Développé par Luminous Productions sur le Luminous Engine, Forspoken a été imaginé par Hajime Tabata et ses équipes, déjà au chevet de Final Fantasy XV lorsqu'il a fallu lui porter secours. Cette fois il semblerait que Mr Tabata ait eu carte blanche pour composer une aventure en monde ouvert dans un univers original et avec une héroïne campée par une actrice connue. Est-ce que l'attente en valait vraiment la peine ? Réponse tout de suite dans notre test complet.
- Genre : Action-RPG
- Date de sortie :
- Plateforme : PS5
- Développeur : Luminous Productions
- Éditeur : Square Enix
- Prix : 79,99€
- Testé sur : PS5
Krav maga
Voilà quelques jours que le jeu de Luminous Productions est sorti et nous avons vu pas mal de propos injustes circuler au sujet de ses personnages. Sur les réseaux sociaux, quelques cutscenes sont sorties de leur contexte et leurs dialogues prouveraient les faiblesses d'écriture du jeu. Certes le jeu de Square Enix a d'énormes soucis sur le plan narratif, mais il serait malvenu de lui retirer la relation entre les deux personnages principaux, Frey et Krav, qui est peut-être la seule chose que le scénario fait correctement. Téléportée de New York au monde imaginaire d'Athia, la jeune Frey se voit confier les pouvoirs magiques de Krav, un bracelet parlant. Par la force des choses, la jeune femme va finir par aider les Athiens en partant affronter les affreuses tantas et, au passage, en découvrir plus sur son passé. Un scénario de type isekai tout ce qu'il y a de plus classique et qui se laisse suivre comme une série B Netflix correcte, mais qui pêche par sa galerie de personnages secondaires et surtout par son univers sous-exploité. Athia se raconte bien plus généreusement au travers de pages de codex insipides que par ses environnements ou ses quêtes annexes. Difficile alors de s'attacher au destin de ce monde trop vide et fragile pour être crédible... Dommage parce que le potentiel était là.
Le supplice de Tanta
Le gameplay de Forspoken s'articule autour de 4 palettes de sorts distinctes que vous débloquerez au fur et à mesure de votre progression dans l'histoire. Chaque palette se divise en 3 types des sorts : les sorts d'attaque que vous allez pouvoir utiliser autant que vous le souhaitez, les sorts de soutien soumis à un cooldown et enfin un sort ultime qui se charge au fil de vos assauts. Chacun des 4 éléments disponibles propose sa propre technique de traversée du monde ouvert, entre le surf qui permet de flotter sur l'eau, ou le fouet de feu capable de propulser Frey à de nouvelles hauteurs. Voilà qui rend les immenses espaces d'Athia très agréables à parcourir puisque tout s'enchaine rapidement et la maniabilité est assez agréable après un léger temps d'adaptation. Même constat du côté des combats, avec des sorts à manipuler, dont certains très satisfaisants sur le plan visuel. Malheureusement il y a beaucoup trop d'approximations dans les affrontements, entre le ciblage qui fait ce qu'il veut et le bestiaire, qui doit à peine compter 15 à 20 ennemis différents (parmi eux des crocodiles, des chèvres et des cerfs). Et puis l'open world de Luminous Productions et la façon dont il est rempli ne donnent jamais envie de creuser notre perfectionnement du gameplay. Les activités secondaires tourneront toujours autour des 5/6 mêmes objectifs, à compléter absolument si vous souhaitez améliorer vos statistiques ou votre équipement. Car la montée en niveau n'augmente pas directement la puissance de Frey : à la place, chaque level up dispense une bonne quantité de points de mana, ressource nécessaire au déblocage de nouveaux sorts. Sorts qui pourront ensuite être renforcés par le biais de petits défis à sélectionner soi-même, ce qui est plutôt une bonne idée et une façon originale de proposer ce genre de contenu.
En dehors de cette petite facétie, on est sur du très classique côté progression, avec un aspect craft pour les augmentations en statistiques d'équipement (cape et collier) et des vernis à ongles pour les deux mains qui viendront encore renforcer ses pouvoirs. Mais une fois que vous aurez constaté à quel point Forspoken ressert la même chose encore et encore, lieu visité après lieu visité, vous finirez certainement par complètement délaisser cette partie du jeu. Dénués d'intérêt, les vastes espaces d'Athia proposent des labyrinthes qui consistent en 3 arènes reliées par deux couloirs du début à la fin du jeu. De même pour les ruines ou l'architecture de chaque région : elle ne bougera pas d'un iota hormis la couleur de l'herbe et du ciel. Enfin, les derniers chapitres du jeu alignent les mécaniques et passages originaux médiocres, à tel point qu'ils finissent par occulter les bons points du système de combat.
Il est pas Frey ton poisson
Testé sur PS5, Forspoken ne nous a flatté les rétines qu'en de très rares occasions. Il y parvient tout de même, parfois, avec un panorama ou une gestion de la lumière particulièrement réussie. Mais ces quelques instants de grâce sont vite rattrapés par la pauvreté de l'ensemble : le Luminous Engine a l'air d'avoir toutes les peines du monde à nous servir des environnements détaillés à un framerate correct. En passant en mode performance et sur un écran 120hz, le jeu a quand même tenu ses 60 images par seconde pendant la petite quinzaine d'heures que dure l'aventure. Mais tout du long le jeu s'est montré particulièrement fragile sur le plan technique, avec des textures et des modèles bien loin des standards actuels sur les AAA vendus à ce prix. On en place une tout de même pour la bande-son du jeu, trop discrète mais qui contient quelques thèmes épiques qui collent parfaitement à son univers. Aussi, difficile de vous recommander la version française rapidement agaçante avec un surjeu permanent, problème inexistant en VO grâce à la bonne performance de Ella Balinska. A noter d'ailleurs qu'il est possible de réduire les dialogues entre Frey et Krav directement dans les options.