Photo : Le Figaro
La communauté française de League of Legends est une communauté passionnée qui adore suivre les différents évènements compétitifs en donnant de la voix pour soutenir leurs équipes préférées. Le succès de la LFL (ligue française de League of Legends) illustre parfaitement le phénomène. Mais dernièrement, deux épisodes successifs ont frustré une grande partie des fans : l'absence de tournoi LoL à la prochaine Lyon e-Sport et le repoussement de la Solary Party League of Legends. Au premier abord, le lien n'est pas évident à tisser entre les deux. Pourtant, si on simplifie un peu les choses, la même raison a poussé les organisateurs à revoir leurs plans : l'impossibilité des joueurs LFL de participer à l'évènement. Pour la Lyon e-Sport, il fallait se priver des meilleurs joueurs de l'hexagone, rendant la compétition moins prestigieuse. Pour Solary, il fallait se passer des joueurs de l'équipe LFL... qui sont pourtant des membres importants de la structure.
Dans les deux cas, les réseaux ont fait savoir qu'ils étaient très mécontents... surtout qu'on a érigé en coupable Riot Games, qui priverait les équipes LFL de LANs, alors que ces tournois physiques font partie de l'essence de la scène française League of Legends. Mais alors que plusieurs acteurs ont pris la parole, on avait un peu de mal à dresser un tableau précis de la situation. Interdiction ou pas interdiction ? Règle européenne ou règle française ? Bénéfique ou handicap pour les équipes et les joueurs de LFL ? Difficile d'y voir clair, d'autant plus que c'est un sujet aussi sensible qu'important. Afin d'en savoir plus, nous avons contacté Riot Games et la ligue française. Sans prétendre apporter une réponse parfaite, voici le fruit de nos recherches.
Les joueurs LFL sont plus "verrouillés" qu'interdits
Afin d'éviter la confusion il faut préciser dès maintenant que les équipes LFL ne sont pas interdites de LANs : tournois organisés par une tierce partie et non pas directement par Riot Games comme le LEC. Nous avons contacté Riot Games et sa réponse ne laisse pas de place aux doutes : "Riot Games encourage totalement les tournois communautaires à condition qu'ils respectent les directives concernant les tournois organisés par des tierces parties.". Il est également précisé que ces directives s'appliquent à toutes les équipes d'ERL (division 1 comme division 2), ce qui comprend la LFL, et qu'elles n'interdisent pas ces dernières à participer à des LANs. Ce sont les joueurs et les équipes ERL qui sont tenus par cet accord, pas les organisateurs de tournoi, qui ne posent en soi pas de problème. Enfin ces directives sont relativement nouvelles. Elles sont arrivées en même temps que l'harmonisation des ligues européennes régionales et ne sont pas spécialement pensées pour la France, mais pour l'ensemble du territoire. C'est pourquoi en 2019, on pouvait voir les équipes de LFL tranquillement participer aux LANs, mais que ce n'est plus le cas aujourd'hui.
C'est dans ce contexte que les joueurs de la ligue française n'ont pas été autorisés à participer à la Lyon e-Sport. Cette dernière a été "red flag" par Riot Games à cause de ses dates (11, 12 et 13 novembre), qui rentreraient en conflit avec le calendrier de Riot Games. On a alors invité le tournoi lyonnais à trouver d'autres dates, qui auraient pu "déverrouiller" la venue des joueurs LFL. Mais les LANs ne sont pas flexibles à l'infini, alors que les évènements de Riot (compétitions et events communautaires) sont très nombreux : aucune solution n'a donc été trouvée.
Comment expliquer ce marquage à la culotte ?
En tant que spectateur français, on est forcément attaché aux LANs et à des tournois comme la Lyon e-Sport, la Gamers Assembly ou la DreamHack Tour, des évènements qui font pleinement partie de l'histoire. Quand on a regardé la dernière Tierlist de Solary, on avait d'ailleurs des souvenirs plein la tête en évoquant des figures comme Nerroh, Moopz, Sardoche ou encore Jbzz. Mais à cette époque, la LFL n'existait pas et Riot Games n'avait pas développé un circuit européen comme celui des ERL...
Officiellement, les joueurs ERL ne sont pas interdits de LANs et d'évènements communautaires. Mais dans les faits, ils évitent beaucoup de compétitions organisées par des tierces parties, notamment à cause de dates qui rentrent en concurrence. Au-delà des dates, se jouent d'autres enjeux : l'audience et le prestige. Avec ces deux composants viennent également les billetteries, les sponsors, les partenaires, les investisseurs... Riot Games n'a pas particulièrement donné de réponse officielle sur ce point. En plus d'être complexe, le sujet est forcément sensible. Mais il faut garder à l'esprit que l'esport est un monde très concurrentiel. Même si les acteurs de la scène partagent des intérêts communs, on peut facilement comprendre qu'il y ait aussi des intérêts divergents.
Quelles sont les solutions à l'étude ?
Maintenant qu'on a dit ça, on se retrouve un peu dans une impasse... Mais il faut savoir que la ligue essaye de faire bouger les choses et Riot Games affirme qu'il y a des dialogues continus, avec la LFL mais aussi avec les autres ERL, pour faire avancer les chantiers et développer la scène compétitive. En France, on estime d'ailleurs que pour les joueurs de Div 2 (ERL 2), l'expérience des LANs serait très précieuse aux joueurs. En plus de s'exposer et de se faire repérer, ils prendraient de l'XP et de l'assurance pour la suite de leur carrière.
Le cas des joueurs de LFL est un peu plus complexe... Alors que les joueurs ont déjà des saisons à rallonge pour les plus performants (Spring Split, playoffs, EUM Spring, Summer Split, playoffs, EUM Summer, Coupe de France...), si on rajoute en plus des LANs, on obtient un rythme effréné qui n'est pas forcément souhaitable pour les organismes. En sachant que contrairement aux joueurs de Div 2, ce type de joueur a généralement moins à gagner dans ce genre d'évènement. Les guidelines de Riot Games sont aussi là pour protéger les joueurs, pour cette raison s'il faut faire bouger les choses, il faut le faire de manière équilibrée et raisonnée. Il n'y a donc pas de grands méchants d'un côté et des victimes de l'autre, mais des parties avec des intérêts parfois différents et des enjeux complexes, qui trouvent des compromis et des terrains d'entente. Ainsi, la Solary Party League of Legends pourrait avoir lieu fin septembre, sur une date validée et acceptée par Riot Games et avec les joueurs de l'équipe LFL.