On y est : l’European League va se lancer, et vous venez d’en faire la présentation. Quel est votre sentiment ?
François-Xavier Deniele : On est fier, parce que ça fait très longtemps qu’on travaille dessus. C’est, pour nous, une concrétisation d’un travail interne de plusieurs années. C’est une évolution majeure de la Ligue Européenne. Que ce soit sur son format, son ambition ou sur l’envergure qu’on lui donne. Donc on est très content d’annoncer enfin à notre communauté ce que nous allons faire. En plaçant une importance majeure sur la qualité des équipes, la visibilité et la clarté de notre ligue en Europe, qui pour nous est très importante, étant celle qui a par le passé montré le plus de champions. On doit donc continuer de faire ça et développer d’autres aspects, à commencer par nos ligues nationales et notre présence à tous les échelons de l’e-sport.
Qu’avez-vous appris, e-sportivement parlant, au fil des 11 saisons de Pro League ? Et qu’en avez-vous retiré ?
F-X.D : Pour nous ça a été un apprentissage accéléré. On a eu la chance, grâce à l’équipe de production, d’avoir un jeu de qualité, qui a démontré une appétence e-sportive, compétitive dès le départ. Si on revient sur le passé, on a déjà fait évoluer la scène plusieurs fois depuis le lancement de son e-sport. Ce qui était le plus important à comprendre, c’est qu’un e-sport ne peut pas se cristalliser sur un format, un système, et doit savoir se réinventer tout le temps. De par la concurrence, l’industrie, et les écosystèmes. On a vraiment voulu garder une humilité, qui est importante pour nous. On est dans une industrie neuve. On est plus ou moins nouveaux, même si ça fait quatre ans qu’on est là [il sourit], mais on fait de l’esport de manière importante depuis moins de temps que certains de nos concurrents. Et donc, l’idée, c’est de savoir apprendre de nos communautés, de nos joueurs. Et de faire évoluer notre e-sport. On espère que ce qu’on propose aujourd’hui, comme nouveau format, répond aux attentes. Et permet en tout cas d’apporter de la clarté, de la stabilité, sur un format plus long.
Chaque région va être gérée de manière autonome par plusieurs équipes au sein d’Ubisoft. Pourquoi, de votre côté, ne pas avoir opté pour un format de matchs réguliers en LAN, comme ce sera le cas en Amérique du Nord ? Est-ce une limite financière, logistique, ou une simple volonté de préserver les matchs en ligne ?
F-X.D : Je suis très fier de ce que font les Américains. Aller en LAN, s’y construire une expertise… Mais pour nous, aujourd’hui, ce n’est pas forcément le format le plus adapté. On a montré, avec la ligue online, que nous fonctionnons bien. On arrivait à produire un show de qualité, à avoir du contenu à côté, à avoir une présence sur plein d’aspects. Donc on continue sur ce format en online pour le moment. Avec quand même un élément important qu’on annonce et qui va changer l’aspect de notre ligue : un studio de broadcast à Paris. Avec la présence de nos casteurs au sein d’un studio Ubisoft, on va pouvoir produire un contenu beaucoup plus important, autour de ces matchs qui seront toujours faits en ligne. Ce qui implique une qualité supérieure et beaucoup plus de contenus à disposition de la communauté.
Êtes-vous quand même ouverts à un potentiel changement sur un plus long terme ?
F-X.D : On regarde toujours. C’est une évolution qui est possible. Maintenant, à court terme, c’est quelque chose qui sera travaillé aux États-Unis, qu’on regardera et de laquelle on pourrait s’inspirer, mais qui n’est pas à court terme prévu pour l’Europe.
Des finales en LAN pour l’European League seront tout de même organisées aux quatre coins du continent. Cela va être un bon moyen d’amener encore plus physiquement la scène internationale de Rainbow Six dans les pays où il y a des scènes locales fortes…
Jeremy Somville : La régionalisation, c’est vraiment un moyen de mettre en lumière les spécificités de chaque région. En Europe, particulièrement, on a comme spécificité tous ces tournois nationaux qui sont fortement ancrés au niveau local. On a l’exemple de la 6 French League, qu’on connaît bien parce qu’on est français, mais chaque filiale dans les pays européens a vraiment fait un travail énorme ces dernières années, pour mettre en place des compétitions locales extrêmement fortes. Mettre ces championnats nationaux au cœur de tout le process, ça a été notre ambition dès le début. Depuis le début de l’e-sport, il y a quatre ans, sur Rainbow, on a vraiment voulu un pass to pro extrêmement clair. Comment Monsieur Tout le monde qui joue chez lui, en Ranked, peut ensuite passer à des GO4, puis à des championnats communautaires ou nationaux, à la Challenger League, l’European League, les Majors et le Six Invitational ? Il y a une vraie courbe de progression qu’on entend vraiment garder. Et c’est pour ça que les scènes locales sont vraiment linkées aux championnats européens. On n’a pas encore choisi, évidemment, tous les pays qui accueilleront les finales dans les prochaines années. (Rires). Mais notre objectif est d’aller voir toutes ces scènes et de leur offrir à un moment une finale européenne.
