Depuis le début du Mid-Season Invitational, G2 Esports est au cœur de nombreuses polémiques. Manque d’entraînement, désintérêt de la compétition, performances pitoyables et accusations en pagaille de la part de la communauté sont désormais le quotidien de la formation européenne. A tel point que l’organisation a été obligée de publier un communiqué pour tenter de se justifier et de limiter les dégâts, au risque d'aggraver le cas d'une équipe venue faire de la figuration à Shanghai.
Avec 4 défaites pour ses 4 premiers matchs, G2 Esports a totalement raté son début de compétition. Pointant au classement derrière SuperMassive, la formation turque issue des International Wild Card, l'équipe européenne aura bien du mal à accrocher le top 4 lors de la phase de groupes et ainsi se qualifier pour les playoffs. S'il reste encore de nombreux matchs à disputer, la situation pouvant encore nettement évoluer, une chose est en tout cas certaine : G2 a déjà déçu de nombreux fans européens à cause de son attitude.
Clamant haut et fort qu'ils ne se sont pas entraînés, les joueurs ont été les premiers à s'attirer les foudres de la communauté. Citant un manque de repos depuis le début du Spring Split et une absence de bons partenaires de scrims, ils ont privilégié deux semaines de vacances à l'aube du MSI, se contentant de jouer en dynamic queue pour rester au contact du jeu. Si certains pros, comme sOAZ ou Amazing, sont venus sur Twitter défendre la décision du champion européen, l'immense majorité s'est insurgé contre une telle décision à la limite de l'indéfendable.
Pourtant, ce n'est pas la première fois qu'une équipe européenne décide de faire l'impasse sur l’événement de mi-saison de Riot. En 2014 déjà, Fnatic avait totalement ignoré les All-Stars à Paris, préférant profiter d'une première période de repos depuis de nombreux mois, et terminant malgré tout dans le top 4 grâce à l'immense faiblesse des Taipei Assassins de l'époque. Si la communauté avait déjà pointé du doigt un tel comportement, elle avait su néanmoins se montrer compréhensive face à l'emploi du temps infernal que la formation avait du affronter.
G2 Esports a enchaîné les défaites en ce début de MSI - League of Legends
Après le Summer Split de 2013 qu'elle avait remporté, l'équipe de sOAZ avait ensuite enchaîné avec les Worlds 2013, achevant son parcours en demi-finale. Les IEM Cologne passés, où elle s'était arrêtée en finale, l'équipe avait également du participer au Battle of the Atlantic, série de showmatchs organisés par Riot entre les équipes européennes et nord-américaines. Avant de reprendre les LCS Spring 2014, eux aussi remportés, tout en faisant un détour par les IEM World Championships, terminés à la deuxième place, pour près de dix mois non stop de compétition. Un rythme infernal, qui avait laissé des traces et créé une grande lassitude chez certains des joueurs.
Si le calendrier infligé par Riot est souvent jugé trop exigeant pour les meilleures équipes, alternant longs mois de LCS à l'entraînement usant pour beaucoup et grandes compétitions, le tout comblé par le peu d'événements internationaux restants encore en vie, les joueurs de G2 sont bien loin d'avoir du subir un tel marathon. Fraîchement arrivés en LCS en septembre dernier, ils n'ont participé à aucun tournoi international majeur avant le MSI, ne débutant la compétition qu'en janvier. Alors que les LCS reprennent le 2 juin, laissant de nombreux jours de repos possibles, quitte à sacrifier la première semaine de compétition et d'y aller sans réel entraînement, comme bon nombre d'équipes ont pu un jour le faire, la décision a donc été prise de saboter le MSI. Devant leur premier grand tournoi, l'occasion d'affronter les plus grands et de réellement se faire un nom sur la scène mondiale, les joueurs ont jugé nécessaire de négliger ce dernier pour faire une pause. Et tant pis si le tournoi revêt une quelconque importance comme l'attribution des têtes de séries pour les prochains Worlds.
L'autre argument avancé par G2 pour expliquer une telle décision est le manque de partenaires crédibles d'entraînement. Beaucoup d'équipes occidentales sont aujourd'hui en vacances, et affronter des équipes challenger n'aurait rien apporté. Alors que près de la moitié des équipes nord-américaines sont actuellement en Corée du Sud pour bootcamp et que les matchs challenger de promotion en LCK se sont terminés la semaine dernière, il est difficile de voir dans cette déclaration autre chose qu'une justification hasardeuse. Les joueurs, mais aussi le management, complice et responsable de ce comportement, n'ont jamais désiré s'entraîner, et n'ont donc pas cherché à faire les efforts nécessaires pour trouver les solutions parfois évidentes qui s'offraient à eux.
Le MVP des LCS EU est impuissant face aux équipes internationales - League of Legends
Cette affaire, qui prend des proportions plus grandes à mesure de chaque défaite des G2 et des rumeurs de tensions internes qui émergent petit à petit, révèle une nouvelle fois le fossé qui sépare l'Occident du plus haut niveau sur la scène esportive. Quand chaque année à la même époque, de nombreux joueurs viennent clamer haut et fort leur envie de remporter le titre mondial et d'enfin briser l'hégémonie coréenne, force est de constater que seulement un nombre infime d'entre eux est prêt à faire les sacrifices nécessaires pour y arriver. Que ce soit en terme d'entraînement, de discipline personnelle, d'hygiène de vie ou de questionnement sur les bases du jeu, les mêmes problèmes resurgissent à chaque fois.
Dans un milieu où la remise en question n'est toujours pas à la mode, et de nombreux recrutements se font sur la popularité, les structures occidentales semblent plus éloignées que jamais de la route du succès, les exceptions telles Fnatic se faisant rares. Les déclarations de joueurs ne trouvant rien à envier aux joueurs asiatiques sont encore légion, et au vu de l'attitude de tous les G2, elles ne sont pas prêtes de disparaître. Car plus décevant encore que le manque de respect flagrant envers toute la communauté dont a fait preuve l'équipe, il reste encore des joueurs, managers, coachs, tout aussi talentueux soient-ils, pour les défendre.
Interview de PerkZ au micro de Callystoo durant le Spring Split des LCS EU - League of Legends | |