Xenoblade Chronicles 3 est sorti il y a quelques semaines en exclusivité sur Nintendo Switch, faisant le bonheur de centaines de milliers d'amateurs de RPG japonais. Mais pour ceux qui ne possèdent pas la machine hybride du constructeur, il n'y a pas grand chose à faire et les projets ambitieux ne se bousculent pas au portillon. Les joueurs pourront tout de même compter sur Soul hackers 2, la suite d'un soft qui va célébrer son quart de siècle cette année.
- Genre : J-RPG
- Date de sortie : 25 août 2022
- Plateforme : PS4, PS5, Xbox, PC
- Développeur : Atlus
- Éditeur : Atlus
- Prix : 59,99€
- Testé sur : PS5
Génération digitale
La licence Shin Megami Tensei jouit d'une popularité inédite depuis maintenant quelques annnées, grâce à la série spin of Persona. Ainsi, de nombreux joueurs découvrent progressivement les nombreux petits engendrés par la lignée principale des MegaTen. Après un cinquième opus canonique disponible uniquement sur Nintendo Switch et proposant des ambitions inédites et de nouveaux terrains à conquérir pour cette saga trentenaire du RPG japonais, Atlus ressort un nouveau dérivé de son chapeau avec une suite à Soul Hackers, dungeon crawler sorti à l'origine sur PS1 : bien hardcore comme il faut, le soft demandait aux joueurs de cartographier eux-même d'immenses donjons, avec un univers original réutilisant tout de même le bestiaire de divinités habituel, pour de la capture de monstres assimilable à un Pokémon pour adultes.
Quinze ans plus tard, Soul Hackers 2 reprend ce monde cybernétique où tout n'est que donnée informatique et dans lequel les chasseurs de démons sont rois. Mais la fin approche et l'entité informatique omnisciente, véritable Dieu binaire, envoie deux émissaires pour régler les gros ennuis qui vont bientôt accabler l'humanité. La mission de Ringo et Figue va cependant vite tourner en eau de boudin et Ringo se verra contrainte d'opérer des transferts d'âme, capables de ressusciter un être vivant en le prenant sous son contrôle. Voilà pour ce scénario aux premières heures intrigantes, mais qui finit malheureusement par tomber dans une routine usante : le jeu aimerait "se la jouer Persona" mais n'y arrive jamais vraiment, la faute à une écriture bien plate et à des personnages charismatiques (grâce à leur chara-design) mais au background inintéressant.
Opération hacker ouvert
C'est du MegaTen, donc personne ne tombera de sa chaise en apprenant que nous sommes sur du combat tour par tour, toujours avec une emphase mise sur l'exploration de gros donjons bien labyrinthiques. Cette suite apporte quelques subtilités supplémentaires aux combats classiques, avec une nouvelle idée qui vient carrément remplacer le press-turn pour récompenser l'exploitation des faiblesses élémentaires d'un adversaire. En frappant là où ça fait mal, le démon lanceur va rester en arrière-plan pendant le tour allié : plus vous réussissez à aligner de démons en un tour, plus l'assaut de Ringo sera puissant à la fin de ce dernier. En somme, au lieu de gagner des tours bonus, jouer avec les bons éléments va vous faire gagner du DPS. Un principe intéressant, mais sacrément redondant et qui ne convient pas sur le moyen-terme, d'autant que les possibilités d'invocation de votre bestiaire sont limitées, avec un démon présent à la fois pour chaque personnage et lors de chaque affrontement. les combats de Soul Hackers 2 font ce qu'ils peuvent pour tenter de trouver leur propre voie et il y arrive, seulement cette recette n'est simplement pas convaincante.
Même constat pour les donjons : on dit au revoir à la vue à la première pour de la troisième personne plus actuelle mais positionnée de manière étrange, ce qui rend les nettoyages d'étages laborieux, pour une lisibilité en berne dans les phases d'exploration. Exit les captures de démons pendant les phases de baston, si vous voulez élargir votre compendium, il faudra désormais profiter d'une nouvelle mécanique liée à l'exploration des donjons. En entrant dans un dédale, Ringo envoie votre famille de démons visiter l'étage, dans lequel ils prendront position, ne vous reste plus alors qu'à aller taper un brin de causette avec eux lorsque vous les croisez afin d'obtenir de nouveaux objets ou, justement, de nouveaux démons grâce aux phases de négociation classiques. Encore une fois c'est une idée originale, mais vite lassante et les anciennes manières de capturer du démon vont vite vous manquer. Enfin, Soul Hackers 2 propose toute une flopée de boutiques à visiter pour améliorer l'équipement de vos chasseurs de démon grâce à des accessoires et des runes, le principe sera ensuite d’enchaîner sorties en donjon et phases en ville, pour une boucle de gameplay toujours très proche du dungeon crawler. Il faudra quand même améliorer les relations avec les membres de l'équipe pour passer des portes spécifiques dans les donjons d'âme, mais là encore c'est sous-exploité et franchement sans intérêt.
Cybernation
C'est assez frustrant puisque comme nous l'avons mentionné, SH2 avance des idées de gameplay intéressantes et il parvient à accrocher le joueur lors de ses premières heures grâce à son univers qui a au moins le mérite de sortir des sentiers battus. Sans être une claque graphique, le jeu a au moins le mérite de tenir la route sur le plan visuel (testé sur PlayStation 5), avec des personnages modélisés avec soin, même si certains designs sont plus réussis que d'autres. Quant aux environnements, ils sont peu inspirés et sans personnalité, la dimension de l'exploration des âmes des différents protagonistes du scénario devrait vite vous fatiguer. On sent bien que c'est un projet tout à fait annexe pour le studio Atlus, le manque de moyens transpire par tous ses pores : level design hasardeux, gameplay redondant et des envies de singer Persona en créant une ambiance "stylée" sans jamais y arriver. Un jeu très moyen que l'on recommandera aux mordus inconditionnels des productions du studio japonais, quant aux autres, vous pouvez l'éviter sans vous retourner, ou attendre qu'il soit disponible sur un service d'abonnement ou dans un bac à soldes.