Photo : LoL Esports
Dans le cadre des Season Finals de Montpellier, nous avons pu rencontrer plusieurs rioters. Parmi eux, on a discuté avec Artem Bykov, le patron du LEC. De nombreux sujets ont été évoqués, dont certains qui peuvent un peu fâcher... comme la question des audiences ou du niveau de la ligue.
On n'a évidemment pas toujours eu les réponses espérées, mais Artem a eu le mérite de ne pas esquiver une seule question !
Une première année pleine pour le nouveau commissaire
Salut Artem, pour ceux qui ne te connaissent pas encore, pourrais tu te présenter toi et ta fonction chez Riot ?
Bonjour à tous, moi c'est Artem et ça fait un peu plus d'un an que je travaille au LEC. Je suis commissaire de la ligue, je sais que ça peut paraître un peu obscur, mais en gros je gère 3 domaines. Nous avons 10 équipes en LEC et je suis le point de contact principal chez Riot avec elles, nous travaillons ensemble pour rendre la ligue meilleure. Je suis aussi "Product Lead". Je dirige l'équipe qui produit la compétition chaque semaine et je fixe les stratégies, la direction. Enfin, je représente la ligue au sein de Riot, c'est moi qui parle aux différents actionnaires. Je communique aussi avec les fans ou les médias.
Comment est-ce que tu as vécu ta première saison pleine au LEC ? Tu es content de toi ?
L'année dernière j'ai eu la chance de pouvoir aller à Malmö et je me suis dit qu'il y avait du niveau ! Maintenant que ma première année pleine se termine, je me sens très heureux. L'évènement est fou, avec une belle cérémonie d'ouverture et 3 belles équipes LEC sur scène. Le spectacle était aussi incroyable vendredi avec la finale des EMEA Masters. J'ai déjà hâte de voir ce qui se passera l'année prochaine !
Les audiences et le co-stream
En conférence de presse, vous avez insisté sur les audiences positives du LEC. Mais sur les réseaux, tout le monde n'est pas d'accord, certains utilisent notamment d'autres indicateurs. Pourrais tu donner un peu plus d'explications à ce sujet ?
Quand on regarde nos statistiques et qu'on écoute les retours du public, on se rend compte qu'on a une baisse d'année en année. Mais il faut remettre un peu de contexte et prendre en compte l'inflation due à la pandémie. Tous les chiffes étaient incroyables pour les produits Riot, les produits esport et l'industrie du divertissement en général. Les KPI connus de Twitch parlaient d'une augmentation de 70 % sur cette période. Nous avons pris un risque cette année en changeant de format. Celui-ci augmente le nombre de jours de diffusion et privilégie ainsi le nombre d'heures visionnées, plutôt que le viewership moyen. Dans ce cadre et en se basant sur cet indicateur, cette année est en augmentation, c'est la 3e saison la plus suivie de l'histoire du LEC, en comptant les années de pandémie. Si on ne compte pas ces années spéciales, c'est donc la meilleure ! Je suis donc globalement heureux, en attendant avec impatience 2024.
En parlant des audiences, cette année le LEC a ouvert le co-stream à 3 équipes : KOI, Heretics et Astralis. Quel bilan est-ce que tu tires de cette expérience ?
L'expérience est concluante. On a pris le temps de faire les choses depuis les tests en janvier. Il fallait bien réguler le procédé et s'assurer que les effets soient positifs pour notre ligue. Le succès a été au rendez-vous et à Montpellier, on a même le premier co-stream qui n'est pas relié directement à une équipe, avec NoWay, un streamer allemand. On regarde aussi ce que font nos collègues au MSI et aux Worlds, pour s'inspirer et apprendre. Pour le moment, c'est un résultat positif.
La première approche c'était de se baser sur le co-stream des équipes. Mais est-ce qu'on va faire comme en LCK ou en LCS avec beaucoup de co-stream d'influenceurs ?
