Photo : LoL Esports
Cash-prize, buyout, salaires... L'argent et les questions financières font pleinement partie de la scène compétitive League of Legends. Et même s'il existe toujours des exceptions, derrière les meilleures équipes du monde qui soulèvent des trophées et écrivent l'histoire, il y a souvent des gros moyens qui servent de moteur et de ciment. L'argent ne fait pas le bonheur et ne permet pas de remplacer le skill pur et dur, mais en étant honnête il permet quand même de faciliter les choses. Ce n'est pas l'Amérique du Nord qui dira le contraire, avec sa planche à billets et les contrats en or massif qu'elle offre aux Européens et aux Coréens pour les faire venir en LCS.
Mais dernièrement, c'est la ligue coréenne qui a fait parler d'elle. Selon un rumeur lancée par Upcomer, plusieurs équipes de LCK militaient pour l'instauration d'un salary-cap : une règle qui existe déjà dans certains sports (basket, rugby...), imposant une enveloppe salariale maximale et commune à tous les participants d'une même ligue. Le site n'hésitait d'ailleurs pas à désigner de manière nominative le principal opposant à cette possible réforme : les triples champions du monde T1 qui payent notamment un très gros salaire à Faker, le meilleur joueur de l'histoire du jeu. Pour contenir l'incendie et l'explosion de réactions de la part de la communauté, la ligue coréenne a assuré que ces discussions n'avaient rien d'officiel et qu'une telle réforme n'était pas encore à l'ordre du jour... Upcomer a donc peut-être jeté le pavé dans la marre trop tôt. Mais le sujet reste très intéressant et on peut se demander si le salary-cap dans League of Legends est une bonne ou une mauvaise idée. Le débat est clairement ouvert et il est impossible d'établir un consensus. Mais voici ce que l'on pense dans la rédac LoL de MGG.
Les équipes : une bonne idée pour les petits, une mauvaise pour les gros ?
L'instauration d'un salary-cap n'aurait évidemment pas les mêmes effets sur les équipes en fonction de leurs moyens. Les équipes les plus riches, ne seront sûrement pas très contentes. Elles comptent en effet sur leur toute puissance financière pour séduire les meilleurs joueurs, construire des armadas impressionnantes et se payer des "franchise players". On a parlé de Faker chez T1, mais on peut aussi parler de Jensen chez Team Liquid ou de Perkz chez C9. Imposer une limite pourrait donc handicaper leurs marges de manœuvre, en sachant que l'argent reste quand même un argument béton pour attirer un joueur. Les petites équipes qui ont des moyens plus modestes seront au contraire plutôt contentes si on instaure une limite de salaire. Elles souffriraient ainsi moins de la concurrence avec les gros et pourraient espérer convaincre les joueurs de venir jouer chez eux avec d'autres arguments : qualité de l'encadrement, qualité de l'environnement, ambiance dans l'équipe...
Sur le principe, le salary-cap permettrait en théorie d'avoir une compétition plus juste. En ligue 1, quand on s'appelle le PSG et qu'on peut se payer Messi, Neymar et M'Bappé, ce n'est pas étonnant de finir devant des équipes comme Angers, Brest ou Clermont... Mais au-delà de la justice, toutes les équipes peuvent y trouver leur compte, même les très grosses. Avec un salary-cap, on limite l'inflation des salaires. En 2019 selon InvenGlobal les joueurs de LCK gagnaient 146,000 dollars par an et les sommes continuent d'augmenter. Le salary-cap bousculerait sûrement cette tendance et permettrait à tout le monde, petit comme gros, de faire des économies.
Les joueurs : le salary-cap serait une mauvaise nouvelle pour eux
Pour les joueurs, l'équation est beaucoup plus simple. Quelque soit leur niveau, on peut dire sans vraiment en douter, que le salary-cap serait une mauvaise nouvelle pour eux. Sans réglementation, les meilleurs joueurs du monde se retrouvent en position de force pour négocier des contrats XXL et récupérer un maximum d'argent. En sachant que les carrières sont courtes et les reconversions difficiles, ils sont bien heureux de pouvoir mettre rapidement la daronne à l'abris. Mais ce phénomène de starification ne touche pas que les plus gros talents : par effet de domino, les joueurs les plus modestes bénéficient aussi du marché et de l'inflation salariale. Le phénomène est certes plus limité, mais il permet quand même de rajouter du beurre et même un peu de crème fraiche dans les épinards.
Bon on pourrait dire qu'avec un système plus équitable qui limite la création de super-team, plus d'équipes et donc plus de joueurs auront globalement plus de chance de gagner les trophées. Mais à la fin, il n'y aura quand même qu'un seul gagnant donc l'un dans l'autre ça ne change pas vraiment grand chose.
La communauté : le salary-cap serait une catastrophe s'il est localisé
Le salary-cap est une vraie question quelque soit la discipline. Chacun a son avis sur la question et en fonction de ses valeurs et de vision du monde, certains supportent l'idée à 100 % là où d'autres la critiquent. Impossible de se mettre d'accord sur le sujet et on vous laisse vous faire votre propre opinion sur le salary-cap, en votre âme et conscience. Mais ce qui a fait le plus tiquer la communauté coréenne, c'est l'idée d'un salary-cap localisée. Si la réforme se limite à la LCK, ce serait vécu comme une catastrophe pour les fans de la région. Alors que le salary-cap n'existe nulle part ailleurs (discuté en Chine il n'y a toujours pas d'application), les supporters ont peur que les meilleurs talents de la péninsule partent voir ailleurs si l'herbe n'est pas plus verte. C'est déjà partiellement le cas : Scout, Viper, Nuguri (Chine), CoreJJ, Ssumday (NA) ou encore Hirit (Europe). Mais l'exode serait sûrement encore plus grand si les équipes coréennes ne peuvent plus offrir de gros salaires, capables de rivaliser avec la concurrence étrangère. Alors que la région domine actuellement le monde (3 équipes sur 4 en demi-finale des Worlds), ça serait bête de se tirer une balle dans le pied.
Une affaire à suivre avec attention
En découpant grossièrement les acteurs de l'esport, on peut donc voir que tout le monde n'a pas les mêmes intérêts. L'instauration d'un salary-cap pourrait convenir à certaines équipes et permettrait sûrement de se rapprocher de l'idéal de justice. Au nom de celui-ci, on peut également comprendre que certains fans supportent un tel projet. En revanche, il est clair que certaines équipes se retrouvent perdantes, notamment à court terme et que les joueurs dans leur globalité perdraient au change également. En partant de ce constat, certains fans ne soutiendront donc pas un tel projet, surtout si leur équipe favorite a des gros moyens.
Très attendue, l'équipe League of Legends de Piqué (footballeur professionnel) et d'Ibai (influenceur espagnol) prend peu à peu forme. Ils auraient ainsi trouvé leur colonne vertébrale pour l'année prochaine et leur grand début en LVP (ligue espagnole).
