N°5 : Twitch
Venus d'Orient, les cales chargées d'épices et débarquant sur les quais d'Occident de douces effluves exotiques, les navires charriaient également entre les balles de coton des petites bêtes velues, au pelage gris : les rats. Ces indésirables petits rongeurs préféraient quant à eux les odeurs saumonées des cadavres, aussi cela explique-t-il leur propension à transmettre aux matelots (au capitaine et à son second par la même occasion, les frontières sociales étant alors aussi perméables qu'un vieux k-way) le bacille de la peste. Bubonique parfois, la peste avait souvent pour habitude d'alimenter tout un écosystème sous-marin le long du trajet entre Smyrne, Alep et les ports méditerranéens.
Après de curieuses lectures au nombre desquels on compte notamment Albert Camus ou des auteurs plus anciens encore, les rats y avaient trouvé leur source d'inspiration : « Et pourquoi ne pas guérir le mal par le mal ? ». À l'individualisme conquérant de l'être humain, le rat, dans sa grande bonté, avait alors décidé de générer une cohésion face à la fatalité de la situation, à la manière de nos politiques en somme qui réussissent ces dernières années à nous inoculer la peur des vaches et des poulets. C'est pour cette raison que je vous écris désormais depuis un bunker suisse, tapis au centre des Alpes, muni de plaques de chocolat et de fondue savoyarde.
PS : les toilettes chimiques ne fonctionnent plus, auriez-vous la gentillesse de me tirer de ce « bourbier », merci par avance