Un titre avec des qualités intemporelles
Il est difficile de nier le fait que Diablo 2 avait révolutionné le genre et qu'il avait inspiré tous les titres qui l'ont suivi comme Titan Quest entre autres. Certains des éléments positifs qui sont restés dans les mémoires et qui restent d’actualité sont les suivants :
Une ambiance extraordinaire : Les graphismes de Diablo 2 n'avaient rien d'exceptionnel même pour l'époque, cependant ils étaient parfaitement adaptés pour retranscrire cet univers ténébreux, sanglant et menaçant. Le côté pixelisé du jeu fait travailler l'imagination des joueurs et il n'a pas cet aspect un peu cartoonesque et aseptisé des jeux qui utilisent des modèles en 3D dont Diablo 3. Il est vraiment difficile d'être effrayé ou dégoûté par un démon cartoonesque à moins de pousser les choses extrêmement loin.
Une bande sonore impeccable : Les bruitages du jeu étaient parfaitement adaptés et souvent répugnants comme il se devait. Mais c'est sans le moindre doute les musiques qui méritent d'être remémorées, le thème de Tristram en particulier fait toujours vibrer les joueurs.
La musique du village de Tristram
Génération procédurale des niveaux : Diablo 2 n'est pas le premier à utiliser cette méthode, mais cela n'avait jamais été fait à cette échelle et avec tant de succès. Cela a fortement contribué à la durée de vie du titre. Un des reproches fait à Diablo 3 avant l'introduction des Failles Néphalem est que les cartes n'étaient pas assez aléatoires, leurs contours étaient souvent fixes, avec quelques éléments qui changent un peu à l'intérieur. Les pouvoirs des monstres ainsi que les statistiques objets étaient aussi déterminés aléatoirement dans bien des cas.
Cube Horadrim : Des tonnes de recettes et de pouvoirs étaient cachés dans cet objet, ce qui ouvrait aux joueurs d'immenses possibilités en terme d'artisanat. Les runes ainsi que les mots magiques qu'elles pouvaient composer manquent d’ailleurs toujours à l'appel dans Diablo 3.
Les saisons : Au-delà de tout le reste, ce qui a permis à Diablo 2 de perdurer si longtemps est son système de saisons avec ses événements et ses objets exclusifs. Il est incroyable qu'il ait fallu attendre plusieurs patchs après le lancement de Reaper of Souls pour que les développeurs de Diablo 3 pensent à les réintroduire. À leur décharge, dans Diablo 2 elles avaient aussi le mérite d'être plus "propres" que le mode non saisonnier, ce qui n'est pas un problème dans Diablo 3.
Cinématique de fin de Diablo II: Lord of Destruction - Les cinématiques de qualité de chaque chapitre du jeu ont contribué au prestige du jeu. Le même effort n'a clairement pas été fait pour Diablo 3.
Mais aussi accablé par de graves défauts
Tout n'est pas rose dans Diablo 2 non plus, le jeu a souffert, et souffre encore de très gros soucis d'équilibrage et de gameplay. Nous ne lui jetons pas la pierre, c'est donc un jeu de son époque, mais quoi qu'on en dise, les critères du milieu ont très fortement évolué. S'il sortait aujourd'hui il aurait une note absolument catastrophique et une réception glaciale des joueurs. Voici quelques uns des éléments qui font tâches :
Un arbre de talents catastrophique : De très nombreuses critiques ont été adressées aux compétences de Diablo 3, mais il faut savoir qu'il était impossible de changer de spécialisation dans Diablo 2. Dans la plupart des cas, les compétences disponibles au départ n'étaient absolument pas viables à haut niveau. Cela veut dire que les joueurs étaient forcés d'attendre plusieurs dizaines de niveaux (jusqu'au niveau 24 souvent), avec un personnage faiblard et presque dénué de points de compétences avant de pouvoir finalement investir tous leurs points de talents dans la compétence qu'ils utiliseront jusqu'au niveau 99. Mettre des points dans les compétences disponibles au départ était un gâchis monumental qui ne pouvait jamais être corrigé à moins de créer un nouveau personnage. Cela n'a été corrigé qu'avec le patch 1.13 sorti en 2010, soit près de 10 ans après la sortie initiale du jeu en offrant une épreuve qui permet de réviser les talents de son personnage.
