Réservé aux détenteurs de l'édition Deluxe ou de l'édition Ultimate de Life Is Strange - True Colors, le DLC Wavelenghts ne peut être obtenu qu'en upgradant l'édition standard pour les autres. Celui-ci surfe sur l'ensemble de la licence de Square Enix en faisant le lien entre le célèbre premier épisode de Dontnod et le tout dernier de Deck Nine Games sorti le 10 septembre sur PC, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series et Stadia. Une version Switch est également attendue d'ici la fin de l'année. Et si le jeu principal s'intéresse à Alex Chen, c'est autour de Steph Gingrich que s'articule Wavelenghts, au sein du studio de KRCT, la station radio de Haven Springs, une bien belle occasion d'étoffer ce personnage non négligeable.
- Genre : Aventure narrative
- Date de sortie : 30 septembre 2021
- Plateforme : PC, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series, Stadia, Switch (plus tard)
- Développeur : Deck Nine Games
- Éditeur : Square Enix
- Prix : 12,99€ (Deluxe Upgrade)
D'Arcadia Bay à Haven Springs
Originaire de l'Oregon, et plus précisément d'Arcadia Bay, avant de partir s'installer à Seattle, Stephanie Gingrich est, comme on le sait, une lesbienne assumée. En couple avec Izzie, elles ont formé un groupe punk rock du nom de Drugstore Makeup et ont donné quelques concerts ici ou là. C'est ainsi qu'elle a découvert Haven Springs et fait la rencontre de Gabe Chen, le frère d'Alex. Sa rupture avec Izzie l'a poussé à quitter Seattle et à s'intéresser à la proposition de Gabe qui lui a trouvé un job à Haven Springs. C'est ainsi qu'elle a décroché le poste de DJ à la radio locale KRCT située dans les locaux du magasin de disques Rocky Mountain Record Traders.
Nous retrouvons donc Steph un an avant l'arrivée d'Alex dans la petite bourgade du Colorado située au pied des montagnes. Elle est embauchée et c'est son premier jour de travail, un travail qu'elle a tout de même un peu décrochée au culot. Mais elle se fait vite la main et relance la radio comme le magasin qui tous deux étaient en perte de vitesse. Elle trouve ainsi rapidement ses marques et alterne entre l'animation sur les ondes FM de Haven Springs et la gestion de la boutique qu'elle remanie de fond en comble en revoyant à la fois son agencement, sa décoration et son offre. De même, elle chamboule avec succès la programmation musicale de KRCT en renonçant à la liste de lecture très limitée de l'ordinateur mis à sa disposition pour remettre les platines en route.
Joyeuse Pride
On suit ainsi la vie professionnelle de Steph durant 4 saisons, marquées chacune par un événement majeur : le festival de printemps de Haven Springs, la Gay Pride, Halloween et le Nouvel An. À travers les mots reçus, les textos ou les appels téléphoniques, de nombreuses références sont faites aux événements à venir dans True Colors et aux personnages que l'on y croisera, comme Gabe, bien sûr, mais aussi Ryan, Charlotte, Ethan et bien d'autres habitants de la ville. Et dès le lancement de cet épisode, on vous demande si vous avez joué à la première saison de Life is Strange et, si oui, la décision que vous avez prise à la fin concernant Arcadia Bay. On comprend donc tout de suite que des rappels des évènements de l'époque seront également au rendez-vous. Ce passage, avec ses allusions aux personnages du premier épisode, est d'ailleurs un moment assez sympathique. Pour le reste, mis à part Mickey, le meilleur ami de Steph lorsqu'elle vivait encore à Arcadia Bay, que l'on aperçoit en visioconférence, il faudra se contenter de notre DJ préférée et du magasin avec sa régie. Même Valkyrie, le chat de l'échoppe qu'elle va ici apprendre à connaître, reste invisible. Malgré un aménagement et une décoration qui évoluent à travers les saisons et l'accès à un nouvel espace à aménager en lieu et place de la réserve dans le fond de la boutique, on se sent un peu seul et à l'étroit.
