C'est lors d'une session de questions réponses avec des investisseurs que le directeur marketing de CI Games, studio derrière Lord of the Fallen, a clarifié la position du studio sur les principes "DEI" (diversité, équité, inclusion) dans le domaine des jeux vidéo. Selon Hill, l’intégration de "programmes" sociaux ou politiques dans certains titres récents a contribué à leur échec commercial.
Pour CI Games, l’objectif est clair : maximiser le plaisir des joueurs et garantir le succès financier en évitant ce qu’il considère comme des « risques élevés ».
Une décision motivée par des enjeux commerciaux
Ryan Hill, directeur marketing du studio polonais, a expliqué que le studio se concentre plutôt sur la création d’« excellentes expériences utilisateur » et de « thématiques captivantes ». Toutefois, cette approche soulève des questions sur ce que CI Games considère comme des « programmes sociaux ou politiques » et comment ceux-ci pourraient nuire à la performance d’un jeu. Ryan Hill n’a fourni ni définition précise, ni exemples concrets pour étayer ses propos.
Le débat autour de la DEI divise toujours davantage l’industrie. Tandis que certains développeurs comme CD Projekt – créateurs de The Witcher et Cyberpunk 2077 – mettent en avant la diversité comme moteur de créativité et d’innovation, d’autres, comme CI Games, choisissent une approche conservatrice. Une opposition qui reflète des visions différentes de ce que les joueurs recherchent et de ce qui constitue une expérience ludique immersive.
Une stratégie potentiellement risquée pour Lord of the Fallen
Si la stratégie de CI Games vise à éviter toute polarisation pour s’adresser à un public le plus large possible, elle pourrait également s’aliéner certains joueurs en quête de représentations diverses et modernes : quel que soit le contexte narratif d'un jeu, son développement n’est jamais dépourvu de messages ou de choix reflétant, à divers degrés, les valeurs de ses créateurs. En ce sens, et ironiquement, chercher à éviter toute forme de thématique sociale est un message politique en soi.
L'absence d'une approche claire et nuancée de la part de CI Games laisse aussi place à l'interprétation, voire à la controverse. Dans un contexte où la DEI est devenu un sujet central dans de nombreuses industries, ignorer cette évolution pourrait isoler l’entreprise, notamment à l’international, où les attentes des consommateurs varient. D'un autre côté, la dark fantasy de Lord of the Fallen se prête bien à un monde sans ce genre de questionnement, bien qu'Elden Ring et les autres Soulsborne, par exemple, se veulent profondément et brillament politiques.
Par ailleurs, cette annonce intervient alors que CI Games prévoit de prolonger le cycle de vie de Lords of the Fallen. Le jeu, sorti en 2023, continuera de recevoir des mises à jour significatives jusqu’à sa version 2.0, prévue pour l’avenir proche. Une suite est déjà en préparation, avec des tests approfondis programmés pour 2025. Reste à voir si ces décisions stratégiques contribueront à maintenir l’engouement des joueurs ou si elles auront l’effet inverse.
La prise de position de CI Games sur la DEI illustre les tensions qui traversent l’industrie du jeu vidéo. Tandis que certains studios embrassent la diversité comme un vecteur de créativité, d'autres préfèrent s'en éloigner pour éviter de diviser leur audience. Reste à voir si cette stratégie permettra à CI Games de renforcer sa position commerciale ou si elle se traduira par une déconnexion progressive avec une partie de sa base de joueurs.