On peut toujours compter sur Devolver pour éditer des jeux au concept aussi inhabituel que tordu. Cult of the Lamb prend le concept biblique de l'agneau sacrificiel, et renverse le rapport de force. Il va lui falloir gérer sa petite communauté d'animaux mignons, quitte à devoir les sacrifier, afin de gagner la force d'affronter les dieux anciens et leurs serviteurs, le tout pour la gloire de Satan (ou de son équivalent).
- Genre : Roguelike, gestion, combat
- Date de sortie : 11 août 2022
- Plateformes : PC, Switch, Xbox One, Xbox Series, PS4, PS5
- Développeur : Massive Monster
- Éditeur : Devolver Digital
- Prix : 22,99€
- Testé sur : PC
Agneau 1666
Les choses ne commencent pas fort pour notre agneau, il est sacrifié aux dieux anciens, avides d’empêcher une prophétie défavorable. Mais dans l’au-delà, il rencontre un dieu, ou le diable enchaîné, qui lui donne le pouvoir de se rebeller, et l'ordre de mettre sur pieds un culte à sa gloire afin de le renforcer. On passe alors rapidement les cultistes locaux au fil de l'épée. Le gameplay des combats est assez basique, voire même un peu simpliste, puisqu'il suit la formule populaire qui a fait ses preuves : des enchaînements de coups, une roulade particulièrement efficace pour esquiver les attaques, et un sort à utiliser. D'autres armes et sorts vont être débloqués plus tard, ce qui va modifier un peu l'approche des combats, mais comme on ne peut en avoir qu'un seul en réserve, cela ne va jamais les complexifier.
Si vous avez joué à n'importe quel jeu similaire par le passé, comme Hades et d'autres, la prise en main est instantanée. Il y a néanmoins un petit côté frustrant avec les hitboxes et la visibilité. Comme tous les personnages sont en 2D, il est parfois difficile de jauger la zone d'effet des coups. Les déplacements de l'agneau sont aussi un peu étranges par moments. Mais comme la difficulté n'est pas excessive, loin s'en faut, ce n'est pas problématique. Les donjons sont juste composés d'un enchaînement de salles pleines d'ennemis, avec différents parcours possibles, et des rencontres variées, comme des marchands ou de nouveaux alliés. Les boss demandent de jouer a peu près correctement, afin de gérer leur déluge de projectiles en tout genre, mais la mort n'est pas très pénalisante, puisqu'on retourne simplement au village en perdant une partie des matériaux ramassés dans le donjon. Et surtout, le culte finit par offrir différents pouvoirs et bonus qui rendent le reste du jeu assez trivial, comme nous allons le voir.
La communauté de l'agneau
Le véritable cœur de Cult of the Lamb est la création de votre joyeuse petite secte. En sauvant les petits animaux de la forêt des griffes des autres cultistes, vous pourrez les enrôler de force afin de les faire travailler et prier dans votre village, planqué dans les bois. On retrouve ici aussi les éléments classiques des jeux de gestion et de survie, sous une forme assez légère. Il faut assurer un abri, de la nourriture, et un certain niveau de propreté à vos dévots, sous peine de les voir tomber malade, ou pire. Cela demande pas mal de travail au départ, mais la foi des adeptes et les ressources récoltés dans la zone ainsi que dans les donjons permettent de développer des infrastructures pour vous faciliter la tâche. Après quelques heures, vous n'aurez plus à passer la nuit à ramasser toutes les crottes de vos adeptes dans les fourrés autour du camp, ils pourront aller aux toilettes eux-mêmes. Mais il faut aussi assurer la bonne santé spirituelle des membres de votre secte, en réalisant des sermons, en les encourageant individuellement, ainsi qu'en organisant des rituels. C'est gentillet au départ, comme danser autour du feu la nuit en portant des capuches, mais cela va rapidement prendre une tournure plus sombre. Cela fait grandement penser au dessin animé à Happy Tree Friends, avec l'aspect mignon en apparence, qui dégénère soudainement en une boucherie sanglante.
