La KC n'est pas arrivée en LEC par la petite porte. L'équipe était déjà surveillée par beaucoup d'observateurs et analystes, vu que c'était la structure qui obtenait les meilleurs résultats dans les compétitions européennes hors LEC. Si certains fans hurlaient à qui voulait bien l'entendre que l'équipe allait révolutionner la compétition en Europe, du côté des dirigeants, le son de cloche était beaucoup plus mesuré. Les ambitions affichées en début de saison étaient d'accéder régulièrement aux playoffs et si possible de jouer la qualification aux Worlds en fin de saison. Il était très clair du point de vue de Kameto et du staff technique qu'aller aux Worlds lors de la première saison au sein du LEC serait un résultat dépassant les attentes, et qu'il ne fallait pas s'attendre à ce que l'équipe écrase la concurrence en 2024. Si les ambitions de la KC à long terme restent les mêmes, cette première saison était vue comme une saison de rodage. Mais quel bilan peut-on en tirer ?
Deux splits cataclysmiques
Autant tirer directement sur l'éléphant au milieu de la pièce, il n'y a pas grand chose de positif à dire sur les performances de la Karmine lors du Winter et Spring split. Elle a fini à la dixième et dernière place du LEC lors de ces splits, avec un triste bilan de 4 victoires pour 14 défaites. Pire encore, l'équipe avait clairement moins progressé que les autres entre le Winter et le Spring, et si le public avait un petit espoir à la fin du Winter, le Spring fut une véritable douche froide malgré le changement de coach avec la mise au placard de YamatoCannon.
Que ce soit sur les duels en lane, la macro ou le jeu collectif, la KC pêchait dans tous les domaines, et l'équipe ne semblait pas pouvoir progresser suffisamment pour devenir compétitive en LEC. Elle décida donc de changer trois joueurs, faisant partir Cabochard (top) et Saken (mid) les deux joueurs de la team, ainsi que Bo (jungle) qui devait pourtant être le nouveau prodige du LEC (et pas uniquement selon les dires des dirigeants/fans de la KC). Même si il est possible de justifier en partie les piètres performances de Saken et Cabo par le fait que la meta n'était pas la plus favorable à leur style de jeu de prédilection, il est vite devenu assez clair que les deux joueurs n'arrivaient pas à avoir suffisamment d'impact pour être décisifs dans des games du niveau du LEC. Quant à Bo, si il a bien eu quelques inspirations géniales, il n'a jamais réellement réussi à jouer avec l'équipe, et ses exploits étaient plus individuels que collectifs.
Logiquement l'équipe s'est reconstruite au Summer Split autour de sa botlane, Upset (carry bot) et Targamas (support) ayant été objectivement les deux seuls joueurs à montrer un niveau individuel et un sens du jeu suffisamment affuté pour prétendre évoluer parmi l'élite. La KC décida donc de recruter deux vétérans Canna (top) et Closer (jungle) avec plusieurs participations aux Worlds à leur actif. Dans le même temps, elle choisit aussi de miser sur du sang neuf en confiant la midlane à Vladi, qui évoluait alors avec l'équipe de LFL.
Un Split pour sauver la face ?
Si la KC fut plus convaincante au début du Summer Split, il était beaucoup trop tôt pour s'estimer satisfait. Certes l'équipe est parvenue à obtenir son premier billet pour les playoffs, mais difficile de s'en réjouir vu que 8 équipes sur 10 peuvent s'y qualifier. En plus, la qualification fut obtenue avec un bilan négatif de 4 défaites pour 5 victoires. Si les progrès par rapport aux deux splits précédents étaient indéniables, cela ne semblait quand même pas suffisant pour vraiment s'imposer comme une équipe solide.
Le début des playoffs fut difficile avec une sortie directe du Winner Bracket sans prendre une seule manche. Seulement cette fois, le résultat semblait plus logique que décevant. Opposée aux G2, doubles champions en titre et meilleure équipe européenne depuis plusieurs saisons, la KC en pleine reconstruction ne partait pas favorite du tout. Elle réussit quand même à poser quelques problèmes aux G2, qui furent forcé de jouer des games assez longues. Certes la KC n'était pas au niveau, mais au moins elle n'a pas servit de paillasson.
