Lo Wang est de retour dans un troisième opus du reboot de la licence Shadow Warrior, et les démons n’ont qu’à bien se tenir, ou pas. Née en 1997 sous l’égide de feu 3D Realms (Duke Nukem 3D), la licence a en effet été ressuscitée par Flying Wild Hog (Evil West) et Devolver Digital sur PC en 2013 (2014 sur PS3 et Xbox 360) avec une première suite en 2016 (2017 sur PS4 et Xbox One). Nous retrouvons donc une nouvelle fois notre guerrier ninja moderne irrespectueux et à la langue bien pendue, armé de son inséparable katana, dans une nouvelle épopée sanguinolente face à des hordes de yokais.
- Genre : FPS action
- Date de sortie : 1er mars 2022
- Plateforme : PC, PS4, Xbox One
- Développeur : Flying Fish Works
- Éditeur : Devolver Digital
- Prix : 44,99€ sur Steam et 49,99€ sur consoles
- Testé sur : PC
Bavard, vantard et poissard
Terré dans la Wang Cave, au cœur des montagnes, Lo Wang, l’ancien assassin d’Orochi Zilla, en marcel et slip kangourou dégueu, se lamente sur son sort. En cherchant à sauver l’univers du dragon géant maléfique et destructeur vieux de 1000 ans qu'il a accidentellement aidé à être libéré du Royaume des Ombres, il a échoué et a ainsi provoqué l’apogée de l’Apocalypse. Le titre fait donc suite au précédent épisode et nous ramène alors 3 mois en arrière pour comprendre ce qu’il s’est passé, alors que Wang se tient droit sur la queue du gros lézard ancestral et se lance à l’assaut de sa tête.
Les situations comme les dialogues sont délicieusement absurdes et Wang est toujours aussi fantasque et vantard, prenant sans cesse des décisions stupides aggravant les choses, et ne se prenant jamais au sérieux. L’humour est bien de la partie mais le scénario est ici réduit à peau de chagrin. On retrouve toutefois Zilla dans sa quête de vengeance contre le dragon ayant causé sa perte et qui, suivant les circonstances, sera, comme d’habitude, soit un allié, soit un ennemi pour Wang. De même, Hoji, le démon déchu, est de retour, mais c’est à peu près tout. Son masque, récupéré par Wang, est imprégné de son essence et il peut donc reprendre ses joutes verbales avec le ninja.
Comme un arrière-goût de Doom
Pour dégommer les méchants yokais (démons) par pelletées de douze, vous complèterez progressivement votre arsenal jusqu’à disposer de 7 armes toutes plus sympathiques les unes que les autres, chacune upgradable 3 fois : votre katana bien sûr, mais aussi un pistolet, un fusil anti-émeute à 4 canons, un doublé de pistolets-mitrailleurs, un lance-grenade, le basilic et son tir puissant à longue portée, et un lanceur de shurikens rebondissants qui infligent des dégâts sur la durée. Une roue des armes permet de sélectionner celle désirée. Lo Wang dispose également de compétences améliorables 3 fois : explosion de chi (le pouvoir de la force permettant de stopper les ennemis ou de les pousser dans le vide), santé, ressources et explosifs. Vous pouvez ainsi faire en sorte par exemple que les ennemis lâchent des munitions ou de la santé lorsque vous les frappez, ou encore que les effets environnementaux des barils que vous explosez durent plus longtemps.
Le jeu alterne phases de déplacement en couloir à base de plateformes (saut, double-saut, strafe aérien, glissade au sol ou sur les murs, escalade, grappin pour jouer à tarzan) assez faciles, mais agréables et qui permettent de souffler un peu, et combats en arènes fermées face à des hordes de démons arrivant par vagues successives, le tout agrémenté ici ou là de quelques cinématiques humoristiques bien sympathiques. Vous pouvez, pour ne pas dire devez, aussi utiliser vos aptitudes au parkour lors des combats pour rester sans cesse mobile. Le grappin peut même vous servir à vous tracter sur une cible. Pour ce qui est des armes à distance, inutile de penser à recharger, cela se fait automatiquement une fois à court de munitions, mais vous pouvez également le faire manuellement à un moment qui vous semble plus opportun. Les combats sont pêchus au possible, bien que parfois un peu brouillons, et peuvent clairement s’avérer jouissifs sur ce plan là. Vous devez en permanence penser à récupérer de la santé et des munitions (des recharges sont disponibles sur le terrain et repopent régulièrement), mettre à profit les dangers environnementaux (barils explosifs, électriques, ou à gel), ainsi que toutes vos compétences et différentes armes pour tirer parti des faiblesses de vos adversaires que vous devrez commencer par identifier.
