L’Écosse, pour pas mal de gens, c’est le Whisky, les lacs et BraveHeart. Et pour toi qui es de là-bas, c’est quoi ?
Je suis très passionné par mon pays. Je ne sais pas ce qui me fait ressentir une telle passion, mais je pense que le facteur principal est le peuple. Au grand étonnement de beaucoup, les Écossais sont très gentils et accueillants, et je pense que c’est un atout majeur.
Il se dit que pour une somme avoisinant les 150 euros, on peut y acquérir un bout de terrain et être appelé Lord. C’est quand même assez incroyable non ?
Je pense que c’est un tas de sottises ! De toute façon, je ne voudrais pas être un Seigneur, être un Roi me semble plus approprié !
Quand on regarde la carte de la Grande-Bretagne, on a l’impression de voir celle de Westeros, de Game Of Thrones, avec les terres de ton pays tout en haut qui occupe la partie nord, et la capitale de l’île-continent quasiment tout en bas, Londres, l’équivalent de Port-Royal. Tu ne serais pas un descendant des Stark, à tout hasard ?
Je suis le vrai Roi du Nord ! (Rires)
Quand il faut se faire une place sur la scène britannique, est-ce que venir de ce pays, de l’Irlande ou du Pays de Galles, c’est plus compliqué ?
Je ne connais pas beaucoup de joueurs d’esports écossais, et je n’en connais pas non plus qui viennent du Pays de Galles ou d’Irlande, même si je m’attends à en voir quelques-uns émerger. Je pense qu’il est simplement plus « courant » pour les joueurs britanniques de venir d’Angleterre, car la population y est beaucoup plus importante.
C’est un fait : ta taille alimente énormément les blagues à ton encontre. Chez certaines personnes, être moqué ou différencié des autres par son physique peut devenir un poids. Comment le prends-tu de ton côté, concrètement ?
Ce n’est pas un fardeau. C’est un fait, je suis plutôt « petit », je mesure environ 168 cm. Je ne peux rien y faire, alors pourquoi ne pas s’en amuser ? Et puis, j’aime bien être petit, ça veut dire que je suis différent !
Quand on voit à quel point tu es une personne sociable et amusante, comment as-tu pu obtenir un ban de 6 mois pour toxicité ?
J’étais un enfant très immature en grandissant, et j’ai dit des choses vraiment stupides et mauvaises. Au fond, je ne le regrette pas, car cela a fait de moi une meilleure personne aujourd’hui, et la punition était justifiée pour m’aider à grandir.
Comment as-tu traversé cette période de mise à l’écart des compétitions officielles ?
C’était très difficile, avec beaucoup de hauts et de bas, mais je pense que le fait de savoir que je reviendrai m’a aidé à tenir bon.
J’imagine que rater le voyage avec ton équipe lorsqu’elle s’en va gagner la Pro League à Tokoname a été la chose la plus dure ?
Oui, c’est sûr, ne pas pouvoir jouer dans une compétition pour laquelle j’étais techniquement qualifié était un crève-cœur, et les voir réussir sans moi l’était encore plus.
Qu’as-tu tiré comme morale de toute cette histoire ?
Ne soyez pas méchants ! Même quand vous pensez être intouchable, vous ne l’êtes pas.
Là où c’est dommage, c’est que tu n’as jamais remporté le moindre tournoi majeur international en LAN. Est-ce que tu ressens un complexe par rapport à ça vis-à-vis des autres joueurs de classe mondiale ?
Non, mon heure viendra.
Peut-être que l’accompagnement de deux français que l’on connaît bien ici, les coachs français Jahk et DraZ, vont t’aider à enfin y parvenir ?
Bien sûr, je ne pourrais pas demander de meilleurs entraîneurs ou amis. Toujours à vous aider dans les moments difficiles, dans et hors du jeu.
Depuis leur arrivée, ils ont dû faire face à ce que j’appellerais une maladie qui vous a longtemps touché : l’après-CTZN. On dirait que vous avez mis énormément de temps à vous remettre en tant qu’équipe à son départ pour G2. C’était le cas ?
C’est sûr. Essayer de remplacer le meilleur joueur du jeu n’est jamais une tâche facile, nous avons mis du temps à trouver la bonne personne.
Maintenant, vous avez un roster qui envoie du lourd et semblez vivre en harmonie, en atteste votre sacre sur la phase 1 de l’European League. Les départs de Kendrew et Joe, remplacés par Nath et Secretly, ont visiblement été efficaces…
Nous sommes sur la bonne voie, c’est sûr, mais il y a beaucoup de travail à faire pour s’assurer de rester au sommet. Y arriver était la partie la plus facile.
Qu’est-ce qui fait la force du Natus Vincere premier d’European League ? Comment arrivez-vous à avoir de tels résultats positifs ?
Une bonne attitude, une bonne alchimie et une bonne éthique de travail. Ensemble, nous sommes vraiment forts et efficaces pour surmonter les obstacles.
Comment expliquer l’émergence actuelle des joueurs britanniques ? Pas loin derrière vous il y a Cowana qui se positionne, et puis MnM qui avait failli monter en EUL en début de saison.
Je sais que la scène britannique s’est cachée dans l’obscurité pendant un certain temps, mais je suis fier de voir tant de bons joueurs être enfin là où ils sont censés être !
Au fait, ça ne va pas être trop dur d’assister au Six Invitational 2021 en tant que spectateur ?
Ça craint qu’on ne le fasse pas, c’est sûr, mais ça veut juste dire qu’on a encore plus faim de faire le prochain !
En plus, il va se jouer à Paris. On aurait potentiellement pu réaliser cet entretien autour d’un verre. Et la petite souris m’a dit que tu ne dis jamais non à une bonne bière. Pour toi, le houblon et l’activité esportive sont compatibles ?
Oui ! On peut toujours passer un bon moment avec une bière devant soi, peut-être qu’on pourra le faire bientôt d'ailleurs. (Sourire)
En parlant de Paris, comment est perçue la scène française de l’autre côté de la Manche ?
Je pense que les joueurs français sont très forts en tant que nation. De nombreuses équipes, avec BDS au sommet, ont montré de grands joueurs.
Il se dit que tu aimerais apprendre le français. Pourquoi ça ?
Je ne sais pas si j’aimerais apprendre le français, parce que je suis un peu paresseux quand il s’agit d’autres langues, mais ça pourrait être amusant. « Suce un chèvre », c’est tout ce que je sais pour l’instant, et c’est Kaktus de Vitality qui me l’a appris (Rires).
Sur quels points aimerais-tu encore plus t’améliorer au niveau humain ? À quoi va ressembler le Doki des prochaines années ?
Toujours aller de l’avant, sans jamais regarder en arrière. Je travaille à mieux contrôler ma mentalité dans le jeu. Parfois, je peux facilement être tilté et cela se reflète dans la vie de tous les jours aussi, donc voyons ce que je peux faire...