Pour revenir sur la comparaison avec la région NA, vous avez décidé que les matchs de l’European League seraient disputés dans un format de BO1, avec des potentiels matchs nuls. Alors que tous les matchs en Amérique du Nord se dérouleront en BO3. Pourquoi ce choix ?
J.S : On a joué la continuité par rapport à ce qui était en place. Le BO1, je trouve, a quand même fait ses preuves, notamment depuis qu’on a augmenté le nombre de rounds sur une map. On avait aussi réduit le map pool il y a quelques saisons, pour arriver à un bon compromis entre le côté équilibré d’un match et toutes les contraintes qu’on peut avoir en tant qu’organisateur. Aujourd’hui, il ne faut pas oublier qu’on va avoir deux journées de matchs par semaine, et qu’on a désormais dix équipes en European League. Donc ça veut dire 5 matchs par soir, pour 10 matchs par semaine. Faire du Bo3, ça voudrait dire : de très longues heures de broadcsat. Ça peut être très bien, mais c’est aussi potentiellement plus de préparation pour les équipes, plus de préparation pour tout le monde. Donc aujourd’hui on trouve que le BO1 est encore le plus adapté, notamment pour un système de championnat en round-robin comme on l’a aujourd’hui.
Comme tu l’as précisé, il y aura désormais cinq matchs par soirée de championnat. N’avez-vous pas peur que visionner cinq rencontres soit trop indigeste pour les spectateurs ?
J.S : Ce sera de l’organisation pour nous, mais on n’est pas les seuls à le faire dans l’e-sport. On peut même comparer au sport traditionnel. L’objectif c’est de faire en sorte que les viewers aient un show de qualité, donc c’est pour ça qu’on va avoir notre studio de broadcast. Ensuite, on doit pouvoir faire en sorte que chaque fan d’équipe puisse voir le match de son équipe tous les lundis et tous les mercredis. On se doute qu’une partie de l’audience est extrêmement fan et va potentiellement regarder tous les matchs. Mais moi, dans le sport par exemple, je regarde uniquement les matchs de mon équipe favorite. Donc j’imagine que ça risque d’être le cas aussi pour une partie des spectateurs. Peut-être que la communauté française va principalement regarder les trois équipes françaises qui sont dans la ligue française cette saison, et pas forcément le reste.
En Europe, la Challenger League n’ouvrira ses portes qu’une fois par saison, donc une fois par an. Contrairement à deux fois auparavant. Vos homologues américains quant à eux vont mettre en place une Challenger League avec des relégations tous les trois mois, environ. N’y a-t-il pas un risque de non-renouvellement régulier dans la vôtre ?
J.S : Avant on n’avait « que » la Challenger comme antichambre de la Pro League. Maintenant, on aura un circuit plus long, vu qu’il y aura aussi les championnats nationaux. Pour une équipe de type Challenger, la saison ne commencera pas qu’en septembre, au moment où la Challenger League va commencer. Elle va commencer beaucoup plus tôt dans l’année, avec les championnats nationaux. Quand on dit qu’on intègre les championnats nationaux dans tout l’écosystème européen, ça veut dire que chaque championnat national officiel va offrir un slot dans la Challenger League. Avec ensuite l’opportunité d’aller en European League. Pour nous, c’est quelque part un moyen d’éduquer la scène et de demander une certaine dose de stabilité et d’entraînements aux équipes. Histoire de les former au haut niveau. C’est ça qu’on appelle le pass to pro. Elles vont d’abord se former dans un championnat local, puis les meilleures d’entre elles iront en Challenger League pour évoluer dans un niveau européen avec une discipline un peu plus proche de celle exigée en European League.
F-X.D : On peut ajouter aussi le fait qu’il y a encore une chance d’aller en Challenger League via un qualifier ouvert…
J.S : Oui ! On aura un tournoi online qui offrira une place en Challenger League.
Donc vous visez davantage la stabilité et la progression des équipes, plutôt que le fait d’alimenter la Challenger League régulièrement de nouveaux candidats. Mais pour avoir un circuit et un calendrier homogènes, vous allez devoir uniformiser l’identité des différents championnats nationaux, non ?
J.S : C’est ce vers quoi on tend, effectivement. Après, ça reste une année de transition, donc il pourra y avoir quelques exceptions au cas par cas. Mais l’objectif, de toute façon, est clair : on se doit de proposer le même niveau de qualité et d’importance pour tous ces championnats nationaux au niveau européen. On leur a donc demandé d’avoir des saisons qui pourront s’intégrer au mieux au calendrier annuel. Puisque l’année à leur échelle sera vraiment rythmée par le chemin des championnats nationaux vers la Challenger League, et des relégations de l’European League tout à la fin.
