière année, et parfois certains plus jeunes.
Aujourd'hui, c'est l'heure du départ de l'Expédition 33, guidée par Gustave et où se trouvent avec lui Lune, Maelle, Sciel et d'autres braves gens avec un but précis : mettre un terme aux œuvres de la Peintresse et en cas d'échec, comme toutes les expéditions précédentes, montrer la voie à celles qui suivront les années d'après.
Évidemment, les choses ne se passeront pas forcément comme prévues dans cette histoire fantastique digne d'un film de Christopher Nolan (Inception, Interstellar...), avec des développements permanents et des rebondissements inattendus, comme dans tout bon JRPG qui se veut à la hauteur de ces ambitions. C'est donc l'heure de parler de la première immense qualité d'Expedition 33 : sa narration.
Au-delà de son scénario unique, Expedition 33 est l'une des histoires les mieux racontées dans un jeu depuis très longtemps. Mises en scène cinématographiques par moments, casting XXL pour un acting 20/20 que ce soit en VO ou en VF avec des noms parmi les plus en vogue du moment, dans des biomes et un monde envoûtants au possible, le jeu est un véritable chef-d'œuvre et une leçon de narration à retenir.
On ne vous spoilera rien dans cet article, mais sachez que si vous êtes un fan de JRPG, vous savez que les plus grandes histoires sont celles qui vous ont marqué par leur narration, leurs plot twists et leur immersion qui vous tient en haleine du début à la fin.
Clair Obscur: Expedition 33 réussit à merveille ce défi, avec un jeu raconté à la perfection et rythmé à merveille, sans temps mort de la première à la cinquantième heure, à laquelle j'avais seulement terminé l'histoire principale (et Dieu sait qu'il me restait encore du contenu après ça, mais on y reviendra).
Le jeu réussit une prouesse d'immersion et vous envoûte littéralement dans son monde. Chaque biome dans lequel vous entrez est une véritable entrée dans un nouveau livre, un nouveau tableau à la direction artistique sublime, des skyboxes à couper le souffle en permanence... Une interface minimaliste et l'absence de minimap également vous livre à vous-même, et dans certaines zones, il va falloir avoir le sens de l'orientation si vous ne voulez pas vous perdre !
À côté de ça, tous les personnages du jeu ont un développement profond, qu'ils fassent partie de votre groupe principal ou non. Ils ont tous une importance et chacun aura son personnage préféré et détesté. Une nouvelle leçon de chara-design digne des plus grands Final Fantasy, dont le jeu tire d'ailleurs d'énormes inspirations dans sa structure du 9 et du 10, qu'on a beaucoup ressenti par moments.
Il y'a un souci du détail permanent quand on fait attention à tout, qui crève les yeux et laisse sans voix à de nombreux moments. Le nombre de fois où on lâche la manette pour se dire "Ils sont vraiment trop forts." en parlant des développeurs ne se compte plus tellement il y'en a. Tout est millimétré, intelligent et tellement bien pensé, dans sa façon d'être amené, dans les mots utilisés...
Clair Obscur: Expedition 33 est un jeu entièrement fait par des passionnés, pour des passionnés ou des joueurs qui vont devenir passionnés par le genre et avoir leur esprit marqué par ce jeu, et cette passion se ressent partout. Pour les plus jeunes, Expedition 33 peut être l'équivalent de ce qu'a été FFIX et FFX dans mon enfance, FFVII, VIII ou Chrono Trigger pour d'autres, un Tales of Symphonia, ou n'importe lequel de ces JRPG qui vous a fait tomber dans le chaudron quand vous étiez petit.
Comment ne pas non plus parler de la bande-son phénoménale composée par Lorien Testard et accompagné de la voix de Alice Duport-Percier. Entre lyricisme à la française, des morceaux plus légers et des pièces complètement épiques par moments qui viennent vous mettre les frissons, impossible de ne pas imaginer cette OST gagner un grand nombre de récompenses à la fin de l'année.
Vous l'aurez compris, l'univers de Clair Obscur: Expedition 33 est un véritable voyage fantastique dans l'inconnu, qui va vous accrocher dedans du début à la fin. Et quand on pense qu'une trentaine de personnes seulement ont réussi à faire ça, là où d'autres jeux nous pondent des cahiers des charges ennuyeux au possible, vides d'âme avec 3000 personnes aux commandes derrière, impossible de ne pas être ébahis par la qualité de la production réalisée ici par Sandfall Interactive. Pour leur premier jeu, on le rappelle, quelle folie.
