"La journée s’annonce superbe au village et vous êtes une oie insupportable." C'est avec cette phrase que Nintendo France a choisi de résumer très efficacement Untitled Goose Game, jeu indépendant sorti au cours de ce mois de septembre 2019 et développé par House House. Disponible sur Switch et PC via l'Epic Games Store, le jeu entre dans la case du genre d'infiltration et tente de mêler à ça de l'humour et des énigmes intelligemment intégrés. Voyons tout ça en détails.
- Genre : Infiltration, énigmes
- Date de sortie : 20 septembre 2019
- Plateformes : Nintendo Switch, Epic Games Store
- Développeur : House House
- Éditeur : Panic
- Prix : 20€
- Testé sur : Nintendo Switch
Untitled Game Review
Hideo Kojima et Tom Clancy n'ont pas attendu les quatre développeurs du studio indépendant House House pour révolutionner le jeu vidéo d'infiltration, c'est un fait. Mais avaient-ils songé à intégrer une oie dans leur jeu ? Non, mais House House y a pensé. Et le résultat est déjà légendaire : Untitled Goose Game a réussi à se positionner avec force dans les médias et en particulier sur les réseaux sociaux, quand bien même le jeu est sorti le même jour que le remake d'un certain Link's Awakening. Les Australiens derrière Untitled Goose Game sont certainement fiers de constater que même plusieurs jours après la sortie de leur jeu, il continue de faire le tour d'internet et d'être en tête des ventes de l'eShop dans une bonne partie des régions du globe. Cette victoire, ils ne l'ont pas volée : Untitled Goose Game est un brillant jeu d'infiltration dans lequel le joueur incarne une très vilaine oie prête à tout pour pourrir les humains qui l'entourent. Les interactions allant dans cette direction sont innombrables : délacer des chaussures, faire tomber des objets, ouvrir un robinet, etc. Et la plus importante, celle qui consiste à cacarder, via un simple bouton uniquement dédié à cette action. Face à ces agissements, les villageois se divisent entre ceux qui ont peur de la bête, ou qui au contraire se rebellent et la chassent. Ce qu'il faut retenir, c'est qu'aucun cacardement ne laisse indifférent, y compris pour le joueur.
Qui dit jeu d'infiltration dit... infiltration, et contrairement à un Metal Gear Solid où jouer avec discrétion est fondamental dès les premiers instants de jeu, dans Untitled Goose Game il est possible de jouer en bourrant, jusqu'à ce que le jeu se complique passé le verger de ce brave paysan, qui au passage se souviendra de la visite de cette satanée oie toute sa vie. Le jeu regorge de lieux et d'objets dans lesquels ou avec lesquels il est possible de se cacher, tandis que parfois, cacarder pour faire diversion est la clé pour se sortir d'une situation tendue. Untitled Goose Game fonctionne à partir d'une liste de tâches à accomplir, débloquant la zone suivante lorsqu'un certain nombre d'objectifs a été atteint dans la première. Même si la progression du jeu est linéaire, il est possible de revenir sur ses pas à tout moment, de même que la carte est explorable seamlessly, c'est-à-dire sans aucun temps de chargement.
L'oie aux cloches d'or
Il faut noter d'autre part qu'Untitled Goose Game regorge d'inventivité et d'idées amusantes. Le jeu mise tout sur la mise en scène comique qui ne cesse jamais de se renouveler et dont on ne se lasse pas durant toute la partie. Il faut trois, quatre heures pour voir les crédits de fin, ce qui est assez court il faut bien l'admettre ; mais à relativiser, car des missions supplémentaires viennent s'ajouter après la fin atteinte. Ces dernières ont une tonalité légèrement différente des objectifs primaires et prennent une ou deux heures à boucler. Nous prenons le parti de ne pas sanctionner le jeu pour sa durée de vie, à laquelle nous penchons vers le positif compte tenu du fait qu'il s'agisse d'un jeu indépendant vendu pour vingt euros et que le contenu tient largement la route. Certains AAA vendus au triple du prix ne daignent pas à faire ces efforts. D'autant plus que les énigmes à résoudre ne sont pas toujours des plus évidentes, il arrive de buter sur certaines d'entre elles assez facilement. Autre chose qu'Untitled Goose Game fait très bien, c'est sa bande-son par Dan Golding, qui a repris certains morceaux des Préludes de Claude Debussy tombés dans le domaine public depuis belle lurette. L'originalité se situe dans la manière dont ces compositions ont été intégrées, puisqu'elles apparaissent et accélèrent ou ralentissent ponctuellement en fonction de l'action à l'écran, ce qui n'est pas sans rappeler les musiques que l'on peut entendre dans les films muets, et ce n'est certainement pas une coïncidence. Autant dire que ça marche du tonnerre et que l'ambiance colle parfaitement.
Quant au reste, il est de notre devoir de vous dire que les animations du jeu sont très réussies ; alors que l'oie est dotée d'une multiplicité de mouvements assez frappante, les villageois de leur côté sont saisissants de par leurs expressions familières. Le jeu ne manque pas de petits détails qui font sourire, y compris dans les animations donc. On note aussi une IA très maîtrisée dans à peu près toutes les situations, dont on n'imagine pas le casse-tête que certaines ont dû être à programmer. Voyez donc le nombre de qualités qui sont offertes dans Untitled Goose Game : fini aux petits oignons, on s'en souviendra sans mal comme l'un des jeux indés les plus marquants de l'année. Après un Pikuniku qui était déjà sur les traces de l'excellence en ce qui concerne le jeu vidéo humoristique, Untitled Goose Game perpétue la tradition avec quelque chose de remarquable du début à la fin. Il nous rappelle que les jeux au concept flambant neuf n'ont pas fini d'exister, à une époque où les grosses sorties manquent d'idées novatrices et se ressemblent toujours un peu plus chaque année. Un immanquable pour ceux qui aiment rire et réfléchir.
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