Grosso modo, vous êtes sur Rainbow Six Siege ce que l’UEFA est dans le football : une sorte de fédération qui doit surveiller et uniformiser ce qui se fait au niveau des ligues nationales à travers l’Europe…
J.S : La comparaison est flatteuse. (Rires). Mais on a des équipes dans chaque filiale (les bureaux d’Ubisoft dans différents pays, N.D.L.R) dédiée à l’esport, qui gèrent à 100% leur championnat national. Après, nous on a évidemment un rôle qui va être de coordonner toutes les filiales de la zone. Pour faire en sorte qu’il y ait une homogénéité entre les championnats. Ça reste des marchés différents, donc ça ne sera pas des copiés collés des uns avec les autres. Toutes les diversités culturelles font que chaque championnat sera unique. Même si on a un cahier des charges pour faire en sorte qu’ils puissent tous s’intégrer à notre écosystème.
France, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, Italie, Nordics, Benelux, Pologne et Russie. Quels critères ont été pris en compte pour choisir ces pays-là dans un premier temps ?
J.S : On a joué sur la continuité avec des marchés et des scènes qui sont là depuis le début. Notamment la France, l’Allemagne, le UK… Et après on a des marchés un petit peu plus émergents, qui ne sont pas nouveaux pour autant, mais qui ont commencé peut-être légèrement plus tard. Comme la Pologne et la Russie, qui ont - dès l’année dernière - su se mettre au niveau des autres. Comme je le disais : l’objectif c’est vraiment d’avoir une uniformité dans le niveau de qualité de tous ces championnats.
À l’avenir, si d’autres scènes émergent et se structurent - je pense potentiellement à la Grèce, au Portugal, voire la Turquie ; aux pays de la zone CIS comme l’Ukraine ou le Kazakhstan, mais surtout ceux des Balkans, comme la Croatie ou la Serbie - seriez-vous prêts à étendre la Challenger League au-delà de 12 équipes ?
J.S : C’est une possibilité. C’est un système qui a été fait aussi bien pour l’Europe que pour le niveau mondial. L’idée a toujours été de garder de la flexibilité pour pouvoir intégrer à tout moment : soit des nouvelles régions, soit des nouveaux championnats nationaux afin de venir alimenter ces régions. On commence avec ces championnats, mais à l’avenir on ne s’interdit pas d’en ajouter de nouveau s’il y a des scènes qui montent.
Les points pour les invitations au Six Invitational, attribués aux équipes dans les différentes ligues régionales, seront-ils égaux d’une zone à l’autre ? Par exemple, est-ce que dans la course au Six Invitational, le 5ème de la région APAC, à la fin d’un stage, remportera autant de points que le 5ème de la région Europe ?
Sur le point de départ, toutes les équipes partiront sur le même pied d’égalité. Elles ont autant de chance les unes que les autres d’avoir des points ou de se qualifier sur les Majors. C’est pour ça qu’il y aura, partout, quatre qualifiés par région pour les Majors. Après, une fois arrivées aux Majors, les équipes venues des différentes régions vont s’affronter. Si là il y a effectivement une région supérieure à une autre, ces équipes de ces « régions plus fortes » vont pouvoir gagner plus de points. Donc, au final, elles seront mieux positionnées pour une place au Six Invitational. Et potentiellement, au Six Invitational, contrairement aux Majors, il pourrait y avoir là plus d’équipes d’une région par rapport à une autre. Mais, à la base, on est obligé de partir sur un principe d’égalité, puisqu’on ne peut pas se dire qu’une région est supérieure à une autre. Ça peut être vrai à un moment donné, mais sur le long terme ça s’équilibre toujours.
Que ce soit pour le Six Invitational, ou la Challenger League, cela vous semblait primordial d’offrir la possibilité à des équipes d’outrepasser les chemins structurés que sont les ligues régionales ou les championnats nationaux pour se qualifier…
J.S : Parce qu’on a un écosystème ouvert, tout simplement. Pour nous, l’important c’est vraiment le passeport vers le monde pro. La possibilité, pour tout le monde, s’il a le niveau, d’arriver aux meilleures compétitions. Donc comme je le disais, on a cet écosystème au niveau européen pour faire gagner en stabilité les organisations sur le long terme. Mais si en décembre une équipe se révèle et qu’elle est extrêmement forte, qu’elle participe à des qualifications ouvertes en janvier et se qualifie pour le Six [Invitational], il n’y a aucune raison qu’on ne puisse pas lui donner cette chance.
Concernant une partie de la population parfois oubliée, les joueurs mineurs, va-t-on potentiellement pouvoir leur dédier des compétitions à l’avenir ?
