L'annonce d'un nouveau jeu The Witcher par CD Projekt Red n'a pas manqué de réjouir les très nombreux fans de The Witcher 3, cependant, certains détails sont passés sous le radar de pas mal de monde. Le plus important est que ce n'est pas réellement The Witcher 4.
Pourquoi Geralt ne sera pas le protagoniste de The Witcher 4
Le titre officiel du jeu n'a pas encore été révélé, et on a simplement droit à une phrase "A new saga begins". Il est néanmoins nommé "The Witcher 4" par presque tout le monde en attendant, puisque c'est tout de même nettement plus pratique et plus clair. Des responsables du studio ont donné quelques informations sur le nouveau jeu via les réseaux sociaux et des interviews, et un des rares éléments confirmés est la nature du médaillon aperçu dans l'annonce du jeu. Ce n'est pas le médaillon de l'école du loup que porte Geralt de Riv, mais le médaillon de l'école du lynx. Avec une nouvelle saga et une nouvelle école, tout indique que le célèbre Geralt de Riv n'en sera pas le protagoniste, ce qui donne des raisons légitimes de s'inquiéter, surtout quand on adore le personnage. On peut néanmoins s'attendre à ce qu'il fasse une apparition en jeu, que ce soit le temps d'une simple quête, ou en tant que personnage secondaire important.
La difficulté de remplacer un personnage emblématique
Comme l'a dit CD Projekt Red après Blood and Wine, les aventures de Geralt sont terminées, ce qui implique qu'il faut quelqu'un pour le remplacer dans les prochains jeux. Mais tout le monde n'a pas les épaules pour un tel rôle. On pourrait penser à Vesemir (école du loup) ou à Ciri (école du chat), voire à d'autres sorceleurs célèbres, mais comme mentionné plus haut, le médaillon est celui du lynx. L'école du Lynx ne fait pas officiellement partie du lore de l'univers de The Witcher, CD Projekt Red peut donc faire absolument ce qu'il veut dans ce domaine.
Ce cas de figure fait penser à une autre licence d'Action-RPG qui en est passée par là : Mass Effect. Même si son apparence, son sexe, et même son caractère n'étaient pas entièrement prédéfinis, son protagoniste, le commandant Shepard, est tout de même parvenu à marquer les joueurs, qui s'y sont attachés tout au long de la trilogie. De son côté, le nouvel épisode de la saga, Mass Effect Andromeda, s'est lamentablement planté. Cet échec peut bien entendu être expliqué par la piètre qualité du jeu à presque tous les niveaux, mais le manque complet de charisme des deux protagonistes possibles n'y est certainement pas étranger non plus.
Le studio risque de se heurter à plusieurs difficultés, peu importe la direction choisie. S'il décide de prendre un personnage à l'apparence et au caractère bien définis, comme c'est le cas avec Geralt, il va forcément être comparé à son prédécesseur. S'il ressemble trop à Geralt, on va lui reprocher de n'en être qu'une pâle copie, dépourvue de l'histoire et des connexions de ce dernier. Et s'il est différent, il y a de bonnes chances que cela ne satisfasse pas non plus tous ceux qui auraient préféré Geralt. Créer un nouveau personnage aussi charismatique et charmant à sa manière, avec un caractère et des actions adaptées à l'univers plutôt sombre de The Witcher, n'est vraiment pas une mince affaire.
La personnalité d'une feuille A4
Une alternative serait de proposer aux joueurs de créer librement un personnage vierge, comme le font souvent les CRPG (Baldur's Gate, Pathfinder, etc.). Mais ironiquement, les critères de qualité du jeu vont alors se retourner contre le studio. Il est possible d'écrire des dizaines de milliers de lignes de dialogue et de nombreuses résolutions de quêtes dans un cRPG, avec différents embranchements scénaristiques en fonction de vos choix, car le personnage n'est pas doublé, et la majorité de ces changements sont communiqués sous la forme de texte aussi. Alors que dans The Witcher, chaque dialogue est doublé dans plusieurs langues, et il faut à chaque fois animer entièrement les personnages, que ce soit la synchronisation labiale, les expressions du visage, ou le langage corporel. Même pour de simples dialogues, c'est beaucoup plus de travail, sans oublier l'intégration de différents types de voix.
Cyberpunk 2077 montre bien les limitations de cette approche. Au final, V n'a pas un caractère bien défini, et en dehors de la microscopique introduction liée aux trois origines possibles, on a toujours l'impression de jouer exactement le même personnage, qui prend toujours les mêmes décisions pourries aux moments-clés de l'histoire, qu'on joue un gamin des rues ou un corpo-rat, ce qui n'a pas beaucoup de sens. Johnny tient davantage le rôle de protagoniste, entre les flashback de son passé, ses prises de contrôle, et même certaines fins du jeu, dans lesquelles on lui passe le volant. Rappelons au passage que CD Projekt Red avait déjà utilisé exactement la même méthode dans le DLC Hearts of Stone de The Witcher 3. Cela serait un peu tiré par les cheveux de jouer un sorceleur quelconque de l'école du Lynx, possédé par le fantôme de Geralt de Riv (ou celui de quelqu'un d'autre) dans le prochain titre.
Pour les raisons listées plus haut, Cyberpunk souffre aussi grandement du manque de conséquences à nos actions. En-dehors de quelques quêtes précises, qui vont dicter si votre relation va progresser, ou si un personnage précis va mourir, l'histoire ne change jamais de direction. La dernière mission peut être abordée de façons différentes en fonction de l'allié choisi, mais on se retrouve toujours avec le même objectif, et il faut vraiment attendre l'épilogue avant d'avoir des changements significatifs.
On ignore encore quelle direction CD Projekt Red va prendre pour le prochain jeu The Witcher, mais il est certain qu'un rude chemin attend le studio. Les attentes des joueurs sont très élevées, et même des années après, The Witcher 3 et Geralt sont toujours les grands favoris de nombreux joueurs. Même en étant très différent, la comparaison n'a pas été flatteuse pour Cyberpunk 2077, et les critiques risquent d'être d'autant plus sévères pour le successeur direct de la licence The Witcher. Il ne reste plus qu'à espérer que le studio ne s'embourbera pas dans un nouvel enfer du développement, et qu'il saura prendre les bonnes décisions cette fois.