La montée en puissance de l'équipe fut confirmée lors de sa run en loser bracket. Elle parvint à venir à bout des MAD Lions avec la manière, dominant le BO de la tête et des épaules. Si les fans se réjouirent d'avoir enfin eu droit à deux prestations de haute volée (on le répète mais l'équipe n'était pas ridicule contre G2, qui reste le boss final du LEC), il manquait encore quelque chose pour que le bilan du Summer Split passe de correct à bon. Ce furent les matchs contre SK et BDS qui permirent de faire cette distinction.
La victoire contre SK fut acquise au bout du suspense, et avec une game 1 très disputée où le vainqueur fut réellement incertain jusqu'à la destruction finale du Nexus des SK (l'écart était de 2k gold après 42mn de game). Non seulement la KC tenait une nouvelle victoire, mais cette dernière avait été obtenue avec la manière, et si l'on devait garder un match référence pour la saison, ce serait certainement ce BO, malgré le plaisir coupable que l'on a pu avoir en la voyant battre l'équipe d'Ibai.
Le BO contre BDS fut également très disputé, avec encore une fois deux games dépassant les 40 mn. Cependant, la KC a craqué lors de la dernière manche, et même si la défaite était logique avec des BDS qui partaient favoris au vu de leur saison, le climax de ce match fut un peu décevant en terme de suspense pour les spectateurs. Il en de même pour le bilan du split, car même si la quatrième place est une très bonne performance, la KC a finalement perdu une manche de plus qu'elle n'en a gagné, ce qui fait qu'elle n'a aucun bilan positif en terme de games gagnées / games perdues sur la saison (10-11 au Summer, 14 -25 sur l'ensemble de la saison). Il est néanmoins possible de voir le verre à moitié plein, en argumentant que la KC est l'équipe qui a le plus progressé au cours du Summer Split.
Quel sera la suite ?
La KC version Summer Split est une équipe qui a le potentiel pour remplir les objectifs affichés au début de la saison 2024 lors de la prochaine saison. Cependant, trois joueurs seront en fin de contrat à la fin de la saison : Canna, Vladi et Upset. Si l'on peut imaginer que la KC peut relativement facilement convaincre Vladi de rester, vu le peu d'expérience du joueur qui ne devrait pas être le plus côté des trois malgré son très bon split, garder Canna et Upset pourrait être plus difficile. La KC a quand même eu de la chance qu'un joueur du niveau de Canna soit disponible à la mi-saison, et il est probable que le sud-coréen recevra quelques offres d'ici 2025.
Le cas Upset est encore plus délicat. Au départ l'Allemand ne devait rester qu'un an avant que Calliste ne soit promu en LEC. L'ADC français est l'un des grands espoirs nationaux sur la botlane, mais il faut aussi reconnaître que sur l'ensemble de la saison, Upset a été le meilleur joueur KC. Le staff technique va devoir trancher entre le fait de prendre un risque en lançant un jeune talent dans le grand bain, ou de vouloir miser sur la stabilité en gardant un joueur qui a fait ses preuves. On se risquera pas à pronostiquer sur un choix ou l'autre, d'autant plus que des facteurs extérieurs comme les propositions que pourront recevoir les joueurs seront à prendre en compte, mais cette question semble aujourd'hui légitime.
Si les objectifs de la KC n'ont pas été atteints lors de cette première saison, le Summer Split reste encourageant. Il faudra maintenant voir si cette dynamique sera conservée lors du Spring Split 2025. Si l'équipe perd certains joueurs et recommence à avoir des difficultés pour accéder aux playoffs, il sera difficile de tirer une autre conclusion que celle disant que l'équipe a été portée par des vétérans au Summer et que ce split était une anomalie. La traversée du tunnel fut longue mais la KC semble enfin en voir le bout. Maintenant qu'elle a pu acquérir de l'expérience au sein de l'élite, il ne lui reste plus qu'à en tirer les leçons qui s'imposent afin de devenir aussi compétitive en LEC qu'en LFL et EM, où l'équipe KC Blue a obtenu d'excellents résultats.
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