NoWay sera le premier, étant donné qu'il n'est pas du tout affilié avec une équipe. C'est une phase de test et on va voir ce que ça va donner. A partir de là on va pouvoir ajuster notre stratégie pour l'année prochaine. Le but c'est d'y aller étape par étape. Le co-stream des influenceurs est une piste qui sera dans tous les cas étudiée à l'avenir.
La compétitivité de la ligue
En conférence de presse, vous avez évoqué 2 points à travailler sur le format de l'année prochaine : le calendrier et les points de championnat. Aurais-tu des précisions à donner ?
Pour le calendrier, on a pris des notes cette année pendant le déroulé de la saison, les équipes et les joueurs nous ont en plus fait des retours. Ils nous ont parlé de la pause entre le Winter et le Spring Split, la grosse pause avant les Season Finals... On a rassemblé pas mal de données, de nos joueurs mais aussi des fans. On a entendu les mécontentements et on va faire en sorte d'améliorer ça pour l'année prochaine. Pour les points de championnats, on a remarqué que les enjeux du Summer Split n'étaient pas comme on le souhaitait. On va travailler sur ce point, mais je n'ai encore rien de concret à partager. Il y a 2 semaines on a parlé aux joueurs et ici à Montpellier on a rencontré les équipes LEC. Dès que les Season Finals sont terminées, on va prendre le temps de réfléchir et de se projeter sur la saison 2024. Il y aura des nouvelles d'ici la fin de l'année.
Le nouveau format avait aussi pour but d'augmenter la compétitivité de l'Europe. Mais au MSI et aux Worlds, l'Europe semble en difficulté contre les équipes asiatiques. Le niveau de notre ligue est-il une inquiétude pour toi ?
Je ne suis pas particulièrement inquiet, mais c'est un sujet qu'on évoque avec les équipes. Mais nous avons un système avec des priorité et la priorité numéro 1, c'est les fans ! On veut que nos fans soient heureux et les performances à l'internationale, c'est plutôt un facteur qui joue dans la satisfaction globale des fans. On suit donc les compétitions internationales et à titre personnel, en tant que commissaire, se sont mes moments préférés de l'année.
Un outil a aussi été mis en place pour augmenter la compétitivité de la ligue : la Champion Queue. Mais peu à peu cet outil a été abandonné... Quel est son avenir ?
Nous avons créé la Champions pour offrir un outil d'entraînement supplémentaire aux professionnels, en plus de la soloQ. Au début c'était super et pendant le MSI, ça a servi de plateforme aux équipes internationales également. Mais aujourd'hui, ça ne marche pas comme on voudrait. Nous allons évaluer les résultats de notre côté et réfléchir pour l'année prochaine. C'est sur la table, mais c'est encore en cours.
L'expansion du LEC ?
Le LEC a gardé le même nom mais a intégré de nouvelles régions, comme la Turquie ou le Moyen-Orient. Mais pour le moment, peu de joueurs de ces régions jouent dans la ligue. Est-ce que c'est un souci ?
Ce n'est pas un problème. C'était un énorme changement dans notre écosystème et il ne date que d'un an. Notre sport est multigénérationnel et ça va prendre du temps avant de voir un ajustement. La diversité de la région EMEA est une de nos forces et nous espérons avoir dans le futur des joueurs de partout. Pour prendre l'exemple de la diffusion, la finale du LEC sera diffusée dans 15 langues différentes.
Dans la même veine, je suis obligé de te demander où en est le chantier concernant une éventuelle expansion...
Ce n'est pas en discussion pour le moment. La longévité de la ligue est une de nos priorités aujourd'hui. Un changement majeur comme une expansion aurait énormément de conséquences sur notre ligue. Pour le moment on se concentre sur d'autres chantiers, comme les ajustements qu'on veut faire sur le format. L'expansion n'est pas quelque chose qu'on a sur le feu.