Photo : G2 TIFA
Alors qu'il y a eu 3 jours de compétition, il y a évidemment plein de points qui ont attiré notre attention. De plus, notre avis est forcément subjectif, notamment parce qu'on a observé en priorité les matchs de G2 Hel, l'équipe représentant l'Europe qui avait une Française dans ses rangs (Colomblbl).
Mais alors que cet évènement est passé relativement incognito, même au sein des médias spécialisés qui suivent avec attention l'esport, on s'est quand même dit qu'il était important de faire un petit bilan. Globalement, on a retenu beaucoup de positif de cette compétition, mais il y aussi quelques points à améliorer.
Le niveau de jeu était loin d'être ridicule
Quand on parle d'esport féminin, c'est souvent l'apriori numéro 1 qui repousse une partie des spectateurs assidus : le niveau de jeu pensé comme inapproprié et infâme. Quel serait l'intérêt de regarder une compétition où les participants ne jouent pas bien ? Mais les spectateurs qui ont suivi le tournoi pourront sûrement rassurer la communauté. On a trouvé qu'il y avait un vrai niveau de jeu durant la compétition. Il y avait évidemment des écarts conséquents entre les équipes, mais Kingnigatsa (Corée) et G2 Hel (Europe) ont fait bonne figure. On pourrait même rajouter Rise Gaming Female (Brésil) qui a montré par moment des actions bien exécutées.
De mon côté, je regarde énormément de compétitions, notamment sur League of Legends. LEC, LFL, LCS, Mastercard Nexus Tour... je ne prétend pas détenir la vérité absolue, mais j'ai trouvé que les Coréennes avaient par exemple le niveau pour gagner des étapes au Mastercard Nexus Tour. Elles ne seraient pas non plus ridicules contre certaines équipes de Div 2. Plus globalement, dans le contenu des games on n'a pas assisté à de la clown fiesta. Les équipes jouaient la carte et pensaient macrogame, les drafts étaient bien pensées et on a aussi vu de jolies actions individuelles.
La Corée domine aussi le monde chez les femmes
La Corée du Sud a dominé les derniers Worlds de League of Legends avec deux équipes en finale (T1 et DRX). Sur la scène féminine, le pays est également aux avants postes... les Coréennes ont ainsi remporté tous leurs matchs sans perdre une seule map. En finale, on a eu le droit à un 3-0 sec, même si on rappellera que Kingnigatsa partait avec une manche d'avance puisque l'équipe venait du winner-bracket.
Collectivement, les Coréennes ont montré un gros niveau de maîtrise. D'un point de vue personnel, je retiendrai surtout le duo top/jungle formé par JisooGirl (ancienne streameuse T1) et CandlHerb, aussi connue sous le nom de DangMoo, joueuse liée à Liiv Sandbox. Cette dernière a joué la compétition dans la jungle alors que son rôle principal est Support. Mais elle a toujours fait les bons choix en montrant une très bonne macrogame. Évidemment, Maokai ou Sejuani ne sont pas les champions les plus mécaniques. Mais la joueuse était surtout là pour être efficace.
Ce qu'il a manqué à G2 Hel : être plus décisives dans les moments chauds
G2 Hel a gagné tous ses matchs face aux autres équipes... sauf ceux contre les Coréennes. La place de vice-championne du monde est donc totalement logique. Collectivement, il y a du positif et on peut voir que les Européennes jouent très souvent ensemble. Il y a de bonnes rotations, une gestion intéressante des objectifs et aussi la mise en place de wombo combos très bien pensés. Mais il manquait quand même un petit quelque chose pour espérer battre Kingnigatsa.
Ce petit quelque chose, c'est peut-être un petit supplément de rapidité, de réactivité dans les moments chauds. Là où les Coréennes n'hésitaient pas à appuyer sur l'accélérateur, un peu comme des grosses joueuses de soloQ, on a senti que les Européennes étaient un peu moins décisives dans leurs prises de décision. On ne sait pas si c'était dû au stress ou à la volonté de trop bien faire, mais sur certaines actions, les joueuses auraient pu déclencher quelques secondes avant et c'est ce petit délai qui fait toute la différence. Il y a aussi eu moins d'actions purement individuelles. Caltys s'est démarquée en testant au bout du bout ses limites, notamment avec Xayah. Mais l'ADC était un peu trop isolée.
La scène féminine doit encore se développer, à tous les niveaux
Vous l'avez donc compris, ce n'est pas demain que G2 Hel pourra réussir à battre l'équipe principale de G2 qui évolue en LEC. La scène féminine a encore beaucoup de chemin à parcourir, mais cela ne concerne pas seulement les joueuses ! Au-delà de la qualité, il faudrait aussi avoir plus de quantité... Le tournoi ne comportait que 5 équipes et on a trouvé que c'était un peu dommage. On tournait rapidement en rond et le tout a abouti à un format assez indigeste.
Au niveau de la production, la première journée a été horrible à suivre. Le son était bon, mais le stream subissait un freeze toutes les 15 secondes à l'image. Impossible de suivre un match sans avoir mal aux yeux et être frustré, surtout quand il y avait des teamfights. Heureusement, le problème a été réglé par la suite. On n'a pas non plus trop aimé l'overlay un peu trop invasif et les observateurs, qui ne centraient pas toujours parfaitement l'écran sur l'action en cours. Enfin, le fait de voir un match repoussé au lendemain au dernier moment parce qu'une personnalité locale voulait absolument être présente pour inaugurer la rencontre... ça ne fait pas très professionnel.
Une audience qui méritait plus
Alors que la compétition était agréable à regarder, qu'il y avait un casting intéressant et qu'on a envie de voir plus d'inclusivité dans l'esport, les audiences de l'évènement sont restées assez basses. Les chiffres ont augmenté petit à petit, passant d'une première journée à 500 viewers de moyenne à une grande finale allant jusqu'à 1 500. Mais ça reste dans tous les cas un peu décevant pour des "Worlds féminins". On espère qu'à l'avenir ce genre de compétition arrivera à plus mobiliser.
Il faut également dire que la communication n'a pas forcément été au rendez-vous. Sur les réseaux, même les plus intéressés avaient du mal à trouver les informations relatives au tournoi. Les médias spécialisés n'ont pas forcément été contactés en amont pour couvrir l'évènement, ce n'est donc pas étonnant si l'immense majorité a boudé la compétition. Le fait que cela soit au Bahreïn n'a peut-être pas aidé, mais il y avait quand même mieux à faire.
Il a des champions League of Legends qui ont plus la cote au sein de Riot Games, surtout niveau skin. Après plus de 1500 jours d'attente, le studio va enfin réparer une injustice et offrir un cosmétique à un champion délaissé.
