Photo : LoL Esports
Tout peut aller très vite sur League of Legends et une équipe en galère peut vite rebondir, notamment si la métagame change d'un patch à l'autre. Il ne faut donc pas enterrer trop vite G2 Esports, qui reste pour beaucoup un des favoris pour aller aux Worlds en fin d'année. Pour autant, la santé de ce géant européen inquiète. Après un Spring split plutôt décevant, l'été est pour le moment très compliqué également pour la structure de Carlos "ocelote" Rodríguez Santiago. Comment peut-on expliquer et comprendre la crise actuelle ?
G2 Esports souffre encore du retard pris pendant le Spring Split
Les problèmes de G2 Esports ne datent pas d'aujourd'hui. Déjà lors du Spring Split, l'équipe avait montré des signes de faiblesses. Même si l'équipe avait terminé à la première place de la saison régulière (14-4), elle s'était ensuite ramassée durant les playoffs, perdant coup sur coup deux Bo5 contre MAD Lions et Rogue. Collectivement, l'équipe n'était pas au niveau et plusieurs joueurs avaient été pointés du doigt. On pense notamment au toplaner Martin "Wunder" Nordahl Hansen et au jungler Marcin "Jankos" Jankowski qui enchainaient les erreurs individuelles. De l'eau a coulé sous les ponts depuis, mais G2 a pris du retard sur ses concurrents et ne semblent toujours pas en mesure de suivre le rythme. La méta actuelle ne semble pas lui convenir et papy Jankos semble avoir du mal à maîtriser les picks du moment, si ce n'est Xin Zhao. Un nouveau coach stratégique, NELSON, est arrivé à la mi-saison, mais la stratégie semble toujours brouillonne. Et au-delà de la draft, c'est surtout le capital confiance de G2 Esports qui a été entamé.
G2 Esports en crise de confiance
La confiance fait défaut à l'équipe et la dernière défaite contre Misfits Gaming est symbolique. L'équipe avait tout pour gagner : plus de 10 K gold d'avance et une âme élémentaire en poche. Mais les joueurs avaient peut-être peur de gagner, ou plutôt trop peur de perdre. Ils n'ont pas réussi à porter le coup fatal. Trop attentistes et pas assez décisifs, ils se sont fait retourner sur une mauvaise décision qui leur a coûté le match. Seule une équipe en plein doute peut manquer ce genre de free-win. Alors que G2 Esports était connue pour sa capacité à bomber le torse et à se transcender dans l'adversité, les Samouraïs ont le moral et le mental dans les chaussettes en ce moment.
Le mystère Rekkles : un problème d'adaptation ?
Personne ne met en doute le niveau de Rekkles qui reste une référence mondiale à son poste. Le Suédois continue d'ailleurs de farmer comme une machine : avec 10,31 CS/minute, c'est le joueur qui farme le mieux de la ligue cet été. Il garde également un KDA impressionnant de 7. Mais le souci, c'est qu'il peine à trouver sa place dans le collectif. Rekkles est d'un naturel plutôt conservateur et il aime prendre son temps pour s'armer, avant de briller en teamfight. Mais ce n'est pas du tout le style de G2 Esports, qui aime la bagarre et les escarmouches. Alors que l'équipe a perdu Perkz, qui était rodé au style de la maison, Rekkles est bien moins présent. Au Summer Split, son implication se limite à 58,3 % des éliminations. C'est le montant le plus bas de la ligue parmi les ADC pour le moment ! Il est bien loin d'Hans Sama et de Carzzy qui sont plus ou moins à 70 %.
Et puis il faut aussi évoquer le duo que forment Rekkles et Mykix. Sur le papier, on a deux monstres européens qui font rêver. Mais ensemble, les deux joueurs sont loin d'être dominants. On peut se demander s'ils sont compatibles... Mykix adore roam sur la carte et accompagner Jankos dans ses mouvements. Ce qui laisse Rekkles un peu tout seul et ne lui permet pas de snowball sa phase de lane. Il compense en farmant un maximum et en jouant safe, mais du coup le Suédois perd en implication et en impact. Les duos Hans Sama/Trymbi et Carzzy/Kaiser font beaucoup plus peur aujourd'hui que la botlane de G2.
Caps en mode craps : des statistiques inquiétantes
Le problème d'adaptation de Rekkles est un vrai souci qui plombe le collectif de l'équipe. Mais plus grave encore, Caps s'est fait enlever cet été et l'équipe doit jouer avec Craps, son jumeau maléfique. Blague à part, le midlaner de G2 Esports est en grande difficulté. Pour le moment, c'est le midlaner de LEC qui possède le pire KDA du segment (2). C'est aussi celui qui meurt le plus (3,78), celui qui participe le moins aux éliminations (56,7 %) et celui qui globalement produit le moins de gold (375 gold/minute). Les statistiques ne veulent pas tout dire, mais c'est franchement inquiétant. La défaite contre EXCEL Esports en était d'ailleurs symptomatique, puisque le Danois s'est fait camper par le jungler adverse et il est mort en boucle. On sait tous que Caps est très talentueux, mais il doit retrouver ses bases ou il risque de continuer à se faire marcher dessus par tout le monde, rookies y compris.
Une draft en question
On ne va pas refaire l'éternel débat de l'importance de la phase de draft. Le choix des champions et les bans ne peuvent pas tout expliquer et au bout d'un moment, c'est l'exécution sur le terrain qui va au final déterminer le vainqueur. Mais on peut commencer la partie avec un avantage en cas de bonne draft, notamment si on a des conditions de victoires faciles et des lanes dominantes, surtout dans une métagame où le snowball compte énormément. Mais si on regarde les 4 dernières défaites de G2 Esports, on se retrouve quasiment systématiquement avec des match-up perdants à chaque draft. La seule exception, c'est contre Misfits Gaming où pour une fois, G2 a réussi à drafter deux lanes gagnantes (Lucian vs Syndra, Tristana et Leona vs Kai'Sa et Alistar). Les Samouraïs ont d'ailleurs rapidement pris le dessus — avant de throw.
Mais contre Team Vitality, Fnatic et EXCEL Esports, G2 Esports semble avoir manqué sa draft, se retrouvant le plus souvent avec des lanes perdantes ou neutres dans le meilleur des cas. La botlane est sûrement l'exemple le plus marquant. En mettant Mykix sur des champions comme Tahm Kench et Pantheon, on lui offrait la possibilité de roam avec des ultimates semi-globaux mais on ne jouait clairement pas la lane. La seule fois où il a joué un champion pouvant dominer (Leona), il s'est fait counter-pick et à dû se farcir un Thresh. On ne va pas non plus revenir sur la Karma top de Wunder qui ne convainct vraiment personne... Mais ce n'était pas beaucoup mieux de l'envoyer sur des champions carry de late game qui se font ouvrir par un Renekton. Sans prétendre mieux drafter que GrabbZ, qui a un palmarès long comme le bras, on ne peut cependant s'empêcher de relever de nombreuses incohérences.