Shadow Warrior 3 est un titre bourrin et sanglant à l’ancienne qui ne peut pas renier son inspiration clairement puisée chez Doom (sans toutefois être comparable à l’excellence d’un Doom Eternal) : des combats débridés en arènes fermées, de très nombreux démons arrivant par vagues successives, une action intense non stop, la nécessité de bien connaître le terrain pour l’exploiter au mieux, du sang qui gicle à tout va et des ultis à l’animation bien gore. Les adversaires lâchent en effet des orbes jaunes qui remplissent une jauge qui, une fois pleine, permet de décapiter, démembrer, découper chaque adversaire pour récupérer sur eux une arme provisoire dévastatrice. Il peut par exemple s’agir d’un cerveau gelé à lancer sur les ennemis pour les immobiliser et les faire exploser en mille morceaux, d’un arrachage de tête que l’on écrase ensuite entre nos mains pour bénéficier de 100 PV supplémentaires, ou encore de la puissante lame des Hatoris que l’on peut leur arracher des mains pour la retourner contre eux et les autres adversaires. Voilà un aspect fort agréable qui en fait un bon défouloir bien rigolo.
Sérieux s’abstenir
Mais attention, si le jeu peut sembler facile au départ, ne vous y trompez pas, il monte clairement en puissance par la suite. Vous devrez faire face à des ennemis de plus en plus coriaces, et probablement vous y reprendre à plusieurs fois avant de parvenir à franchir certaines étapes. Surtout que, bien souvent, quand vous croyez que c’est terminé, il n’en est rien et une nouvelle salve offensive vous saute à la gorge. Or, si vous mourrez, vous devez reprendre l’arène au tout début. Ainsi, si le jeu n’est pas vraiment conséquent en termes de contenu, le temps que vous y consacrerez dépendra de votre efficacité. Rien d’insurmontable toutefois, il faut surtout de la persévérance. Afin de faciliter votre progression, rien de mieux que d’améliorer votre personnage et vos armes. Pour cela, vous trouverez des orbes sur votre route mais vous pouvez aussi en récupérer en remplissant des défis consistant à réaliser certaines actions un certain nombre de fois. Et si cela se fera tout seul pour la plupart d’entre eux, vous devrez vous appliquer à compléter les autres.
Notons que le titre propose 3 niveaux de difficulté. Par contre, si Shadow Warrior 2 avait misé sur la génération procédurale et la coopération à 4 joueurs, il n’en est rien ici. Graphiquement, même si les cinématiques tirent un peu mieux leur épingle du jeu, avec une mention spéciale aux images splittées, le titre s’avère assez moyen. Il offre malgré tout de beaux panoramas dans une ambiance japonaise des plus plaisantes. Pensez tout de même à augmenter le gamma si vous avez du mal avec les décors parfois un peu trop sombres. On reprochera également à la caméra subjective de nous donner souvent l’impression d’être accroupi, mais il n’en est rien, et attention, car cette position existe et vous empêche de vous déplacer rapidement. De même, on est parfois un peu trop près de l’action pour une bonne lisibilité, dommage.
Nous avons aussi été confronté à quelques bugs, comme des démons coincés dans le décor ou des tirs pouvant traverser les obstacles derrière lesquels nous nous étions mis à couvert, ainsi qu’un crash à répétition nous ayant obligé à rebooter l’ordinateur. Mais cela reste anecdotique, entendons-nous bien. Enfin, si le titre est entièrement traduit et sous-titré en français, ce n’est pas le cas des voix qui restent en anglais. Or, Wang et Hoji parlent sans cesse et il est malheureusement bien difficile de lire les sous-titres en pleine action. La musique qui accompagne notre péripétie, quant à elle, est généralement dans le ton des évènements qui surviennent mais se permet aussi un joli petit trait d’humour en étant parfois totalement décalée, avec la diffusion d’un air romantique alors que Wang entre en contact involontaire avec un cadavre putréfié. C'est tout à fait dans le ton du jeu.