Chapitre 2
- Comment écrire une bonne histoire ? -
Si vous n'avez pas lu le chapitre 1, il est disponible ici.
Il n'existe pas de recette miracle. Personne ne pourra dire avec précision ce qu'est une bonne histoire tout simplement car il n'existe pas de définition. Cependant, à défaut de vous dire ce qu'est une bonne histoire, je peux vous faire une liste de ce qu'elle n'est pas.
Une bonne histoire n'est pas un duplicata. La barrière entre l'inspiration et la copie est la plus mystérieuse de toutes. Je ne pense même pas qu'il y ait véritablement une ligne de laquelle on puisse dire lorsque l'on est d'un côté ou de l'autre si l'on est dans l'inspiration ou dans la reproduction transposée. Avec les deux premiers épisodes de StarCube : Galaxy, j'ai comme qui dirait flirté avec cette ligne invisible plus que de raison. Certains diront que je ne l'ai pas passée et que je ne fais que m'inspirer, ce qui était mon but originel, d'autres diront que je l'ai outrepassée et que mon travail ne mérite rien d'autre que d'être jeté par la fenêtre et écrasé par un convoi de chameaux du cirque le plus proche. Qui pourrait dire lesquels ont raison ? Faîtes donc attention à ce que vous faîtes mais pas trop quand même. Car à vouloir toujours vérifier si ce que vous contez ne l'a pas déjà été fait avant, vous risquez de vous brider et de ne rien faire en définitive. La liberté, c'est aussi prendre des risques. Il est toutefois évident que vous vous inspirerez de ce que vous connaissez pour créer, une coque vide ne peut rien. Plus votre bibliothèque est grande, plus vous aurez lu, plus vous aurez regardé de films et séries, plus vous pourrez créer de bons univers car vous aurez voyagé dans de bons univers. On approche plus facilement de la vérité si on la cherche plutôt que d'attendre qu'elle nous tombe dans les mains. Le tout est de ne pas abuser et de ne jamais dépasser cette fameuse ligne subjective au risque de vous apporter les foudres du public qui aime parfois bien jeter des pierres. C'est une façon comme une autre pour lui de se divertir après tout.
"Le centre de tout" - StarCube : Galaxy,Creative Community©.
Une bonne histoire ce n'est pas une route droite dans le desert. Si votre univers est aussi creux que votre background est pauvre, n'attendez pas de passion de la part du public car il n'en aura pas. Vous ne pouvez pas tout montrer, mais cela veut-il dire pour autant que vous ne devez pas le prévoir ? Lorsque vous filmez quelque chose, le hors champ disparait-il ? Non évidement. Alors pourquoi en serait il autrement d'une histoire ? Ce que l'on nomme background ("arrière plan" dans la langue de Molière) est aussi important que les personnages principaux de votre histoire. Prenez le personnage le plus réaliste du monde, le mieux écrit, et placez le dans un environnement plat, vide, limpide, et vous aurez une histoire simple qui ne déchaînera sans doute pas les passions. Je vous conseille quand vous en aurez le courage de rédiger une enclycopédie, une base de données contenant la totalité de votre univers. Une liste entre autres de votre Bestiaire avec une courte description pour chacun des monstres, une présentation des factions en présence, etc. Pas besoin de faire un livre, mais une encyclopedie vous permettra d'avoir une base solide. Il est impossible de construire une tour sans fondations stables, on peut transposer cela à la création d'un univers. Imaginez, vous décidez dans le premier épisode que tel monstre ne pourra boire que du sang pour survivre et dans l'épisode 4 vous le faîtes s'arrêter au bord d'une rivière d'eau fraîche et cristalline pour se désaltérer. Ca ne marche pas, c'est même plutôt ridicule, et vos spectateurs ou lecteurs se rendront vite compte que vous ne savez pas où vous allez.
Fan-Art de Craft For Life, par Draksider, Nyzoka Production©.
Une bonne histoire doit nécessairement être planifiée et munie d'un fil rouge, il ne s'agit pas de partir tête baissée et d'écrire au jour le jour, au fur et à mesure. Comme dit plus haut, si vous changez d'avis toutes les vingt minutes cela ne fera que vous décrédibiliser face à votre public et vous n'y gagnerez rien, bien au contraire. Une histoire n'est cependant pas statique. Prenez bien en compte qu'un récit est vivant. Il évolue, il grandit tout comme un être de chair. Le background doit être figé mais le reste peut, doit évoluer ! Ce qu'il faut chercher à cultiver, c'est la surprise. Non pas que vous devez toutes les trois secondes mettre des jump scare, mais vous devez parvenir à garder du mystère. Si votre spectateur sait tout après trois minutes de vidéo, pourquoi regarderait-il la suite ? Un récit doit être surprenant. Pour cela on peut passer par des contrepieds. C'est à dire laisser supposer quelque chose pour en annoncer une autre. Il existe tout un tas de techniques pour rendre une histoire captivante mais, ce qui est certain, c'est que si d'origine votre histoire est barbante, même avec toute la technique du monde, elle le restera. Le produit fini dépend des matériaux de base utilisés pour sa conception.
Essayez également autant que faire se peut de ne pas utiliser de clichés, qui sont des moyens simples et pas vraiment recherchés de justifier telle ou telle chose. L'originalité est primordiale dans une bonne histoire, car c'est ce qui lui permettra de se démarquer de la floppée qui existe déjà et existera.
Vous l'aurez compris, il est complexe d'écrire une histoire, mais plus encore une bonne histoire. Pour cela, je ne saurais que vous donner un conseil : soyez votre premier lecteur. Pour écrire une histoire, il faut être passionné par celle-ci, chercher constamment à la perfectionner, se remettre en question tant que cela ne vous empêche pas d'avancer. Un bon réalisateur est avant tout un grand rêveur. Un bon réalisateur doublé d'un bon scénariste est un rêveur qui parvient à faire entrer les autres dans son rêve.
Rendez-vous très prochainement pour la suite de cette réflexion sur la scénarisation et la réalisation de machinimas qui traitera la prochaine fois de La nuance entre un livre et une web-série.
À suivre.