J.S : Pour le moment ce n’est pas dans nos ambitions. On suit de près tout ce qui est législation, et à l’heure actuelle sur Rainbow toutes les compétitions sont dix-huit et plus.
Vous avez annoncé l’inauguration d’un studio de talents à Paris pour la retransmission des matchs de l’European League. Ça veut dire que les présentateurs anglophones, francophones, allemands, espagnols et autres devront s’y rendre ? Ou uniquement ceux du mainstream ?
F-X.D : Alors, le studio de broadcast il va… [marque une pause et réfléchit] broadcaster, c’est le cas de le dire. (Rires). Non, plus sérieusement, on aura nos casteurs internationaux, pour le stream anglophone - on dévoilera d’ailleurs le line-up des talents rapidement - qui seront à Paris dans le studio, pour analyser et caster les matchs de l’European League. On s’ouvre aussi potentiellement la possibilité d’offrir, pour des finales nationales ou ce genre d’événements, le studio. Il a pour horizon d’être agile et disponible pour un maximum de compétitions. On a déjà un gros programme, et on va apprendre, en toute humilité. C’est un gros passage pour Ubisoft d’avoir ce studio à Paris, chez Ubisoft. On va commencer par ça et on a hâte de pouvoir vous montrer à quoi ça ressemble.
Le logo de l’European League prend une forme de coupe et d’oiseau. Quel est le message derrière ce choix visuel ?
F-X.D : Je vais laisser Jeremy répondre à ce sujet… (Rires)
J.S : Alors c’est un phénix ! L’histoire de ce logo, c’est surtout que le phénix représente l’immortalité. L’Europe est le plus vieux continent de la terre, donc on a voulu jouer sur cette connotation. Pour même aller plus loin - et je sais que F.X va rigoler - quand on a fait le design avec Raph et Heaavens, on s’est dit qu’en dehors de l’immortalité c’est aussi un concept de chaleur. Un bon moyen de représenter notre communauté, les joueurs et tout l’écosystème des fans.
En parlant d’immortalité : est-ce que la règle sur les slots - avoir trois joueurs d’une composition d’une saison à l’autre était nécessaire pour conserver une place en Pro League - va perdurer avec l’European League ?
J.S : Le mercato actuel va jusqu’au 5 juin. Pour l’instant, on est dans une période de transition, donc on a gardé cette même règle. À l’avenir, d’un stage à l’autre, on veut évidemment qu’il n’y ait pas la possibilité de changer un roster de A à Z. On veut que les équipes jouent sur la continuité, donc on va toujours garder des règles de roster avec un nombre limité de changements. Par contre, à partir de 2021 - entre février et mars - les organisations auront plus de flexibilité, puisqu’on passera sur une nouvelle saison pleine, donc elles pourront changer leur roster jusque dans son intégralité si c’est leur objectif.
Face It sera l’organisateur du circuit européen, pourquoi ce choix ?
F-X.D : Ce n’est pas uniquement Face It. L’annonce qu’on a fait au Six Invitational c’est Live Nation et Face It. En fait, c’est une collaboration qu’on fait avec ces deux acteurs qui représentent deux pans hyper importants de l’e-sport que je veux développer. D’une part : Face It et sa plateforme de tournoi, qui a démontré sa qualité par le passé auprès d’autres jeux, et de Rainbow Six, par des tournois qui étaient hors système officiel. Et d’autre part : Live Nation, avec son expertise mondialement connue de développement de concerts et de shows. De Live Entertainment Show, comme on dit. Donc l’idée c’était d’emmener une nouvelle approche sur la Ligue Européenne. En travaillant avec ces deux partenaires-là. D’un point de vue quotidien, bien sûr, sur la gestion de la ligue, et sur sa partie administrative, avec Face It. Et sur la partie plus événementielle au moment des grandes finales, avec la partie Live Nation.
Les admins qui s’occuperont de l’European League viendront donc de Face It ?
F-X.D : On souhaite travailler avec l’expertise de Face It. Alors bien sûr, comme tout publisher, on est très regardant sur le rules book, il vient de discussions conjointes. Mais sur l’administration quotidienne de matchs, tout sera fait par notre partenaire.
Un Major est prévu pour le mois d’août de cette année, un autre pour novembre. Mais avec la tournure des événements actuels, vont-ils pouvoir être maintenus ?
On ne peut pas le garantir. On dépend de la législation des pays et de la possibilité aussi de pouvoir voyager, ce qui est important pour l’e-sport. On avait annoncé que le Major au mois d’août allait se passer dans le continent nord-américain, donc on va être lié à cette législation. Aujourd’hui c’est encore un peu trop tôt pour nous, on est encore en train de monitorer ce qui est possible de faire. On est dans une zone de réflexion, mais on devrait donner rapidement des nouvelles sur ces sujets-là.