Un jeu qui se rapproche de la grande époque de Final Fantasy, que je rêvais personnellement d'avoir depuis de longues années et pensais ne jamais revoir à nouveau, principalement depuis que Square Enix a décidé de changer de philosophie depuis FFX, voire FFXII si on est gentils. Et pourtant, une petite équipe passionnée a réussi à faire l'impossible et en plus c'est français. Pas mal, non ?
Non, le tour par tour n'est pas mort, bien au contraire
Après la prouesse d'avoir créé un univers et une histoire fantastiques, ça aurait pu s'arrêter là. Sauf que non. Expedition 33 a aussi décidé de révolutionner un genre passé pour mort : le tour par tour. Et comme Metaphor: ReFantazio l'a prouvé récemment, le genre est loin d'être mort, bien au contraire. Et Sandfall Interactive a décidé d'en rajouter une couche de modernité, en arrivant à créer un tour par tour dynamique jouissif au possible.
Un système de combat profond qu'on va essayer de vous résumer simplement. Tous les personnages que vous jouez ont leurs propres capacités, style de combat, statistiques et arbres de compétences que vous allez personnaliser comme bon vous semble. Toutes les capacités à utiliser en combat coûtent des PA, une ressource que vous obtenez passivement en attaquant, mais également de plein de manières différentes comme via des Luminas, des compétences passives qui composent votre build (imaginez FF9, on y revient juste après).
Vous avez des compétences, une attaque basique, mais également un tir à distance qui consomme un PA par tir, utile pour tuer des ennemis volants, ou pour tirer sur certains points faibles d'ennemis ou autres objets flottants. Ajoutez à cela 3 types d'objets utilisables (Potion, Gain de PA et Résurrection), ainsi qu'un dernier système qui s'ajoutera plus tard dans le jeu dont on vous garde la surprise.
Vos personnages et les ennemis joueront au tour par tour, dans un ordre qui apparaît en haut à gauche exactement comme dans FFX à l'époque, influencé par votre statistique de Vitesse. Il existe tout un panel de buffs et d'altérations d'état comme dans ton bon JRPG, capable d'influencer cet ordre également.
Ça, c'était pour le côté offensif. Parce que dans Expedition 33, vous avez aussi l'opportunité de vous défendre lorsque les ennemis attaquent, et c'est même fortement conseillé. Pour chaque attaque ennemie, vous pouvez Esquiver, Parer ou Sauter selon la nature de l'attaque.
L'Esquive sera votre réaction la plus commune, Parer s'avère plus compliqué car demande une meilleure précision mais permet dans certains cas de riposter pour d'énormes dégâts et enfin pour certains attaques au sol, il vous sera indiquer la possibilité de Sauter, vous faisant éviter les dégâts avec en prime une riposte dans les airs. Un dernier système de défense viendra s'ajouter à cette panoplie au cours du jeu mais à nouveau, on vous garde la surprise.
Ce panel de commandes de défense est absolument crucial dans Expedition 33, sans lequel vous allez tout simplement vous faire détruire, bien plus que dans n'importe quel JRPG où prendre des dégâts est commun. Le jeu devient un véritable mélange entre tour par tour, stratégie et action, où vous devrez apprendre et retenir les patterns de tous les ennemis, afin d'appuyer sur vos commandes au bon moment pour éviter de prendre des dégâts.
Un tour par tour dynamique aux allures de jeu de rythme, qui pourra peut-être déplaire aux plus puristes des puristes mais qui est honnêtement tellement rafraichissant et bien dans l'air du temps, qu'il devrait plaire au plus grand monde.
Un autre point important dans un JRPG, c'est la progression de vos personnages, et comment ils deviennent de plus en plus forts au fil de l'aventure. Après chaque combat, vous gagnez de l'XP qui vous permet de monter de niveau. À chaque niveau, vous obtenez 3 points de statistiques à insérer où vous voulez, ainsi qu'un point de compétence qui vous permet de débloquer de nouvelles capacités dans les arbres dédiés à chaque personnage.
Mais le cœur de la personnalisation de votre build, c'est le système de Pictos et de Luminas. Tout au long du jeu, vous allez récupérer des Pictos, des bonus passifs que vous allez pouvoir équiper à vos personnages, qui vous donnent des stats ainsi qu'un effet unique dont il en existe près d'une centaine différents dans le jeu.
