On peut dire qu'Enotria The Last Song a choisi le mauvais moment pour sortir, quelques semaines après le DLC d'Elden Ring et Black Myth Wukong, sans être significativement moins cher. Il a quelques idées originales pour se démarquer, mais comme nous allons le voir, cela ne sera probablement pas suffisant pour convaincre la majorité des joueurs.
- Genre : Action-RPG
- Date de sortie : 16 septembre 2024
- Plateformes : PC, PS5
- Développeur : Jyamma Games
- Éditeur : Jyamma Games
- Prix : 44,99€
- Testé sur : PC
Maschera
La musique est la force créatrice absolue dans l'univers d'Enotria. En apprenant à maîtriser les arts, les humains ont réussi à créer des dieux et même à modifier l'essence de la réalité. C'est ainsi que naquit un monde statique, similaire à une gigantesque pièce de théâtre, dans laquelle chacun a un rôle fixe à jouer. Heureusement, une marionnette sans masque, et donc sans rôle émerge afin de détruire ce monde stagnant.
Enotria ne cache pas ses inspirations, et de son gameplay à son histoire, on retrouve une influence absolument massive des titres de FromSoftware. Il se démarque néanmoins sur un point notable. Plutôt que de nous plonger une fois de plus dans la grisaille et la dépression d'un monde mourant, il nous propose d'explorer les cités italiennes colorées et baignées par le soleil. Le folklore italien et le Commedia dell’Arte, le spectacle de marionnettes. C'est aussi la source d'inspiration principale de l'histoire et des personnages, avec des noms qui devraient raisonner un peu auprès du public, comme Arlequin et Polichinelle.
3 en 1
On retrouve tous les mécanismes propres aux Souls-like, comme le feu de camp, la barre d'endurance, la récolte d'âmes afin de gagner des niveaux, les armes à améliorer et plus encore. Ce n'est pas terriblement original et le jeu souffre de la rigidité propre aux vieux titres du genre. À la fois dans les animations, mais aussi dans le gameplay. L'équilibrage des combats laisse d'ailleurs fortement à désirer, avec de nombreux ennemis "sacs à points de vie" qui enchaînent les attaques, sans offrir le temps de contre-attaquer si vous utilisez une arme lourde. Ils peuvent aussi très facilement vous stun lock avec leurs animations. Pour ce qu'on a pu en voir, les armes rapides et les parades (similaires à celles de Lies of P) règnent en maitres absolus, alors que l'essence même du jeu aurait dû être la promotion de styles de jeu distincts.
En effet, conformément à son pitch de départ, Enotria vous propose d'arborer différents masques. Ils sont trouvés sur les ennemis de base ainsi que certains boss. Ils confèrent un bonus passif pouvant significativement altérer votre gameplay. En complément, vous pouvez équiper une sorte de médaille conférant un bonus de caractéristiques dans un domaine précis. Certains proposent des bonus massifs, mais des pénalités dans d'autres caractéristiques. Ce système est complété par l'arbre de talent des innovateurs, dans lequel vous pouvez débloquer des passifs divisés entre quatre branches. Vous pouvez ensuite en équiper jusqu'à six au choix.
Tout cela trouve tout son sens dans le système de configurations. Vous pouvez paramétrer trois configurations différentes, chacune avec un masque, des sorts, des armes et des passifs distincts. Une simple pression du bas de la croix directionnelle permet de passer de l'un à l'autre. En théorie, c'est une excellente idée, puisque cela permet d'adopter le build le plus adapté à la situation ou au boss rencontré. En pratique, nous n'en avons jamais fait usage, après les premières heures de jeu. Les limitations du système de combat sont trop importantes, et même les spécialisations de "Mage" censées se concentrer sur les sorts sont complètement décevantes. Une des principales raisons est qu'on ne dispose même pas d'une attaque à distance sur demande, alors qu'Enotria adore planquer des arbalétriers sur tous les toits.
Blood and Wine
Les quatre sorts équipés avec chaque configuration doivent être chargés en attaquant les ennemis, et ils sont automatiquement déchargés en engageant un boss. L'animation des sorts est lente et subir le moindre point de dégâts va les interrompre, tout en les déchargeants complétement. De plus, le système d'interactions entre les différents éléments, chacun lié à un type d'affliction, est si peu intuitif que la charte de leurs relations est affichée à l'écran en permanence.
C'est d'autant plus dommage qu'il est bien plus simple de se concentrer sur les dégâts physiques, ainsi que sur la posture des ennemis (façon Sekiro par exemple), ce qui permet de leur infliger un coup de grâce. C'est triste, mais à moins de chercher à se pénaliser en adoptant un autre style de combat, tous les affrontements se résument à donner quelques coups rapides entre les parades parfaites, avant d'achever la cible. Cela a tendance à rendre les boss assez simples, surtout avec les talents pour améliorer la parade.
Même si graphiquement, Enotria est très loin de concurrencer Wukong ou même Elden Ring, la direction artistique de la première zone compense. On retrouve le même genre de donjon interconnecté, avec des toits, des balcons et des minipuzzles à base de marques à activer. Elles font alors apparaître de nouvelles sections du terrain, comme un pont ou une plateforme, à utiliser en temps limité. D'autres épreuves sont centrées sur le combat, avec des ennemis à vaincre avant de pouvoir sortir de la zone. C'est satisfaisant à explorer, avec une touche effectivement très italienne à tous les niveaux, comme l'omniprésence du vin. L'alcool est d'ailleurs une des afflictions de base. C'est dommage, mais les zones suivantes sont bien moins réussies, avec des visuels moins inspirés, et des sections de plateformes parfois un peu pénibles.
The last straw
Les problèmes avec Enotria ne s'arrêtent pas là. Contrairement aux 40 heures de durée de vie mentionnées par les développeurs, vous devriez terminer le jeu une première fois en moins de 15 heures, même en fouillant bien. En étant généreux, on peut considérer qu'il y en a pour 40 heures en réalisant le jeu plusieurs fois, afin de découvrir les différentes fins. La présence d'un mode New Game Plus rend l'exercice relativement agréable, même si les ennemis deviennent encore plus des sacs à points de vie qu'ils ne l'étaient déjà.
Mentionnons aussi la présence de problèmes notables, comme l'impossibilité de réaffecter les touches si vous jouez au clavier et à la souris. Même si à l'heure où nous écrivons ces lignes, les développeurs ont mentionné en faire leur priorité. Mais cela ne s'arrête pas là, les pertes de FPS, les crashes et les bugs sont fréquents. Le pire d'entre eux est probablement l'IA de certains ennemis, voire des boss. Ils vont alors se laisser attaquer sans réagir, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Devoir se suicider sur un boss afin d'avoir droit à un véritable combat est effectivement inédit dans le genre.
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