Chapitre 3
- La nuance entre un livre et une web-série -
Si vous n'avez pas lu le chapitre précédent, il est disponible ici.
Dans un livre tout comme dans une série, le but est de raconter une histoire. Toutefois, à l'instar du théatre et du cinéma, chacun a ses codes, ses règles, et donc ses différences propices aux erreurs dites de débutant. On sait tous que l'on ne va pas écrire de la même façon une réplique tirée d'un livre ou une réplique prévue pour être entendue à la télé ou sur Internet. La différence, certes simple mais néanmoins importante, c'est que l'une est prévue pour être lue, l'autre pour être écoutée.
Fan-Art de StarCube : Galaxy, par glenn144.
Jusque-là, je ne vous apprends rien. Pourtant, malgré le fait que nous sachions tous cela, les mauvaises habitudes persistent et nous faisons tous les mêmes erreurs. La première faute est de trop souvent vouloir faire des répliques longues. Dans un livre il est courant d'avoir des monologues ou de longues tirades de révelations d'un méchant qui explique pourquoi il agit ainsi. Ce qui manquera inévitablement c'est la mise en scène. Visuellement, il est ennuyeux que deux personnages se tiennent comme des poteaux pendant un dialogue. Dans un livre, la question ne se pose pas, car l'esprit peut imaginer la scène à sa guise et ajouter tout ce qui rend crédible ce genre de scène par lui-même, en plus des nombreux coups de pouce de l'auteur qui aura ajouté tout un tas de détails et une description détaillée des lieux, sans pour autant qu'elle soit envahissante. Dans une production visuelle, il faut donner vie à ce que l'on montre à l'écran ; et le spectateur ne pourra pas le faire à votre place. Si les répliques sont longues, statiques, la scène sera ennuyeuse. Pour éviter cela, il y a plusieurs possibilités.
Tout d'abord, vous pouvez opter pour des dialogues aux répliques assez courtes, on appelle cela des stichomythies en langage théatral. Il s'agit d'un enchaînement rapide de répliques de tailles comparables et qui plus est assez courtes qui participent à donner du rythme au dialogue ; ça y est, on tient le mot : "rythme". C'est ce qui doit vous préoccuper plus qu'autre chose dans un dialogue et dans la plupart de vos scènes. Vous devez parvenir à donner du rythme et cela passe par des plans courts, variés et surtout des répliques qui chevauchent les séquences. Trop souvent, on fait cette erreur, moi le premier, de se dire qu'une réplique tient en un plan, et que, lorsqu'elle se termine, il faut couper le plan avec elle. Mais vous remarquerez vite que cette technique, bien que simple et donc facile, n'est pas la bonne. Il est très difficile de parvenir à faire en sorte que les répliques chevauchent les plans, mais cela donnera de la crédibilité, de l'attrait pour votre production. Cela rendra le dialogue plus fluide et d'autant plus intéressant.
Venons-en maintenant à la manière d'écrire. Comme je le disais, la manière d'écrire une réplique de cinéma (donc de web-série) n'est pas la même que pour un livre. Souvent, dans les livres, on aura tendance à privilégier le langage dit soutenu ou tout du moins courant. Dans des récits de fantasy, on ne pourra avoir, par exemple, que des répliques en langue soutenue. Le problème est que ce n'est pas transposable à l'oral. On le sait bien, en français plus qu'ailleurs, il y a des temps d'écrit et des temps d'oral. Mais il faut aller encore plus loin. Faites mâcher des mots à vos personnages, faites les parler en langage courant et parfois familier, tout cela participera à donner du rythme et de la crédibilité. Attention cependant, j'ai dit familier, mais n'en abusez pas. C'est à vous de bien doser. Ne mettez pas d'insultes ou de termes grossiers plus que nécessaires, et veillez à les éviter autant que possible, car des insultes à chaque réplique rendront le dialogue ridicule. Le spectateur aura l'impression de voir deux singes dans une cage en train de se disputer. Tout est une question de logique, et je n'ai nul doute que vous parviendrez à trouver le juste milieu.
Fan-Art de Etat de siège, par Jetiste97400.
Gardez juste à l'esprit que votre but est de raconter une histoire et que, pour cela, il va falloir que vos personnages en racontent si vous n'êtes pas dans un film muet. Si vos personnages ne sont pas crédibles quand ils parlent, comment votre histoire saurait l'être ? La nuance entre livre et série est donc complexe. Pour la comprendre véritablement, le mieux est l'entraînement. À chaque réalisation, vous vous perfectionnerez et corrigerez les erreurs faites précédement ; c'est le principe de l'évolution. Pour ce qui est de la mise en scène, le visuel nécessite plus d'artifices quand dans un livre une ligne suffirait. Essayez toujours de faire au plus réaliste. N'hésitez pas, même pour une production de type machinima, à jouer la scène en vrai pour vous rendre compte si oui ou non elle vous paraît satisfaisante. Lorsque vous écrirez vos dialogues, lisez-les encore et encore pour les entendre. Cela peut paraître idiot, mais vous aurez besoin d'entendre les répliques parlées pour savoir si elles sonnent bien.
Rendez-vous très prochainement pour la suite de cette réflexion sur la scénarisation et la réalisation de machinimas qui traitera la prochaine fois d'une question très importante : Par où commencer ?
À suivre.