Investir des points dans des talents que vous n'utiliserez plus jamais, et ne pas pouvoir corriger un clic fait par erreur, vous en rêviez.
Immunités : En augmentant les modes de difficulté de Diablo 2 on commençait à tomber sur des ennemis immunisés à un élément, puis à deux. Autant dire que c'était parfaitement capable de priver le jeu de la moindre source d'amusement à moins d'avoir un personnage spécialement prévu pour contourner le problème. Jouer une Sorcière entièrement spécialisée dans le feu relevait rapidement de la gageure. Il fallait dans certains cas se reposer complètement sur un compagnon mercenaire PNJ de l'acte 2 pour faire des dégâts dans un autre élément quand l'élément principal, voire le principal et le secondaire de votre héros étaient totalement bloqués. Heureusement que cela n'a pas été conservé dans Diablo 3.
Spam de potions : Avoir la ceinture et l'inventaire pleins à raz-bord de potions de soin, de mana et de de rajeunissement était souvent la seule méthode viable pour se sortir d'un combat compliqué. Ce n'est pas amusant non plus et peu de talent ni de réflexion ne sont demandés au joueur quand il fait des allers retours entre la salle du boss et le marchand en ville plusieurs fois. Ce n'est pas pour rien que les potions ont un temps de recharge, ou qu'elles sont en nombre limité dans les jeux plus récent. Mais modifier cela dans Diablo 2 serait pour le moins complexe à moins de revoir aussi le reste.
Des objets inutiles : Comme cela fût le cas durant longtemps sur Diablo 3, beaucoup d'objets légendaires de Diablo 2 ainsi que de nombreux ensembles sont parfaitement inutiles. Les joueurs se reposent donc généralement sur une petite poignée d'objets spéciaux et sur l'usage de runes. Citons au passage le système de talismans à conserver dans l'inventaire pour obtenir des bonus, mais qui limitaient de plus en plus l'espace disponible. Quand jouer d'une façon pénible est la méthode la plus optimisée disponible, le fun n'est pas au rendez-vous.
Des Runs ou rien : L'activité principale des joueurs souhaitant s'équiper dans Diablo 2 se limite généralement aux fameux "Mephisto Runs" et aux "Bhaal Runs" un peu plus tard. Passer des dizaines d'heures à tuer le même boss en boucle n'est clairement pas la définition que nous donnerions à "amusant" non plus.
Faire le Cow level en boucle était aussi une option.
Une économie désastreuse, des tricheurs et des bots : Diablo 2 est le cas d'école de ce qui peut se dérouler d'étrange en jeu quand il y a trop de triche et que rien ne limite l'inflation. Quand un anneau très rare, la Pierre de Jordanie devient la monnaie d'échange entre joueurs, il y a un problème. Ne parlons pas non plus des nombreux sites de revente d'objets. Tout cela était si nauséabond que cela a inspiré l'hôtel des ventes de Diablo 3, rien que pour cela on a le droit d'haïr ces défauts. Si Diablo 2 a droit à un remake, Blizzard aura encore beaucoup d'efforts à faire pour améliorer ce point, après tout, les problèmes de bots existaient encore de façon disproportionnée il y a seulement deux saisons.
Tous les éléments listés ci-dessus ne sont pas des petits défauts qui peuvent être résolus sans de profondes refontes du gameplay et de l'équilibrage du jeu. Diablo 2 Remake HD ne serait certainement pas à la hauteur de la concurrence actuelle. Et pour ces mêmes raisons il semble peu probable que Diablo (premier du nom) ait droit à un Remake HD, ou il serait encore moins satisfaisant, tant son gameplay est encore plus archaïque et déséquilibré que celui de Diablo 2.
