Avant de commencer, il est important de préciser que seules seront abordées les conditions pour organiser des tournois communautaires en Europe, Moyen-Orient et Afrique. Celles de l'Asie et de l'Amérique sont un peu différentes sur quelques détails, même si elles demeurent assez similaires. Cette annonce a été faite hier sur le site officiel du Capcom Pro Tour.
Source
Mise à jour du 02/03/2022 : Suite aux retours négatifs, Capcom a annoncé les avoir entendu et communiquera de nouveau sur le sujet prochainement.
Des conditions très dures
Capcom n'y est pas allé avec le dos de la cuillère. Certaines décisions peuvent sembler cohérentes voire réalisables, mais d'autres peuvent devenir un très gros frein à l'organisation d'événements sur le jeu, voire de futurs titres. Voici les principales contraintes :
- Limitation de cashprize à 2000$ par tournoi, et 10 000$ sur une année entière
- Interdiction de recevoir plus de 5000$ par tournoi et 20 000$ sur une année de la part d'un sponsor
- Interdiction d'être sponsorisé par un tiers fournissant un service dans les domaines suivants : la pornographie, la vente d'armes, le tabac, le vapotage (les e-cigarettes), l'alcool, la drogue, les paris et jeux d'argent, ou tout message politique
- Obligation d'utiliser des assets visuels fournis par Capcom (qui ne mettront donc pas en avant l'éventuel sponsor de l'événement)
- Interdiction d'utiliser le logo ou le nom du jeu dans le branding (la mise en avant) de l'événement (voir exemples plus bas)
- Obligation de fournir gratuitement les vidéos du tournoi, sachant que Capcom peut décider des les réutiliser comme ils le veulent
- Obligation de faire signer aux participants un droit à l'image, disant que leur image peut être commercialisée gratuitement par Capcom
- Les joueurs doivent respecter le code de conduite de Capcom
- Interdiction de faire payer les spectateurs pour y assister, que ce soit en physique ou sur une plate-forme de diffusion (Twitch/Youtube etc..)
- Interdiction de faire diffuser le tournoi sur une chaîne de télévision ou du câble
- Préciser que l'événement n'est pas affilié à Capcom ou au circuit officiel de Street Fighter
- Ne pas commercialiser des produits tiers reprenant des personnages, visuels, sons etc des licences de Capcom
- Respecter les lois en vigueur du pays où est organisé l'événement
Conséquences possibles
Si certaines conditions sont plus que légitimes, comme par exemple, l'interdiction d'être sponsorisé par un site porno, ce qui ne correspondrait pas du tout à l'esprit du jeu, d'autres sont bien plus dures. Rien que le fait de devoir utiliser les visuels fournis par Capcom, peut gêner certaines associations ou société qui essaient de mettre en avant leurs compétences dans l'organisation de tournois ou de ligues, dans le but de démarcher ensuite des éditeurs pour organiser des événements plus importants ou officiels. Pareil pour les sponsors, ces sociétés ou associations essaient bien souvent d'en démarcher et d'en mettre en avant, pour éviter de faire des tournois en perdant de l'argent. En France, la majorité des organisateurs ne se rémunèrent pas eux mêmes (sans même parler de leurs équipes), et sont généralement satisfaits quand ils évitent de perdre de l'argent. Bien souvent ils ont besoin d'en gagner de l'une des manières interdites par Capcom, et cela risque de les défavoriser. Un tournoi organisé sur un jeu reste quand même une publicité gratuite pour l'éditeur, et si il est cohérent de poser des limitations pour éviter des débordements (personne n'a envie de voir Ryu avec un symbole raciste à côté, ou Chun-Li dans une position plus qu'érotique, ou encore Blanka bourré à la vodka etc), tout interdire peut clairement freiner les passionnés qui essaient de faire vivre leur licence préférée.
Intentions derrière ces restrictions
Il est évident que le but de Capcom n'est pas juste d'enquiquiner les TO et les fans. La limitation de cashprize par exemple est un peu inférieure à celle d'un événement normal du Capcom Pro Tour (elle peut être plus haute pour un major). Le but de l'éditeur japonais semble donc d'éviter des tournois "amateurs" fassent de l'ombre au circuit officiel, que soit en y attirant des joueurs avec un meilleur cashprize ou juste au niveau de leur aura. Il y a donc une volonté évidente de garder un maximum de contrôle sur le côté compétitif du jeu, quitte à empêcher d'autres personnes de "profiter du gâteau". Cette stratégie n'est pas sans rappeler celles de Riot Games, qui a empêché des événements majeurs sur League of Legends autre que sur leurs circuits officiels.
Cela leur offre également un contrôle à terme sur les événements indépendants majeurs de la FGC (EVO, CEO, COMBO BREAKER, UFA, MIX UP, Stunfest etc...) qui devront accepter les conditions de l'éditeur si ils veulent accueillir l'une des principales licences du genre dans leurs tournois. Il semble évident que les règles seront probablement assouplies pour eux (par exemple sur le fait de faire payer un billet aux spectateurs sur place), mais cela place quand même Capcom dans une position de force. La FGC s'est d'abord construite grâce aux passionnés, comme un certain jour dans les années 90, où des joueurs américains se sont cotisés pour payer un billet d'avion à un prodige japonais nommé Umehara Daigo, afin qu'il vienne jouer contre la star locale Alex Valle. À voir maintenant comment la communauté acceptera ces modifications, mais celles-ci montrent que la FGC arrive à une période charnière de son histoire. Seul le futur nous dira si ces changements causeront plus de bien que de mal.