Au bout de 4 combats avec le Picto équipé, il sera appris, et vous pourrez l'équiper à tous vos personnages sans avoir besoin de l'objet en question, contre une quantité de Luminas, une ressource qui vous permet de personnaliser votre build en équipant ou déséquipant les effets de Pictos appris que vous souhaitez ou non. Vous vous rappelez le système de FF9 et ses PC pour tous les bonus que vous appreniez via votre équipement ? C'est exactement la même chose.
Si vous décidez de jouer en Expert, un mode de difficulté taillé sur mesure pour les vétérans et parfaitement équilibré à notre sens si vous aimez faire tout le contenu qu'il vous est possible de faire à un instant T, avoir un bon build va être important et vous serez récompensés par vos décisions à ce niveau.
En endgame particulièrement, cela deviendra une nécessité tant le contenu à faire est colossal, et les différents supermonstres et superboss que le jeu a à offrir vont vous demander une exigence à tout épreuve.
Parce que oui en plus d'avoir une histoire principale qui va vous prendre 30-35 heures en ligne droite déjà, Expedition 33 possède également un bestiaire énorme et du contenu annexe qui ferait pâlir la plupart des grosses productions actuelles. On est vraiment sur un Final Fantasy de la belle époque, version 2025, avec du contenu à foison, des challenges endgame dingues, le tout dans un univers complètement fou et rythmé à la perfection qui vous tiendra en haleine un bon 75-80 heures s'il le faut.
Un contenu annexe excessivement varié et imposant, dont les nombreuses récompenses seront bien évidemment des moyens de rendre vos personnages plus puissants, mais également de personnaliser leur apparence.
De nombreux ennemis secondaires ou autres marchands cachés vous donneront en récompenses de nombreux costumes et coiffures différentes, afin de styliser votre troupe comme bon vous semble.
Petit point marrant à noter d'ailleurs : vos personnages gardent leur apparence en question dans toutes les cinématiques du jeu, y compris les plus importantes. Si vous voulez tuer des séquences ultra chargées en émotion avec des costumes et des coiffures loufoques, vous êtes totalement en droit de le faire !
Alerte générale, il s'agirait de réveiller l'industrie
Clair Obscur: Expedition 33 prouve tout simplement qu'il est encore possible, avec du travail et de la passion, de produire des jeux d'excellente qualité sans avoir besoin de milliards de budget et des milliers de développeurs aux commandes.
Un petit studio français d'une trentaine de personnes a réussi à produire un jeu exceptionnel, unique, bien plus complet et immersif que la plupart des AAA actuels, prouvant à nouveau que ni l'argent ni le nombre de personnes travaillant dessus ne suffisent à faire un bon jeu.
Un nouveau signal d'alarme qui nous rappelle que les indés et les studios AA sont probablement la relève, ou que du moins les "grands studios" devraient s'inspirer de ces travaux pour leurs futures super-productions sans âme.
Clair Obscur: Expedition 33 est très clairement dans la liste des meilleurs jeux de cette année, et part même favori ici pour le titre suprême à la fin de cette année, même si le reste de l'année 2025 s'annonce elle aussi chargée en blockbusters.
Mais honnêtement, le jeu de Sandfall Interactive m'aura mis une belle baffe, et est véritable ce JRPG que j'attendais personnellement depuis de nombreuses années, et dont je suis sûr que c'est le cas pour de nombreux autres joueurs.
Il est également bon de rappeler la folie suivante : Expedition 33 est vendu au prix de 49.99€, il est même disponible à moindre prix en précommande et cerise sur le gâteau : il est présent sur le Game Pass day1. Une opportunité complètement dingue qui devrait vendre un nombre d'abonnements insensé tant le jeu le rentabilise à lui seul.
Comme quoi, à l'heure où Mario Kart World se vend 80€ et on nous parle d'un GTA 6 à 100€, il existe toujours des jeux fantastiques et des alternatives parfois encore meilleures, à des prix qui ne pètent pas complètement les plombs. Après avoir terminé Clair Obscur: Expedition 33 je n'ai personnellement plus qu'un seul souhait : que Square Enix offre le budget et la production de Final Fantasy 17 à Sandfall Interactive, car je sais qu'eux, ne risquent pas de saboter un nouvel épisode numéroté.