Le développement de la doctrine du culte est certainement l'aspect le plus intéressant du jeu, et celui qui lui donne un soupçon de rejouabilité. Vous avez un total de 20 doctrines à choisir dans 5 domaines, comme le travail, l'alimentation, le maintient de l'ordre, et de la vie après la mort. Vous avez à chaque fois à choisir entre 2 options mutuellement exclusives, qui vont façonner radicalement la forme prise par votre secte. Par exemple, vous pouvez choisir de pousser les habitants à se contenter à manger de l'herbe sans malus, ou alors à accepter moralement le cannibalisme. C'est important, puisque l'herbe est abondante, mais vous allez aussi forcément avoir des morts. Il serait dommage de gâcher cette viande, quand les provisions sont limitées. Un autre exemple amusant est la façon dont les animaux âgés sont traités. Vos habitants vieillissent assez rapidement, et une fois passé un certain âge, ils prennent leur retraite. Ils ne travaillent plus, ne prient plus, mais ils consomment toujours des ressources. Vous pouvez choisir d'en faire des piliers de la foi afin de les rentabiliser, ou alors de faire de leur sacrifice sur l'autel un événement joyeux qui va grandement augmenter la fidélité et le niveau de toutes vos brebis. C'est une manière efficace de régler le problème des retraites.
La faim est proche
On peut donc avoir une communauté d'herbivores paisibles, qui respectent la vie et la liberté, ou alors un culte sauvage qui se délecte du sang de ses membres inutiles, sacrifiés régulièrement à des tentacules cauchemardesques. Bien entendu, choisir quelque chose entre les deux est aussi une possibilité. D'autres rituels sympathiques qui feraient fantasmer n'importe quel PDG sont aussi au rendez-vous, comme instaurer un jeûne de 3 jours, et forcer tout le monde à travailler 24h sur 24h durant plusieurs jours sans ressentir la fatigue. Il est aussi possible de pratiquer la polygamie et d'épouser tous vos adeptes si l'envie vous en prend, afin d'ajouter une pointe de jalousie à vos relations. Et parfois, ce sont vos adeptes qui vous soumettront leurs requêtes, comme les épouser, aller sauver un ami dans un donjon, ou sacrifier quelqu'un. Toute cette foi va débloquer de nouvelles armes et pouvoirs plus puissants. Vous pouvez aussi transformer certains de vos fidèles en démons afin de vous assister dans les donjons, puisqu'il faudra y retourner régulièrement pour faire le plein de ressources. Les rituels en particulier ont besoin d'os d'hérétiques, qui ne se trouvent qu'en pourfendant les infidèles.
Retourner dans les donjons est mentalement assez difficile sans avoir pris les précautions qui s'imposent, puisque votre petite communauté a tendance à rapidement dégénérer en votre absence. Ces imbéciles sont incapables de cuisiner par eux-mêmes, de penser à se soigner, de vider les toilettes ou d'enterrer les cadavres. En revenant d'une longue aventure, on a tendance à se retrouver devant une scène apocalyptique, avec des vieux morts en décomposition dans les rues, de la merde et du vomi partout, et même des rebelles qui sèment la zizanie dans certains cas. Les dieux adverses aiment d'ailleurs vous faire la causette dans les donjons, et provoquer des catastrophes dans votre camp en représailles, afin de vous encourager à abandonner votre aventure. C'est plutôt bien trouvé, même si leur impact est au final très limité. De plus, on se heurte rapidement aux limites du développement du camp, le nombre de doctrines et d'améliorations à débloquer est en effet terriblement réduit, et on débloque tout en quelques heures. On peut prolonger l'expérience en s'amusant à développer et à décorer son camp, comme on le fait avec son île dans Animal Crossing, tout en étant bien loin de sa richesse, ou alors foncer dans les derniers donjons pour finir l'histoire rapidement. Dans tous les cas, on en voit rapidement le bout, puisque l'aventure est terminée en 10 à 20 heures environ, même en prenant le soin de développer le camp au maximum, et en effectuant toutes les activités annexes, comme la pêche, les osselets et les quêtes.
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