La mise en scène et les différents plans retenus sont toujours bien choisis et efficaces, avec une mention particulière pour la remémoration des souvenirs. De même, les graphismes restent de qualité, tout particulièrement les animations faciales des visages (enfin, du visage de Steph) et les doublages français de haut niveau. On conserve malheureusement aussi les longueurs dans les chargements, avec des fondus au noir qui de surcroît coupent disgracieusement la musique pour mieux la relancer ensuite. Celle-ci est, en effet, centrale dans le titre et on regrettera qu'elle soit également absente lorsque l'on passe sur le téléphone. Bien plus rock qu'à l'accoutumée, la bande-son se doit d'être saluée. Avec une tracklist variée et fort sympathique, elle constitue en quelque sorte le second protagoniste de cette histoire. Nous avons ainsi droit à des titres célèbres comme Feel it Steel de Portugal. The Man. Steph met même au point sa propre chanson au fur et à mesure de l'aventure, comme elle élabore une nouvelle campagne de jeu de rôle plateau, son hobby préféré avec la musique et la batterie, ou complète petit à petit un dessin de Ethan. Le titre propose beaucoup de lecture, que ce soit à travers les notes laissées ici ou là, les textos sur le téléphone et les messages de l'appli de rencontre.
Une tranche de vie LGBTQIA+
Steph est en effet à la recherche d'une nouvelle âme sœur et va pouvoir chercher des matchs avec qui communiquer puis éventuellement obtenir un rendez-vous. Vous n'assisterez toutefois pas à ceux-ci et ne rencontrerez donc pas vraiment ses éventuelles conquêtes. Vous verrez simplement le résultat de ces moments à travers les messages échangés sur l'appli, enfin, à condition de penser à la regarder et à prendre la peine de rechercher là où vous en étiez resté, puisque rien ne l'indique et aucune date ne vous aide à vous repérer. De plus, en chattant, le texte défile assez vite et ce que vous êtes en train de lire disparaît rapidement par le haut. Inutile de chercher à poursuivre la lecture, car toute nouvelle entrée vous ramènera vers le bas. Assez pénible. Finalement, on suit les moments de drague de Steph d'un œil distrait. On s'intéresse davantage aux textos des amis de Haven Springs ou de Seattle, même si là aussi cela se fait sans grande implication de notre part. Pour le reste du gameplay, il s'agit de se tenir droit derrière la console de mixage et d'utiliser les platines pour mettre des disques, le micro pour parler et le téléphone pour répondre aux appels des auditeurs, bien souvent des inconnus avec des anecdotes vite oubliées.
Vous avez bien entendu le choix des phrases à dire en réponse et des formulations retenues lorsque vous faites la pub des sponsors locaux, comme le Black Lantern. Vous avez même la possibilité de faire un peu d'humour entre deux appels et deux pubs. Pour ce qui est du magasin, il s'agit surtout de se promener en cliquant un peu partout pour connaître les pensées et les états d'âmes de Steph. Notons ici que le soft tourne beaucoup autour de la cause queer. En remplissant le tableau du concours de baby-foot avec Gabe, vous pouvez aussi revivre certaines parties (en ne voyant que le baby). Mais en fin de compte, il ne se passe pas grand-chose et l'ennui peut vous guetter. Il n'y a pas vraiment d'histoire, ni de scénario, juste une tranche de vie. Ces petites idées auraient tout aussi bien pu être insérées dans le jeu original et seraient alors très bien passées. Du coup, si vous ne disposez pas des éditions Deluxe ou Ultimate, est-ce que ça vaut les 12,99€ demandés pour l'upgrade ? Bien qu'étant fan de la licence et malgré tout le bien que nous avons dit de True Colors dans notre test, ça se discute. La nostalgie des moments ou des personnages connus fonctionne, Steph est charmante et attachante et l'on apprécie de creuser un peu plus son personnage, mais, bien que distrayant, ce DLC reste anecdotique, à l'image des jouets de décoration avec lesquels s'amuser pendant que l'on est à l'antenne, comme les dinosaures collants à lancer sur le tableau d'affichage.
Wavelenghts s'adresse très clairement aux fans de la licence et aux nostalgiques qui apprécieront de replonger dans l'univers de True Colors et les souvenirs d'Arcadia Bay. Steph est un personnage attachant que l'on apprécie de retrouver et d'approfondir, mais c'est malheureusement le seul personnage proposé ici, et elle se retrouve cantonnée dans le magasin de disques. Les graphismes comme les animations soignées et les plans cinématographiques sont toujours délectables et la bande-son déchire, mais faute d'avoir vraiment quelque chose à raconter, le titre flirte souvent avec l'ennui. Distrayant mais anecdotique, ce DLC est finalement assez dispensable.
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